Cinéma : le 08 novembre en soirée, "La Môme", film d'Olivier Dahan sur TF1

Par Ananda
Il ne faut pas rater ce film.
C'est un de ces longs métrages qui vous prennent proprement à la gorge.
Après l'avoir regardé, l'on prend - si l'on ne l'avait déjà fait - pleinement conscience du "phénomène" qu'était Edith Piaf, de la présence quasiment saisissante que cette femme dégageait.
L'actrice qui l'incarne sur l'écran, Marion Cotillard, est parfaite. Edith Piaf apparait, grâce à sa prestation, telle qu'elle fut; elle revit littéralement, avec sa rage de chanter, de vivre, ses luttes contre un destin âprement contraire, ses tendresses de fille de la rue "marquée" dont le grand coeur ne supportait pas les abandons.
Misère noire, douleurs amoureuses, tortures du corps par la maladie...rien n'aura été épargné à cette enfant de Belleville (où j'ai le privilège d'habiter et où, qui sait, son âme rôde encore) dont l'étonnante force de caractère faisait penser à un défi.
C'est ce mélange d'extraordinaire énergie et d'extrême fragilité qui nous touche, nous fascine, et nous attache au personnage.
Le look intraitablement austère (la fameuse robe toute noire), le visage bouleversant, le petit corps souffreteux, menu...et puis, la VOIX !
Une voix quasi surnaturelle, magique, vibrante, puissante, grondante,  âpre, en tous les cas stupéfiante qui toujours, nous empoigne, nous transporte en son ombre ainsi qu'en sa lumière. Comment résister à cela ?
Qu'aurait-on fait d'une Edith Piaf de nos jours ? Aurait-elle pu faire carrière ?
Sans être passéiste, j'imagine qu'on aurait tenté de la "relooker" façon "sexy" et de la rendre insipide au possible.
Sans être passéiste, je salue cette vraie chanteuse, cette chanteuse habitée, informatable, qui avait le pouvoir de chanter l'amour avec un masque de tragédie grecque. L'amour ? C'était sa raison d'être.
Elle se donnait, corps, âme et voix. Le don d'elle-même la consumait, c'était une réalité frappante.
On ne pouvait pas ne pas être atteint, voire bousculé par son étrange charisme.
Excessive en tout, Piaf avait, sans doute, tout  pour devenir ce qu'aujourd'hui, nous appellerions une "icône". A sa manière, elle est un monument de la culture française.
Voilà ce qu'à la lumière de ce très beau film, nous réalisons. Film de 2007 qui, rapellons-le, compte à son actif deux Oscars, sans compter l'Oscar de la meilleure actrice dévolu à sa principale interprète.
Interpréter la grande Piaf, c'était aussi une sorte de défi, et cela n'a pas dû être facile.
Notons, auprès de Marion Cotillard, la présence d'un Depardieu très convaincant (mais ça n'étonnera personne) dans le rôle de Leplée, le tout premier mentor du futur monstre sacré.
Une soirée très agréable...

P.Laranco.