J’ai eu la chance d’assister hier à une conférence sur ce sujet à la Maison de l’Europe de Paris organisée par notre amie l’excellente Catherine Véglio-Boileau. Voici pour nos lecteurs ce que j’en ai retenu.
Commençons par rappeler les enjeux du Sommet de Copenhague : il s’agit de cheminer vers un accord international pour la lutte contre le changement climatique puisque l’accord précédent, le fameux Protocole de Kyoto, arrive à échéance en 2012. Souvenons nous que ce premier accord n’était qu’un commencement : il fixait des objectifs de diminution des émissions de gaz à effet de serre modestes (-5% entre 1990 et 2012), qui ne concernaient que les pays industrialisés – moins les Etats Unis qui n’ont jamais ratifié cet accord ! Seule l’UE a tenu ses engagements (-8% sur la période).
L’urgence du problème soulignée par les rapports scientifiques successifs du GIEC nécessite un changement de braquet immédiat. Et pourtant comme l’a souligné un orateur de la conférence, déjà la sémantique adoptée traduit une grande timidité. Si le Protocole de Kyoto était relatif à la « lutte contre le changement climatique », les parties prenantes à la négociation cherchent un accord visant « l’atténuation du changement climatique ». Deux points cruciaux particuliers sont au cœur des négociations : d’une part le nouvel objectif de réduction des émissions que se fixeront les pays industrialisés – USA compris cette fois normalement, d’autre part les aides financières pour les pays en développement.
Sur le premier point, il y a consensus pour dire qu’une réduction à horizon 2020 de 30 à 40% des émissions des pays industrialisés par rapport à 1990 est un objectif cohérent avec la volonté de limiter le réchauffement climatique à 2°C en 2050. Pour l’instant seule l’UE avec le Paquet Climat adopté fin 2008 sous présidence française a donné des signes tangibles pour aller dans cette direction. On mesure mieux maintenant la difficulté qu’il y avait à obtenir cette position d’ensemble tant les négociations internes continuent à être difficiles entre ex Pays de l’Est et les autres pour se répartir l’effort relatif à cet objectif. Comme d’habitude d’ailleurs dans ce type de négociations, d’autant plus d’ailleurs dans cette période de transition institutionnelle pour l’UE, celle-ci a bien du mal à parler d’une même voix sur la scène internationale. Sur ce premier sujet de négociation la position des USA sera cruciale, et celle-ci sera nécessairement déterminée en fonction de ce que la Chine et l’Inde accepteront de faire.
La question des aides financières nécessaires pour aider les pays les moins développés à s’adapter au changement climatique est sans doute encore plus délicate. Les estimations qui circulent font état d’un besoin d’environ 100 milliards de $. Comme l’a dit un des participants à la conférence, on peut comprendre la colère de ces pays à qui pour l’instant on répond « on ne peut pas on a déjà tout donné aux banques ». Sur ce point précis l’UE ne joue pas son rôle de sherpa dans la négociation car il n’y a pas d’accord entre les pays sur ce plan.
A ce point il apparaît assez clairement qu’il n’y aura pas d’accord détaillé à Copenhague et c’est sans doute mieux ainsi car mieux vaut pas d’accord qu’un mauvais accord. Tout au plus aurons nous droit à une déclaration politique d’intentions. Après tout il reste deux bonnes années avant la fin de la période couverte par le protocole de Kyoto…