Je n’avais pas aperçu tout ce que signifiait un président fort pour l’Europe. Le président est le représentant des nations. Sa force peut signifier une Europe des nations (le modèle anglais). Europe fédérale, sinon. (Blair's unbalancing act.)
Ces derniers siècles ont vu s’affronter deux idées concurrentes de la construction des états. D’un côté l’Europe continentale a bâti des nations par une sorte de nettoyage ethnique, en éliminant par la force ou l’école les identités locales (Bretons, Basques…).
L’Angleterre et les USA furent moins brutaux, au moins en théorie, ils ont cherché à bâtir des nébuleuses de nations (comme dans le tournoi du même nom), un Commonwealth… Ce qui fédérait tout cela, c’était moins des valeurs fortes qu’un intérêt commun pour le commerce. C’était la « globalisation ».
En ce 11 novembre, la question suivante se pose à moi. Les nations et les particularismes reviennent au galop, la Chine, la Russie et quelques autres ne semblent voir qu’un nationalisme rigide comme unique solution à leurs antagonismes internes, la France veut redécouvrir son « identité nationale »... les mêmes causes ne vont-elles pas produire les mêmes effets ? L’idéal anglo-saxon n’est-il pas supérieur au nôtre ?
Certes, mais pratiquement il ne vaut pas mieux. La globalisation n’évite pas les conflits, l’attrait du commerce et de l’argent ne pacifie, probablement, que ceux qui ont été culturellement préparés à y succomber. D’ailleurs les Indiens d’Amérique l’ont trouvé mortellement peu inspirant.
Devons-nous inventer une troisième voie ? Une sorte de culture mondiale « light », comme le libéralisme économique anglo-saxon mais sans son obsession commerçante et matérialiste, qui oriente les cultures locales dans une même direction, et désamorce le nationalisme, et plus généralement la tendance à l’hostilité que ressent le groupe à l’endroit du reste du monde ?
Compléments :
- Nationalisme contre droits de l’homme en Chine : Chine fragile.
- D’après J.S.Mill, le modèle fédéral américain ou suisse serait plus solide que le modèle de nations anglais, parce qu’il ne reposerait pas sur les nations (états), mais directement sur l’individu. Faut-il un fédéralisme mondial ? En tout cas, s’il arrivait à fonctionner en Russie ou en Chine, il éviterait bien des tensions et la nécessité d’hommes forts et dangereux à leur tête.