Casque d'or noir

Lorsque Marc Lièvremont a annoncé, il y a quelques semaines, la désignation de Thierry Dusautoir comme nouveau capitaine du XV de France, celle-ci fut accueillie comme une évidence par de nombreux observateurs de la chose ovale.

Non pas que Lionel Nallet, le précédent titulaire de la charge, ait démérité. Mais la montée en puissance du flanker tricolore, son exemplaire réussite en Nouvelle-Zélande en juin dernier et, tout simplement, les qualités humaines du bonhomme en faisait un candidat assez évident à la fonction.

Certes, le joueur Toulousain n'a pas vraiment le bagoût d'un Philippe Saint-André ou d'un Jacques Fouroux, emblématiques capitaines de formations tricolores. C'est ailleurs, s'il fallait faire une comparaison, qu'on trouverait celui qui incarnerait en quelque sorte le modèle, le moule dont paraît sorti Thierry Dusautoir.

Comment ne pas penser à Jean-Pierre Rives ?

Les similitudes sont assez remarquables. Les deux hommes occupent le même poste de troisième ligne-aile, même si Thierry Dusautoir est plutôt fixé sur le côté ouvert. Tout deux sont licenciés du Stade Toulousain au moment de leur désignation comme capitaine. Et s'il était encore sous le maillot Biarrot lorsqu'il fut appelé pour la première fois en équipe de France, ce n'est qu'une fois solidement installé dans le pack Haut-et-Garonnais que l'actuel capitaine tricolore connaîtra son épanouissement en bleu.

Même leur style les rapproche : terribles plaqueurs, toujours à la pointe du combat, l'un comme l'autre sont des modèles de défenseurs. Et leur apport au jeu d'attaque, moins voyant, est pourtant bien réel.

Et que dire de cette extraordinaire coïncidence : à trente ans d'intervalle, le capitaine aux cheveux blond et celui aux cheveux de jais ont obtenu, en qualité de capitaine de leur équipe, un succès sur les terres des mythiques All Blacks. Le premier en juillet 1979, le second en juin 2009. Et même si Casque d'or restera comme celui qui ouvrit le maigre compteur de nos succès sur l'ile du long nuage blanc, le parallèle est trop beau pour être fortuit. Il forme un lien entre les deux hommes : celle du sens du combat, du sacrifice pour son coéquipier, au service d'une ambition sportive que les années n'ont pas modifiée. Celle de l'excellence et du refus de la défaite.

Malgré leur aversion pour l'échec, ils ont chacun un adversaire qu'il n'ont pas réussi à vaincre. L'Afrique du Sud pour Jean-Pierre Rives, défait lors de l'unique test-match qu'il disputa contre elle en 1980 ; l'Australie pour Thierry Dusautoir, à deux reprises.

Enfin, on souhaite à Thierry Dusautoir, casque d'or noir, de connaître le bonheur d'une consécration mondiale lors de la prochaine Coupe du monde, une épreuve arrivée trois ans après la retraite internationale de Jean-Pierre Rive.