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Ondine (Seamus Heaney)

Par Arbrealettres

ondine

Il taillada les ronces, ramassa la vase grise
Afin de me donner droit de passage dans mes propres drains
Et je me mis à courir pour lui, vive, lavée de ma rouille.
Il fit halte, me vit enfin dévêtue,
Eau claire, insoucieuse en apparence.
Puis il marcha à mes côtés. Là où les fossés se croisent
Près de la rivière, je clapotai et bouillonnai
Jusqu’à ce qu’il enfonce une pelle loin dans mon flanc
Et m’étreigne. J’avalais sa tranchée
Avec gratitude, me répandant par amour
Dans ses racines, remontant dans ses graines cuivrées –
Mais dès qu’il vit la force de mon accueil, moi seule
Pouvais le grandir et lui être miroir subtil.
Il m’explosa si complètement que mon corps perdit
Sa liberté froide. Humaine, touchée par lui.

(Seamus Heaney)


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