Il y a la musique du soleil qui fait danser
les ombres
le sel
qui boit du vin
la vie à livre ouvert
qu’on lit
dans les abeilles
le miel
d’un côté
de l’autre
le venin
Il y a des cris d’amour qui s’ élèvent
le désir dans ses mains qu’on retient
comme un dernier frisson d’antennes
dans les reins le plaisir le plaisir
le plaisir
comme un battement d’ailes
Il y a les paroles échangées
les mots
soufflés dans l’air
tout ce qu’on respire et qui a été dit
nos serments
gravés hier sur des chimères
qui aujourd’hui retombent en pluie
en grêle
d’hiver
qui nous assomme
de confetti
Il y a de la joie soudain qui éclate comme du verre
l’autre qu’on fait chanter
d’un doigt mouillé
comme le cristal
l’autre qu’on fait chanter
et la nuit qui juponne
la nuit qui descend
la nuit qui fait mal
la nuit qui vous éperonne comme une envie
d’aller au bal
Et puis il y a nous
nous
tout en bas
qui poussons parmi les hommes
nous qui poussons
poussons dans la nuit vers la forme
comme des essences
nous qui fleurissons moins pour l’apparence
que pour le parfum
nous qui passons
dans les branches…
(Philippe Garnier)