Il y a un moment
où l’on relit ce qu’on a écrit
depuis un an et plus encore
qu’on a classé dans un cahier
ou sur des feuilles à la machine
et l’on voir en fin de compte
que les mots sont toujours là
quand bien même ce qu’ils disent
a changé
que ce qui reste au fond
c’est à la fois ce que c’était
et à la fois ce qui n’est plus
un peu comme quand on revient
sur un lieu qu’on voyait
grand immense
étant enfant
qui paraît maintenant
rétréci dérisoire
mais qu’on aime malgré tout
peut-être à cause du décalage
aussi la même douceur
qu’on mettait dans ses gestes
à prendre une main à la lâcher
derrière soi sur un sentier
bordé de mûres qui tachent
et qu’on retrouve dans des poèmes
qui parlent d’autre chose
(François de Cornière)