Cette semaine, pour la communauté de Véro, le thème choisi par Debam est :
L'enfant
Ce thème me fait penser à la musique d'un film sorti il y a deux ans et qui m'avait beaucoup touchée : le
premier cri, de Gilles de Maistre. L'album entier de la musique du film est superbe, mais son titre phare est la chanson interprétée par Sinead O'Connor : "A new born child", qui est donc mon
choix cette semaine :
Dans un intervalle de 48 heures sur la Terre, le destin de plusieurs femmes aux quatre coins du monde se rejoint dans un moment unique et universel : la mise au monde d'un enfant.
Au Mexique, Pilar, 32 ans, est enceinte de son premier enfant et veut un accouchement humanisé. Elle accouche dans l'eau avec des dauphins, dont on sait qu'ils communiquent avec les foetus. Pilar est accompagnée par une sage-femme, Adriana. Grâce à l'accueil du delphinarium et à l'implication de Fernando, l'entraîneur des dauphins, Adriana a pu entamer avec la future mère une préparation à l'accouchement au milieu des dauphins.
En France, pour Sandy, danseuse de 28 ans, la naissance rime avec la danse. Son ventre rond virevolte en musique, mis en valeur par les spots bariolés du cabaret. Le gracieux mouvement de son corps est si naturel qu'il semble être fait pour ça depuis toujours. Danser enceinte aura été pour elle une aventure extraordinaire. Accouchant à l'hôpital de Poissy, Sandy ne recherche pas un accouchement différent que le classique accouchement médicalisé, mais elle a demandé à la sage-femme de pouvoir garder le plus longtemps possible son bébé sur sa peau.
Au Niger, dans le désert du Kogo, Mané est une femme touareg de 25 ans. On pourrait croire qu'elle dort s'il n'y avait cette crispation cadencée de ses pieds nus qui dépassent de son vêtement. Dans la pudeur et le tabou, Mané vient de commencer son accouchement, à même le sable du désert. Les femmes s'éloignent de la tente pour lui préparer un abri.
Aux Etats-Unis, Vanessa, 32 ans, a choisi un accouchement sans assistance médicale, décidée à s'approprier la naissance de son enfant. Dans l'absolu, elle voudrait que son enfant soit un «bébé lotus» : ne pas couper le cordon ombilical, le garder relié plusieurs jours jusqu'à ce qu'il tombe de lui-même. C'est à la nature que Vanessa s'en remet pour accueillir son enfant.
En Tanzanie, Kokoya est une femme Massaï d'environ 40 ans. Elle est enceinte de son septième enfant. L'accouchement reste l'évènement de tous les dangers, Kokoya le sait ; la naissance de jumeaux avait failli lui coûter la vie. Nasieku est l'accoucheuse du village, et compte plus de 3000 naissances à son actif en 40 ou 50 ans de pratique. C'est elle qui va assister Kokoya pour son accouchement.
En Inde, à Vanarasi, Sunita, 35 ans, fait partie de la caste des Dalit (les intouchables). Elle attend son quatrième enfant, mais la pauvreté n'autorise pas le repos. N'ayant pas les moyens d'accoucher à l'hôpital, Sunita s'allongera dans sa tente aux premières contractions du travail et enverra Puja, son aînée, chercher la sage-femme qui habite à quelques rues de là.
En Sibérie, dans la péninsule du Taïmyr, Elizabeth, 21 ans, est une femme Dolgan, dernière tribu nomade du cercle polaire.Elle est enceinte de son premier enfant. Un vol sanitaire est prévu pour l'emmener à l'hôpital de Khatanga, la seule ville de la région. Du fait des réticences des autorités russes, il n'y a plus de Dolgan pour accoucher dans la toundra comme sa grand-mère. Le coeur gros par la séparation avec les siens, Elizabeth est arrivée dans la ville par -50° ; sitôt après avoir accouché, par les mêmes températures, elle retournera dans sa famille, dans la taïga gelée, avec son bébé dans les bras.
Au Viet Nam, à Ho Chi Min ville, le Tu Du Hospital est la plus grande maternité du monde, avec 120 naissances par jour. La naissance y est déshumanisée. En 2005, sur 45 000 naissances, 28 000 ont été pratiquées avec forceps, ventouses et césariennes. Dans cet endroit, pas de place pour le sentimentalisme. Aller vite est une règle. En salle de pré accouchement, dix ou vingt femmes attendent, vautrées sur des lits recouverts de plastique ou assises sur des chaises en rang. Personne ne gémit. Le bruit qu'on entend le plus n'est pas les cris de bébés, mais les marteaux piqueurs, au dehors.
Au Brésil, dans la forêt amazonienne, Majtonré est une indienne Kayapo de 21 ans. Elle va donner la vie pour la troisième fois dans sa maison. Debout, accrochée à une branche fixée pour l'occasion dans sa maison, ou allongée sur la paillasse. A ses côtés, les deux parteiras (sages-femmes traditionnelles) âgées prendront les choses en mains. Si Majtonré souffre trop lors de l'accouchement, les parteiras feront appel au chaman du village.
Enfin, au Japon, Yukiko, 31 ans, franchit la porte d'une maison traditionnelle japonaise sur laquelle on peut lire «Osan no ie», maison de naissance. Yukiko connaît bien les lieux : elle-même y est née et y a déjà accouché de sa première fille, âgée de 3 ans et qui assistera à la naissance de son petit frère ou de sa petite soeur. Dans cette maison de naissance, Yukiko accouchera en présence du docteur Yoshimura, ayant contribué à 20 000 naissances. Il prône l'accouchement naturel ; pour lui, l'accouchement est comme le lever du soleil : quand le soleil apparaît à l'horizon, on ne le tire pas aux forceps ou on ne le retient pas parce que c'est trop tôt !
Contraste des terres, contraste des peuples, contraste des cultures mais finalement, à travers la naissance, il n'y a qu'une seule humanité. Ce film, c'est une histoire vraie, celle du
premier cri de la vie, une histoire que nous avons tous vécue, quelle que soit notre origine ; elle est le point commun qui nous relie à tous les autres peuples et nous fait relativiser
le mot "différence".
Pour savoir tous les thèmes qui ont été abordés, et par qui, rendez-vous au tableau récapitulatif de Jacques, qui a toujours de bonnes idées.