Oui c'est un album mauvais. Très mauvais même parfois. Et je n'ai que deux raisons pour ne pas lui coller une très mauvaise note.
La première, c'est que Dylan, faut pas lui en vouloir. L'âge d'or de sa période country achevé ("Nashville Skyline", "New Morning"), il savait pas trop quoi foutre. "Self Portrait" fut un échec commercial et critique, malgré quelques morceaux très plaisants, sa maison de disque se fout complétement de sa gueule et lui, il n'a pas d'autre choix que de pisser à la gueule de son public. Avec ce ramassis d'immondices retrouvés dans la poubelle du studio. Avec cette pochette immonde, cette voix de crooner qu'on a connu moins mielleuse et insupportable, ses choeurs qui sonnent plus faux que jamais. Une succession de reprises mal foutues qu'on aurait aimé ne jamais entendre sortir de la gorge amer du Zim. Bref, un beau gâchis. Mais quand on joue le jeu et qu'on a un petit coup dans le nez, "Can't Help Falling in Love" ou "Spanish is the Love Tongue" sont pas si dégueulasses que ça, voire plutôt divertissantes. M'enfin, 1973, c'est pas son année, et ce n'est qu'en jouant les cow-boys chez Peckinpah que le musicien s'en sortira avec les honneurs.
Moi, je retiendrai quand même "Lily Of the West", la seconde raison de réecouter cet album maudit dès le départ. Un air far-west, des paroles couillonnes mais dans le bon sens du terme, entendre : ravissante chanson d'amour country. Et la voix tient la route, le rythme est entraînant. Je l'adore cette chanson.
"Dylan" méritait, selon moi, ces précisions. Sinon, n'hésitez pas à jeter tout le reste, et évitez cet album comme la peste. Retracez la longue et inégale discographie de Dylan, c'est faire le tri et ne pas tomber dans les clichés. C'est pourquoi je ne condamne pas entièrement cette album, et que je le glorifie avec innocence, au moins le temps d'une chanson...
À suivre, la réhabilitation de "Selfportrait" puis un essai pour prouver, encore une fois, que "Highway 61 Revisited", "Blonde On Blonde" et "Blood on the Tracks" sont des chefs-d'oeuvres, les plus grands albums jamais publiés.
Et oui.