Le vendeur. Il te fait palper le tissu, il t’en drape le corps, t’embrasse, te subjugue dans un éblouissement de paroles, tu fais une affaire d’or, tu es même honteux d’être si privilégié, tu payes en vitesse avant que le vendeur ne change d’idée, tu t’enfuis heureux comme un voleur, pour découvrir qu’au magasin d’en face on liquide le même tissu à des prix dérisoires.
Maintenant, observe ce vendeur quand il achète à son tour; il se referme, grimace, fait mine de s’en aller, il n’a besoin de rien, le tissu est déplorable, la qualité y est absente, il ose même demander si vous êtes sérieux de vendre pareilles nippes. Dix minutes après, il sort avec un énorme ballot de linge qu’il revendra à deux cents pour cent.
Les prestidigitateurs ne sont pas tous au music-hall.
Le pauvre et le riche. Il est pauvre celui qui crie : « Un tel a volé mon idée, ou mon manteau, ou ma bourse. » Le riche, lui, ne dit rien. Il est assez riche pour se faire voler.
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