Le groupe américain OneRepublic s'apprête à sortir son second album, Waking Up. Un album qui fera suite au succès commercial relatif (compte tenu de l'énorme succès d'Apologize, bien aidé par un Timbaland au moins autant inspiré qu'il était en forme), mais au succès critique unanime chez ceux qui l'ont écouté. Waking up est lancé par deux singles simultanés : All the right moves, single mondial, et Secrets actuellement exploité (avec un énorme succès) en Allemagne.
Je suis sûr que ça vous est déjà arrivé : vous vous préparez à écouter un album, parce que vous avez beaucoup apprécié le précédent opus du même artiste et les premiers singles extraits, pourtant quelque chose vous en empêche. La peur d'être déçu peut être, l'envie de prolonger un peu la durée de vie du précédent, aussi, une lassitude inconsciente engendrée par l'omniprésence de Ryan Tedder dans les charts dernièrement, c'est probable. Une ou plusieurs de ces conditions était (étaient) réunie(s) dans mon cas, pour ce nouvel opus. J'ai adoré Dreaming out loud, avec quelques réserves pour certains titres qui relevaient plus du remplissage que de la chanson que vous avez envie d'écouter encore et encore. Alors je zappais, mais cela ne diminuait pas mon affection pour cet opus qui était porté par des titres tels que Mercy, Apologize, Stop & Stare et surtout Say (All I need). Et puis bon, les nécessités rédactionnelles de ce site étant ce qu'elles sont, je ne pouvais me résoudre à attendre encore et encore avant de l'écouter. Je me suis donc lancé. Bref, venons-en aux faits, me direz-vous.
L'album s'ouvre avec Made for you. Un rythme saccadé et une mélodie assez différente de ce qu'a pu proposé le groupe jusqu'à présent, une ambiance assez oppressante sont les principales caractéristiques d'un titre qui, dès le départ, nous l'annonce : l'album comporte toujours la patte Ryan Tedder, mais attention, avec une vraie évolution. Le même, en différent, comme dirait une pub pour une automobile bien connue. Petite surprise d'ailleurs, dans le refrain, le titre parvient à être assez entraînant, là où les précédents singles du groupe en ont enchanté beaucoup d'entre nous, mais parce qu'ils nous entraînaient dans leur mélancolie. Et ce n'était pas très très gai parfois, avouons-le. Merveilleuse façon d'ouvrir cette nouvelle ère, Made for you laisse ensuite sa place au single que nous connaissons : All the right moves. D'ailleurs, Made for you s'achève sur les paroles de All the right moves, d'abord, puis avec une version "One Republic et les 100 Choristes chantent All the right moves". Et c'est surprenant, oui, mais agréable, aussi. Je l'ai déjà dit, le titre a des petits airs de Ben's Brother (qui n'ont rien inventé, certes, mais ont un esprit propre tout de même), surtout dans les premières notes. All the right moves semble taillé pour être un tube, et ce n'est malheureusement pas le cas pour le moment, dans leur marché principal, les USA. On s'en fout, on ne s'en lasse pas. Rythme prenant, production léchée, rien à dire, nous déplorons son échec commercial - pour le moment, puisque l'on caresse l'espoir de voir, soudainement, le titre s'envoler au sommet des charts. Ce ne serait pas la première fois que l'on verrait ça, et ce serait particulièrement mérité. Après All the right moves, arrive une mélodie, un violon qui attire - comme dans 95% des cas avec cet instrument - mon attention, et me fait déjà quelque peu baver. Secrets est là. Et c'est là un titre adorable, meilleur, à mon sens, que All the right moves, car, gardant un côté OneRepublic très fort, Secrets se distingue plutôt bien des précédentes productions du groupe. Mention spéciale aux passage mettant le violon en avant, vous l'avez compris. Une petite perle, un petit bonheur, un tube européen à n'en pas douter. Secrets sera d'ailleurs, comme nous l'avons déjà dit, le second extrait mondial de l'album (en dehors de l'Allemagne qui bénéficiera de All the right moves, logique). 4ème piste, et déjà la troisième chanson que nous connaissons : Everybody loves me. Le titre m'avait assez plu, lors de sa commercialisation sur iTunes, mais sans atteindre, toutefois, le niveau des deux premiers singles connus. Force est de constater, après quelques jours de réflexion, que Everybody loves me, qui adopte également un rythme très saccadé, mais le marie avec des sonorités assez country est particulièrement sympathique. Ça ne casse toujours pas cinq pattes à Lassie, mais ça ne méritera pas d'apparaître dans nos "On zappe". C'est toujours ça de pris. A noter qu'avec ses 3'34, Everybody loves me est le titre le plus court de l'album. Et ce n'est pas plus mal, le mieux étant l'ennemi du bien, et puisque je peux déjà prévoir que ce sera le titre qui me lassera en premier, surtout.
On retrouve ensuite les titres totalement inédits, avec Good life, qui arrive sur iTunes (en guise de 4ème single buzz) en ce moment. Toujours cette patte Tedder (les percussions qui ponctuent le titre), mais on y ajoute une petite mélodie en fond qui apporte à la chanson un côté très planant. Le clip est dans ma tête. Il fait nuit. Froid. Très froid, un homme marche seul dans une rue assez inquiétante et se retrouve, à bout de force, au sommet d'une montagne, d'un glacier. Ce serait un peu kitsch, mais je ne suis de toutes façons pas Joseph Kahn ou Sophie Muller, et je fais ce que je veux, toc. Aux éléments très "Tedderiens" (le mot existe, regardez dans le dictionnaire - Littré, de préférence) s'ajoute, dans la façon de chanter très parlée de Ryan, un côté très The Script, qui nous avaient enchantés également, avec leur premier album. Les deux styles se marient très bien, vous l'aurez compris, j'adore ce titre.
Missing person 1 & 2, c'est peut être le titre qui m'intriguait le plus, dans l'album, à la lecture du tracklisting. Du point de vue de la mélodie, c'est toujours très riche, avec une scission au premier quart du titre, puis au milieu, marquées par un instrumental et des montées de voix de Ryan. Très planant, on regrettera juste l'incursion de ce petit gimmick au milieu du titre, qui charge un peu inutilement l'ensemble. Mais puisque c'est pour partir sur une autre mélodie que l'on retrouvera jusqu'à la fin de la chanson, il y a circonstances atténuantes, ai-je envie de dire.
La critique devant très longue, je vous propose une pause, durant laquelle je peux vous faire mon imitation de Beyoncé, que je maîtrise à la perfection. Ou peut être celle d'Amy Winehouse, si vous préférez ?
Aucune réaction, bon, j'ai compris, on reprend l'analyse de l'album avec All this time (ce n'est pas car les cinq premières lettres sont les mêmes que ça a quelque chose à voir avec All the right moves, ça suffit maintenant). C'est une ballade (surprenant !), comme le groupe en a déjà fait dans le premier opus. Je rapprocherais ce titre de Goodbye Apathy, mais en version plus travaillée, avec un soin très important apporté à la mélodie (et c'est ce que l'on retrouve dans l'ensemble de l'album, vous vous en rendez compte).
Ah, du violon en introduction ? Mon oreille s'agite, mes sens sont en éveil. Fear débute, le piano enchaîne, puis Ryan. On a un peu l'impression d'être en face d'un Say (All I Need) 2.0, mais dans une version moins prenante. On regrettera également le fait que le violon ne soit pas repris plus souvent tout au long du titre, et que le refrain (basé sur une répétition de Feaaaaaaar) soit d'une facilité déconcertante. Bon, sûrement. Excellent, sûrement pas.
Et après les violons et la boîte à rythme, ingrédients centraux de cet album, c'est à Monsieur l'Orgue de faire son entrée en scène. l'orgue aussi, c'est un instrument qui m'inspire. Non que je ne sois fan des grenouilles de bénitiers qui s'enflamment sur un Ave Maria endiablé retentissant à la fin d'un enterrement, mais j'ai toujours trouvé que l'orgue donnait de la puissance à n'importe quel titre, saupoudrée d'une ambiance assez sombre, presque glauque. Vous savez, comme quand le héros d'un film d'horreur pousse doucement la porte d'une maison hantée, et que le squelette surgit de nulle part en riant... et ben c'est souvent avec un orgue en fond sonore, et oui ! Waking up ne me pousse ainsi pas à revoir mon appréciation quant à cet instrument assez fascinant. L'orgue (c'en est peut être pas, mais ça s'en rapproche) ne revient pas dans le titre ensuite, mais laisse sa place à des sonorités plus rock. Allez, j'ose : par moments, ça me fait penser à du U2 (*Bono me fixe derrière ses lunettes oranges*), surtout quand le titre s'emballe. Et puis d'un coup, LE moment clé de l'album arrive. Le rythme se calme et laisse place à un morceau instrumental absolument fabuleux : du violon, un orchestre sûrement, qui conclue le titre de la plus belle des manières. Je regrette une chose : pourquoi ne pas en avoir fait un morceau à part entière (le morceau aurait commencé pour conclure Waking up, et ce serait poursuivi ensuite sur un autre piste) ? Non, en fait, je regrette deux choses : pourquoi ne pas avoir terminé l'album avec ce morceau ? Merveilleux. On en viendrait presque à trouver inutile le reste du titre (ce qui n'est absolument pas mérité, attention).
6 minutes après, le titre est fini (*tristesse*) emportant avec lui ce moment de grâce musicale. Marchin' on débarque, on a du mal à retrouver nos esprits, mais on écoute attentivement à nouveau, tant le groupe est parvenu à marquer de précieux points avec la chanson précédente (je pourrais en parler pendant des heures, je crois). Ponctué de petits "Oh oh oh oooh oooooh", la chanson gagne un côté entraînant non négligeable, et en gagne encore à l'approche des refrains, à mesure que le rythme s'accélère. Là encore, une des pièces maîtresses de l'opus. A noter, le titre se retrouvera également sur Shock Value 2, le prochain album de Timbaland. Vous comprenez donc qui se trouve à la production. Hey Mosley, sors-le. On se fout de savoir que OneRepublic te devra un deuxième tube, tant que ça amène les gens à écouter l'album, c'est du tout-bénéf'.
Et voilà, l'album s'achève sur Lullaby, titre sur lequel je n'ai pas grand chose à dire, même si je lui trouve des petits airs Coldplay non déplaisants. Mais une piste finalement assez simplette au regard de ce que le groupe est parvenu à faire dans Waking up.
Car oui, à mes yeux, Waking up fait vraiment oublier Dreaming out loud, pourtant un bon album. Fait étrange, j'aurais envie de sortir tous les titres de Waking up, et d'en faire des singles, en me disant pourtant qu'un certain nombre d'entre eux n'ont pas l'étoffe de singles. Et pourtant, l'ensemble est excellent. Comme quoi, il ne suffit pas toujours de proposer un album rempli de uptempos, de collaborations alléchantes, et ponctué de Redoooooone, pour avoir un bon opus. Quelque chose de plus honnête, moins prétentieux, peut tout aussi bien faire l'affaire. Merci Ryan, merci OneRepublic.
On garde : Tout.
On zappe : Rien.
Pardon pour cette critique, analytique une nouvelle fois, et un peu (beaucoup) longue, mais, quand on aime, on ne compte pas.