Six pieds sous terre

Publié le 10 novembre 2009 par Sébastien Michel
Ray French,
éd. Fleuve noir, 442 p.
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Ça commence par ce trait saillant de Thatcher mis en exergue : Un homme de vingt-six ans qui prend encore le bus peut considérer sa vie comme un échec... Le roman se promet d'être social et violemment revendicateur. Chose dûe donc. L'ultime façon aujourd'hui de manifester sa révolte à l'égard des puissants qui spolient et crisent à tout va : l'auto-séquestration souterraine. C'est en tous les cas le choix d'Aidan quand il apprend la délocalisation de l'usine de sa ville du pays de Galles. A six pieds sous terre, on entendra plus haut ses protestations contre des licenciements abusifs...

Les pompes funèbres lui vendant des boîtes trop chères, le militant trouve une solution plus économique : un cercueil bio qu'il enterre dans son jardin. Et voilà la plante rouge qui sème ses idées, d'abord au pub du coin. Aidan, le prolo des profondeurs réussira-t-il « là où le gouvernement, les syndicats et Taffia's Talking Shop ont échoué ?» C'est que la mise en bière du gréviste fait un tabac et vite couler dans les journaux plus d'une pinte d'encre. Installé dans son futton, le gréviste des abysses observe avec son périscope ce petit monde qui s'agite autour de sa mort sociale : combien de victimes encore au nom de la mondialisation ? Pour faire passer l'amère pilule de cette vérité qui dérange (encore une), l'auteur anglais, bien inspiré par le travail de ses compatriotes (Full Monty and co), a eu la bonne idée d'instiller une bonne dose d'humour. Jamais une once de déprime dans cette dépression sociale qui fait partout tempête. La satire sociale est piquante, suffisamment pour tenir le lecteur en haleine et lui laisser le bon goût d'avoir lu une œuvre juste.