Après s'être fait justement tapé sur les doigts par la Cour Européenne des Droits de l'Homme, le tribunal administratif de Besançon a annulé le refus d'agrément opposé à une enseignante.
Motif? Les juges du fond ont estimé que les raisons invoquées par le Conseil Général n'étaient qu'un prétexte pour refuser à une personne homosexuelle vivant en couple le droit d'adopter malgré les recommendations favorables fournies par les travailleurs sociaux.
La plupart des commentateurs se félicitent d'une telle décision, y voyant le signe du progrès.
Personnellement, si l'on estime que les éléments du dossier suffisent à démontrer le caractère discriminant de la décision, il convient de considérer qu'il s'agit là d'une décision cohérente sanctionnant une pratique hypocrite qui n'a pas lieu d'être à partir du moment où l'adoption est ouverte aux personnes célibataires.
Effectivement, si l'on considère qu'une personne seule, quel que soit son sexe, est à même de pourvoir à l'éducation d'un enfant, l'orientation sexuelle ne saurait être un critère disqualifiant sauf à sombrer dans une discrimination fort peu intelligible.
Mais ne vous méprenez pas sur ma démarche. Il ne s'agit pas pour moi d'applaudir une évolution que l'on n'a pas étudiée avec soin, loin s'en faut.
Certains ne manqueront pas au passage de me traiter de réac, peu m'importe.
Je ne suis pas contre l'adoption d'un enfant par un couple homosexuel. Non, la question n'est pas véritablement ici. Je suis tout simplement contre le fait de favoriser l'adoption d'un enfant autrement que par un couple marié.
Tant qu'il n'existe pas de réelles études sur l'impact d'une éducation par un couple homosexuel sur un enfant, nous ne saurions considérer que tout se vaut.
Je ne suis pas d'accord pour mettre sur un pied d'égalité l'adoption par un couple marié avec celle par une famille monoparentale. En écrivant ces lignes, j'avoue avoir été pris d'un doute. Je n'ai en fait pas de position totalement tranchée si ce n'est qu'il faut absolument reconnaître le couple marié comme la meilleure garantie pour une éducation équilibrée.
La question est de savoir si en ouvrant la brèche de l'adoption par un schéma différent , ce n'est pas déjà en soi une atteinte à ce schéma, une promotion d'un modèle alternatif dont on ne mesure pas réellement l'impact sur l'enfance, et plus globalement sur la société.
Au fond, je serais même prêt à penser qu'une adoption par un couple homosexuel vaut mieux que par un célibataire mais je suis de ceux qui considère que les futurs parents doivent avoir pris l'engagement du mariage l'un à l'égard de l'autre. Et ceux qui me connaissent savent que je suis contre le divorce. Le républicain que je suis reconnaît le droit de penser différemment mais mes convictions religieuses m'interdisent de le pratiquer moi-même car je crois fondamentalement en l'indissolubilité du mariage que l'on ne saurait dissocier du foyer et de la famille.
"Mais mon cher Nemo, vous êtes gonflé, vous avez deux enfants mais n'êtes pas encore marié !"
- Exactement, cher lecteur. Je n'y vois pas nécessairement une contradiction fondamentale en ce que ma compagne et moi nous marions prochainement et que nous avons pris l'un à l'égard de l'autre, comme à l'égard de Dieu un engagement similaire en fondant une famille. Le mariage sera le moment de célébrer cette union et de la frapper du sceau de la solennité. J'avoue néanmoins confesser que nous aurions préféré procéder à l'inverse. Je ne regrette toutefois pas notre choix.
La famille, le mariage, la protection de l'enfance sont des éléments fondamentaux d'une société civilisée et progressiste. Si je ne suis pas fermement contre l'adoption par un couple homosexuel, je ne suis pas de ceux qui croient aveuglément qu'il s'agit nécessairement d'un progrès de société.
Je crois que nous manquons cruellement de recul et d'informations mais pour autant, la situation actuelle n'était pas acceptable, la décision est donc bienvenue à ce titre. Je le répète, je préfère encore un couple homosexuel qui présente des garanties suffisantes de stabilité à un célibataire.
J'espère simplement qu'il ne s'agit pas d'un "moindre mal".
Mais le modèle de société auquel je crois reste celui d'un couple hétérosexuel uni par le lien du mariage. Cela n'interdit pas les choix de vie alternatifs, cela doit rester à mes yeux une exception et non la règle.