Le sacre des rois de France

Par Ckankonvaou

De nombreuses requêtes sur "Les rois de France" m'ont incitée à continuer. Aujourd'hui : le sacre.

Le lien étroit entre Dieu et le roi se manifeste par la cérémonie du sacre, cérémonie qui confère au roi un caractère divin, le rapprochant du statut des hommes d'Egllise. Le sacre ne fait pas le roi mais accroît sa légitimité d'une dimension religieuse.


Plus de mille ans de sacres
Le premier sacre fut celui de Pépin le Bref, premier roi carolingien, en 751, qui assurait ainsi une légitimité à son règne. Les Capétiens prirent l'habitude de faire sacrer leur fils aîné durant leur règne : ils étaient ainsi sûrs de leur transmettre la couronne. Mais à partir de Louis VI, en 1223, la dynastie est assez solidement établie pour que les rois soient désormais sacrés après la mort de leur prédécesseur. Charles X fut le dernier roi à se faire sacrer sous la Restauration, en 1825. Autant dire que la cérémonie fut jugée comme réactionnaire et dépassée.


Les villes du sacre
Jusqu'au XIIème siècle, le sacre pouvait avoir lieu à Saint-Denis ou à Sens, bien que l'on préférât Reims, où Clovis avait été baptisé. Par la suite, tous les rois sont sacrés à Reims, sauf Louis VI, sacré à Orléans, et Henri IV à Chartres. Les villes des sacres sont toutes d'importants centres religieux : Saint-Denis abrite une prestigieuse abbaye ; Reims, Sens, Orléans et Chartres disposent d'une cathédrale. Ce sont également des villes liées aux rois de France par leur histoire.


Une cérémonie célébrant le caractère divin de la monarchie
Le rituel du sacre fut fix entre le XIIIè et le XIVè siècle. Selon ce rituel, le roi parvient à la cathédrale de Reims en même temps que la sainte ampoule qui contient l'huile censée ne jamais s'altérer depuis que le Saint-Esprit, sous forme de colombe, l'aurait apportée lors du baptême de Clovis. Arrivé dans la cathédrale, le roi prête serment de protéger l'Eglise et le royaume. Le roi est entouré par 12 "pairs de France". Ce terme désigne les grands personnages du royaume : 6 ecclésiastiques et 6 seigneurs laïcs, symbolisant 12 preux qui accompagnaient Charlemagne. L'archevêque de Reims lui remet alors l'épée, qui lui permettra de rendre justice, et le duc de Bourgogne les éperons d'or, qui symbolisent l'appartenance du roi à la chevalerie.
L'onction : le roi enduit d'huile
Alors a lieu l'onction : l'archevêque prend avec une aiguille d'or un peu de l'huile de la sainte ampoule, ajoute le chrême (huile utilisée pour le sacre des évêques) et oint - c'est à dire, enduit - le roi sur la poitrine, le dos, les épaules, les bras et les mains, comme un religieux lorsqu'il est consacré.


La remise des attributs et la fin du sacre
On remet ensuite au monarque les attributs royaux, (tunique et manteau, anneau en signe d'union avec l'Eglise, sceptre et main de justice), puis la couronne, dont il est ceint après bénédiction, par l'archevêque. Le roi est assis sur le trône, porté par les douze pairs de France.
L'Archevêque, qui a présidé toute la cérémonie, déclare :
"Que Dieu vous affermisse sur ce trône et que Jésus Christ Notre Seigneur, roi des rois et seigneur des seigneurs, vous fasse règner avec Lui dans son royaume éternel".
Il manifeste ensuite sa soumission au roi, crie "vivat rex in oeternum" c'est à dire "vive le roi pour l'éternité", expression reprise par la foule. Puis vient la messe.


Après le sacre, la fête continue
La cérémonie est suivie d'un grand banquet, au cours duquel le roi manifeste sa générosité, et distribue nourriture et argent. La suite est moins joyeuse : il doit se livrer à ce que on appelle "le toucher des écrouelles", les écrouelles étant des abcès de la peau qui affectent les gens atteints d'adénite tuberculeuse. Le roi doit toucher ces abcès en déclarant : "Le roi te touche, Dieu te guérit". Les malades espèrent recevoir la guérison, qui manifeste ainsi la puissance divine du roi. Tous les rois sacrés doivent accomplir ce rituel : Louis XVI touche ainsi deux mille quatre cents malades.