Obama reçoit discrètement Netanyahu
Le délabrement de l'édifice de paix israélo-palestinien est encore apparu avant la rencontre: l'Autorité palestinienne a dit craindre un déchaînement de violence, M. Netanyahu a protesté de la bonne volonté israélienne et la Maison Blanche a tâché de présenter sous une lumière pas trop défavorable les discussions prévues entre M. Obama et M. Netanyahu.
Nabil Abou Roudeina, porte-parole de l'Autorité palestinienne, a mis en garde contre un nouvel embrasement «si l'Amérique continue à se montrer incapable d'assumer le rôle qu'on attend d'elle. La violence va exploser pour combler le vide causé par l'échec des efforts pour relancer le processus de paix si l'administration américaine ne fait pas rapidement pression sur le gouvernement israélien», a-t-il dit à l'AFP.
«Je dis aujourd'hui à Mahmoud Abbas, le dirigeant de l'Autorité palestinienne: saisissons l'occasion de conclure un accord historique. Commençons les discussions immédiatement», a répondu M. Netanyahu devant des organisations juives à Washington avant d'être reçu par M. Obama.
La Maison Blanche n'a prévu aucune couverture médiatique, fait exceptionnel pour une rencontre entre le président américain et un haut dirigeant étranger, a fortiori quand il s'agit du Premier ministre israélien.
M. Netanyahu a été aperçu quelques instants par la presse à son arrivée à la Maison Blanche juste avant 19h00. Pour la presse israélienne, l'invitation de dernière minute à la Maison Blanche relevait de la rebuffade. M. Obama ferait ainsi payer à M. Netanyahu l'état des efforts de paix entre Israéliens et Palestiniens et l'embarras qu'il représente pour son administration.
Toute l'énergie déployée par l'administration Obama s'est heurtée au refus de M. Netanyahu de geler complètement la colonisation, gel sans lequel les Palestiniens refusent de reprendre les tractations. L'insistance initiale de l'administration à réclamer un tel gel, puis son fléchissement devant la résistance de M. Netanyahu ont été perçus comme une sérieuse erreur de calcul.
Mais la différence de vues est apparue de manière patente dans les propos de MM. Gibbs et Netanyahu. «Aucun gouvernement israélien ne s'est montré plus disposé à réfréner les activités de colonisation», a dit M. Netanyahu. M. Gibbs, lui, a assuré que l'administration Obama continuait à réclamer un gel complet.
L'administration Obama se débat avec les retombées de propos tenus par la secrétaire d'Etat Hillary Clinton en Israël fin octobre. Elle avait provoqué la consternation chez les Palestiniens et les Arabes et renforcé l'impression d'une diplomatie américaine en plein désarroi en saluant une offre de M. Netanyahu, non pas d'arrêter complètement, mais de limiter la colonisation.
Depuis lors, la frustration palestinienne s'est exprimée encore plus bruyamment dans la décision de M. Abbas, interlocuteur des Israéliens et des Américains depuis des années, de ne pas se représenter à la tête de l'Autorité palestinienne en janvier.
Source La Presse