Vous vouliez lire La Révolte d'Atlas, traduction du best seller américain Atlas Shrugged d'Ayn Rand ? Le voici enfin, dans sa nouvelle édition de septembre 2009, traduit de l'américain par Monique di Pieirro, après plus d'un demi-siècle d'attente.
Il vous est ici accessible à la lecture, sous la forme d'un fichier Acrobat .pdf par chapitre, soit 30 chapitres, plus les pages de titre et d'introduction, ou sous la forme d'un fichier unique Acrobat .pdf d'une taille de 13.5 Mo. Il existe même une version Amazon Kindle.
Nous tenons au nom de l'association libéraux.org à souligner l'initiative et le travail titanesque réalisé par les Editions du Travailleur et par Monique di Pieirro. A cette fin, nous avons le plaisir de reproduire ici la préface de la traductrice.
Cette traduction en langue française de ATLAS SHRUGGED, oeuvre renommée pour vous LA REVOLTE D'ATLAS, est le fruit d'une initiative purement personnelle et désintéressée des Editions du Travailleur, dans le cadre de laquelle je me suis impliquée comme traductrice du texte original — ce que ceux qui sont déjà familiers de la philosophie d'Ayn Rand ne manqueront pas de trouver paradoxal. Dans le but de dissiper tout malentendu, je crois nécessaire de préciser que je ne suis qu'une professionnelle du monde de l'édition qui a dédié, durant presque une année, la quasi totalité de son temps libre à la traduction de ce texte pour la seule fin de combler une lacune qui l'agaçait. Après avoir longuement retourné dans mon esprit la question des possibles gains que pouvait me rapporter cet important et délicat travail, je suis arrivée à la conclusion que ceux-ci auraient bien pu être décevants, au regard des mois d'efforts et de recherches que réclament la traduction d'une oeuvre majeure aussi riche et aussi importante. Trois arguments autres que la légitime – mais trop hypothétique – rémunération de mon travail justifièrent cette initiative.
ATLAS SHRUGGED est le magnum opus d'Ayn Rand, fameuse écrivaine et philosophe russe naturalisée Américaine. Depuis 1957, année de la première publication de ce roman, plus de six millions de personnes l'ont acheté, et la crise économique qui affecte ce début de siècle a précipité ses ventes annuelles vers des sommets qu'il n'avait jamais atteints auparavant. Durant les années 1980, ATLAS SHRUGGED se vendait à une moyenne de 77 000 exemplaires par an, pour grimper jusqu'à 95 000 durant les années 1990, pour enfin couramment dépasser les 130 000 depuis les premières années de ce nouveau siècle, crise économique stimulant l'intérêt du lecteur, puisque c'est largement de ce genre de sujet dont ce livre parle, quoique sous la forme d'une fiction. En 2009, ATLAS SHRUGGED se sera vendu à près de 300.000 exemplaires aux Etats-Unis. En Avril 2009, il arrivait en quinzième position dans la liste des livres les plus vendus par Amazon.com, premier revendeur de livres dans le monde. Il arrive aujourd'hui en première position dans la catégorie fiction et littérature chez ce même revendeur…
Dans la sphère culturelle anglo-saxone, ATLAS SHRUGGED est considéré comme l'un des livres ayant eu le plus d'influence sur les gens du monde des affaires. Selon une étude menée conjointement, en 1991, par la prestigieuse Librairie du Congrès Américain et par Le Club du Livre du Mois, ATLAS SHRUGGED réussit la surprenante performance d'arriver en seconde place derrière rien de moins que la BIBLE, dans la liste des livres qui ont exercé le plus d'influence sur le mode de pensée des Américains.
ATLAS SHRUGGED est aussi l'un des romans les plus longs jamais écrit en langue occidentale ; le neuvième, paraît-il. La version qui servit à ma traduction compte 1.400 pages. Lorsque je connus l'émotion d'en taper le mot fin sur mon clavier d'ordinateur, le nombre “1803” était écrit en tête de la page et le compteur de mots disait “682.000” ou un tout petit peu moins ; aussi, la sérigraphie des lettres A, E, R, T, O, S, L, M, C, et N avait disparu des touches.
En dépit de son succès et de sa renommée mondiale, ATLAS SHRUGGED n'a jamais été traduit et édité en langue française, si l'on fait exception de la tentative avortée d'un petit éditeur Suisse aujourd'hui disparu, J. H. Jeheber, à Genève, qui, entre 1957 et 1958, n'imprima qu'un très petit nombre d'exemplaires limités aux seules deux premières parties de ce roman. La troisième partie de LA REVOLTE D'ATLAS ne fut donc jamais traduite en langue française jusqu'en cette année 2009—cela, ce n'est pas surprenant, c'est incompréhensible — où Les Editions du Travailleur en ont pris l'initiative. Quoiqu'il en soit, il est aujourd'hui devenu extrêmement difficile de se procurer un exemplaire de cette première version incomplète, déjà titrée à cette époque LA REVOLTE D'ATLAS. A ma connaissance, sur l'ensemble du territoire français, en cette année 2009, seules trois ou quatre bibliothèques publiques possèdent encore un exemplaire de cette traduction inachevée, dont les titres des deux premières parties, à eux seuls, laissent augurer d'une traduction quelque peu fantaisiste de surcroit.
Cet agacement de ne pouvoir me procurer et lire une oeuvre pourtant si populaire, quand résidant sur le sol d'un pays réputé pour sa passion pour la culture, m'a fait entrevoir cette opportunité rare et convoitée de devenir une pionnière dans le petit monde des traducteurs ; une rétribution qui valait bien autant que quelques improbables petits milliers d'Euros, après tout. J'augure sans difficulté que la qualité de ma traduction fera l'objet d'une attention toute particulière, ce pour deux raisons, principalement. La première est que la précédente tentative de traduction de 1958 avait, semble-t-il, été d'assez mauvaise qualité, puisque Ayn Rand l'avait refusée avant même d'attendre que la troisième partie ne fut traduite. Ce point a largement été débattu depuis, ainsi qu'en attestent certains commentaires et débats publié à ce sujet sur quelques blogs sur l'Internet. La deuxième est que l'auteur, Ayn Rand, sa pensée et tout particulièrement LA REVOLTE D'ATLAS, sont quelque peu controversés dans certains pays d'Europe, pour ne pas dire perçus avec une certaine hostilité ; et pour cause, au-delà d'une passionnante fiction, ce livre est une critique impitoyable du collectivisme. Mon expérience du milieu de l'édition me fait donc dire que quelques uns, parmis ceux qui se trouveront marris de voir publier ce livre en langue française et dans son intégralité, le critiqueront négativement et vivement sans aucun doute, en commençant bien sûr par sa traduction, aux fins de tenter d'en décourager la lecture ; ce livre est si attendu depuis si longtemps par le public français que je pense que de telles tentatives s'avérerons vaines — Ayn Rand était sans ambiguité, elle refusait toujours d'emprunter les mêmes chemins détournés qu'utilisent toujours ceux auxquels elle s'attaquait.
C'est pourquoi il m'a semblé opportun de m'expliquer et de justifier certains choix que j'ai été amenée à faire à propos de ce travail de traduction, avant que ceux-ci ne soient critiqués. Tout d'abord, je n'ai pas traduit ce livre comme d'aucun le ferait lorsque s'agissant d'un “roman de gare” appartenant à une catégorie que je qualifierais de “tout-venant”. J'étais pleinement consciente de l'ampleur et de la difficulté de la tâche qui m'attendait, et il s'est écoulé près d'une année de réflexions ponctuelles entrecoupées de lectures traitant d'Ayn Rand et de son oeuvre, avant que je décide de réellement commencer la traduction d'ATLAS SHRUGGED. Je crois pouvoir dire que je suis véritablement “entrée en immersion” dans ce récit dès la traduction de sa première page ; ce qui ne fut pas difficile, tant Ayn Rand — qui fut très influencée par le milieu du cinéma, dans lequel elle travailla — accordait un soin tout particulier aux détails des descriptions des scènes, des personnages et de leurs expressions sous toutes leurs formes. Depuis le premier jour de ce travail jusqu'au dernier, près d'une année plus tard, j'ai cessé toute autre activité professionnelle pour m'y consacrer entièrement, week-ends et jours feriés inclus, à raison d'une moyenne de onze heures de travail quotidien. Je tenais absolument à “rester dans cette histoire”, et ai rejeté tout ce qui pouvait m'en distraire. La très grande majorité de mes pauses furent dédiés à des réflections sur le déroulement de ce récit, selon le sens qu'Ayn Rand avait voulu lui donner, et aussi à la lecture de livres et d'articles — n'existant pratiquement qu'en langue anglaise pour l'instant — sur Ayn Rand et sa vie, ainsi que sur l'écriture d'ATLAS SHRUGGED bien sûr, en passant par le visionnage, parfois répété, de documentaires audiovisuels ponctués d'interviews de cet auteur, sans oublier le film tiré de son précédent roman, LA SOURCE VIVE (THE FOUNTAINHEAD), déjà connu de la plupart des français qui liront ce roman.
Cette manière de travail, et la lecture des précédentes critiques de ce roman et de plusieurs essais qui y ont été consacrés, me furent d'une aide précieuse au moment de sa traduction. Il y a dans ATLAS SHRUGGED un esprit et une atmosphère qu'il me fallait absolument comprendre, et même resentir pour les retranscrire au mieux dans une autre langue qui se trouvait être le français. Mais ce n'était pas tout, car, ainsi que cela se produit parfois—et de plus en plus fréquement depuis quelques petites années—il m'a également fallu retranscrire ce qu'Ayn Rand ne voulait que suggérer dans ATLAS SHRUGGED, ce qui devait être lu “entre les lignes” ; et cet autre aspect ne fut pas la moindre des tâches qui participèrent d'une traduction aussi fidèle que possible de l'esprit de cette oeuvre, car il est parfois si tentant de se faire plus explicite qu'un auteur ne le désire, tout comme il est si aisé d'escamoter totalement une signfication cachée ou une “histoire dans l'histoire”. C'est pourquoi je puis assurer aux lecteurs de cette traduction, qu'ils n'auront peut-être pas tous exactement la même perception de la portée que son auteur avait voulu donner cette fiction. A cet égard, il serait peut être présomptueux de me laisser aller à prétendre que j'ai absolument tout “vu” dans ATLAS SHRUGGED et tout retranscrit dans LA REVOLTE D'ATLAS — l'ambition de cette oeuvre étant si vaste et son auteur si intelligent—mais ayant découvert dans quelques études consacrées à ce roman, précédemment rédigées par quelques chercheurs en psychologie, ce que j'avais parfois manqué de remarquer, je crois être arrivée à un résultat honorable.
D'un point de vue plus technique relatant de choses telles que les idiomes, la syntaxe, les noms propres et assimilés, ainsi que la correspondance souvent délicate des synonymes de l'américain vers le français, j'ajouterais les précisions qui suivent à l'attention de ceux qui, je le sais, en sont soucieux lorsque s'agissant d'une oeuvre majeure de la littérature américaine.
A deux exceptions près — deux noms de banques — je n'ai traduit à aucun moment les noms des nombreuses entreprises fictives citées dans ce roman, et les ai donc traités comme des noms propres. Tous les noms de lieux, tels que les villes et les Etats américains ont été traduits en francais lorsqu'il y avait lieu, sachant que le public francophone est pleinement familiarisé avec les deux cas. Pour autant, j'ai fait quelques rares exceptions lorsqu'il s'agissait de certains lieux-dit, lorsqu'il me fallut, en quelques occasions, créer mes propres traductions de lieux trop rares ou imaginaires. Je précise que, a quelques rares exceptions près, tous les noms de lieux de ce roman sont existants, et lorsque les circonstances me semblaient l'imposer, j'ai pris soin d'ajouter des notes explicatives—(N. d. T.)—en bas de page.
Dans LA REVOLTE D'ATLAS, les noms d'organes administratifs et gouvernementaux, associations et autres sont très nombreux, et il en va de même, en raison du thème de cette oeuvre, pour les noms de lois, décrets administratifs et gouvernementaux imaginés par l'auteur. Il m'est très vite apparu que la bonne compréhension du sens et du propos—souvent ambigus — de cette terminologie particulière pouvait s'avérer ardue pour les lecteurs les moins familiers de la langue et de la culture américaines. C'est pourquoi j'ai pris la décision de tous les traduire en français, sans aucune exception dans ce cas précis, ce en m'efforçant de trouver des traductions s'écartant parfois délibérément de ce qu'aurait pu évoquer ou ne pas évoquer une traduction littérale, pour trouver des noms qui soit les plus proches possibles d'une terminologie propre à la culture française. Ce fut un choix qui, j'en suis consciente, risque de faire l'objet de quelques critiques. Il m'a semblé justifié par la longueur exceptionnelle de cette oeuvre, par sa complexité réclamant à son lecteur un effort intellectuel rarement rencontré lorsque s'agissant d'une fiction, et par la difficulté supplémentaire qu'entraîne la mémorisation d'un assez grand nombre de noms de personnages et de lieux.
J'ai changé pour des équivalents typiquement français les expressions familières qui étaient trop typiquement américaines pour être pleinement comprises par un lectorat francophone—tout comme un Américain ne comprendrait pas vraiment ce que veux dire “il tombe des cordes”, un Français ne comprendrait peut-être pas très bien non plus ce qu'un Américain veux dire par “il pleut des chats et des chiens”. J'ai peut-être pris plus de liberté lorsque traduisant certaines exclamations, jurons, insultes ainsi que certaines tournures de phrases et expressions particulièrement courantes ou populaires.
Sachant que ce roman fut publié pour la première fois en 1957, je me suis efforcée d'utiliser un dictionnaire français-anglais édité peu après cette date, lorsque cherchant, par exemple, les synonymes les plus proches du sens ou de l'atmosphère suggérés par l'auteur. Cependant, j'avertis le lecteur que j'ai parfois jugé nécessaire de déroger à cette dernière règle, lorsque, entre autres exemples, il m'a semblé qu'une subtilité particulière ayant justifié le choix d'un mot tout aussi particulier ne serait plus du tout perçue comme telle aujourd'hui. Dans ces derniers cas, heureusement exceptionnels, j'ai choisi un autre synonyme communiquant le même sens sous-jacent, quitte à faire le sacrifice d'un choix qui n'aurait pas existé en 1957 — un détail que quelques lecteurs bilingues remarqueront certainement.
Enfin, j'ai le regret de devoir admettre que les lecteurs trouveront peut-être quelques inévitables fautes d'orthographe, de frappe et de ponctuation, un risque particulièrement grand lorsque s'agissant d'un ouvrage aussi long que celui-ci ; je me suis chargée moi-même des quatre relectures complètes de ce livre pour correction, ce qui ne saurait garantir la perfection.
Si jamais cette traduction ne parvenait pas à satisfaire les plus exigeants d'entre vous, elle aura au moins le mérite d'être la seule à vous permettre, enfin, après 52 ans d'attente, de découvrir ce riche récit, aussi long et aussi captivant qu'un thriller tel que LE COMTE DE MONTE CRISTO, d'Alexandre Dumas, et aussi mystérieux, intriguant et intellectuellement élaboré — sinon plus, de mon point de vue — que LE PENDULE DE FOUCAULT, de Umberto Eco.
Pour autant, aucun de ces deux autres best-sellers ne ressemblent à LA REVOLTE D'ATLAS, qui est tout à la fois un parfait exemple de dystopie —dans la veine des 1984, de George Orwell, du MEILLEUR DES MONDES d'Aldous Huxley et autres FARHENHEIT 451 — mais bien plus proche de notre réalité d'aujourd'hui, et infiniment plus élaboré ; un incroyable et pourtant si réaliste thriller politique, un récit ou se glisse habilement un romantisme et une sensualité toute féminine, un cours d'économie et de sociologie magistral, une connaissance experte de la psychologie et une réflexion philosophique écrite par l'un des plus celèbres penseurs contemporains du genre.
Une dernière chose à l'adresse des lecteurs : LA REVOLTE D'ATLAS mériterait bien que l'on en parle comme d'un “roman de gare”, et pour une fois ce ne serait pas péjoratif. Ceux qui connaissent déja le cadre de ce récit me comprendront et souriront.