Ségolène Royal est-elle exposée à la dérive que Barack Obama dénonce actuellement au niveau de Fox News ? Certains parallèles ont de quoi susciter la réflexion...
En 1992, Carl Bernstein, célèbre journaliste qui contribua à faire éclater le Watergate avec Bob Woodward, avait effectué un point public dénonçant la détérioration du professionnalisme et de l'éthique des journalistes Américains.
Il s'élevait notamment contre "la vénération des célébrités, la transformation des rumeurs en nouvelles, le sensationnalisme qui est un moyen d'occulter la réalité sociale". Et d'ajouter "nous créons une culture d'idiot. Le bizarre et le vulgaire deviennent nos normes culturelles".
Depuis 1992, la situation s'est terriblement aggravée.
Fondamentalement et au-delà de Fox News, qu'est ce qui est reproché aux médias Américains ?
Tout d'abord, la confusion des styles entre la presse à scandales et le vrai journalisme s'est renforcée.
Ensuite, cette confusion repose sur des indignations sélectives qui peuvent brutalement s'abattre sur un responsable politique et ignorer un autre que chacun sait pourtant frappé des mêmes "caractéristiques".
Enfin, les journalistes "importants" monopolisent la parole pour échanger des propos convenus sur les sujets du moment.
Ces travers ont créé un establishment médiatique qui multiplie les émissions superficielles, spectaculaires ou vulgaires coupées des réalités de la vie quotidienne. En effet, les mouvements internes frappent ce milieu comme si les postes étaient interchangeables : politiques, journalistes, publicitaires.
Bernstein avait posé à cette époque la question de fond : doit-on être généreux pour ceux qu'on côtoie ou rigoureux pour ceux qu'on informe ?
Et il expliquait que son enquête avait été possible parce qu'elle avait été conduite "loin du monde enchanteur des riches, des célèbres et des puissants".
Dans ce contexte général, Fox News est devenue "le sanctuaire des néoconservateurs".
L'orientation idéologique est revendiquée. Bien davantage, la discussion dégénère en des pugilats verbaux permanents sans le moindre bleu à l'âme.
Fox News incarne désormais la caricature de ce journalisme idéologique qui ne cherche pas à éclairer sur les problèmes du moment mais à engager de vastes campagnes péremptoires contribuant à détériorer le climat politique.
Le Parti Démocrate ne parvient pas à trouver des journalistes qui puissent équilibrer de telles méthodes.
Là aussi, c'est un échec ancien. CNN avait tenté d'équilibrer le "phénomène Buchanan" par Geraldine Ferraro mais en vain car elle n'a jamais su trouver le ton graveleux qui convient.
L'équipe Obama engage donc un bras de fer pour un "autre journalisme".
La France est-elle restée à l'écart de ce phénomène ? Le traitement des candidats principaux pour 2012 est-il équitable ? Les indignations sélectives totalement arbitraires ne se mulitplient-elles pas actuellement ?
Ségolène Royal n'est-elle pas la candidate la plus exposée à ces "évolutions" ? Et si oui, pourquoi ?
Il est probable que la présidentielle 2012 permettra des redéfinitions de certaines limites éthiques dans un pays où la tradition littéraire a toujours placé le niveau culturel journalistique comme référence reconnue.
Sur la présidentielle 2012 : DdVet2012