Les salles de cinéma sont en péril: un rééquilibrage économique en leur faveur est nécessaire. Les salles ont opéré une reconquête du public au bénéfice de l’ensemble de la filière grâce à des investissements considérables, et malgré des contraintes et des charges toujours plus lourdes. La profession a montré sa bonne volonté à l’occasion du projet de loi Hadopi en acceptant de favoriser l’offre légale sur Internet – pourtant concurrente - par le biais d’une réduction d’un tiers de leur exclusivité: les films sortiront en DVD et en VOD au bout de 4 mois et non plus de 6 mois .
Les salles de cinéma souffrent des difficultés économiques structurelles aggravées par la nouvelle chronologie des médias. Le gouvernement s’était engagé à un rééquilibrage économique en faveur des salles de cinéma. Il faut que le gouvernement tienne sa promesse.
Depuis de nombreuses années, les salles de cinéma souhaitent la mise en place d’un mécanisme efficace de lutte contre le piratage des oeuvres cinématographique dont elles ont pris la mesure par leur contact permanent avec le public des films.
Les salles ont apporté tout leur soutien au processus législatif qui a abouti à l’adoption de la loi Création et Internet.
Toutefois, pour favoriser le développement de l’offre légale, le dispositif de la chronologie des médias a été profondément modifié, sans que jamais ne soient prises en compte les propositions et les demandes des salles de cinéma
A l’issue de ce processus législatif auquel s’est ralliée la FNCF au titre de l’intérêt général, les salles de cinéma sont les seuls diffuseurs qui ont vu leur fenêtre d’exclusivité se réduire. Tous les autres diffuseurs du film bénéficient d’une fenêtre
d’exclusivité soit plus précoce, soit plus longue qu’auparavant.
Les salles de cinéma en ont retiré un profond sentiment d’injustice.
Depuis 25 ans l’apparition des nouveaux diffuseurs du film (Canal +, Vidéo, DVD, Offre multichaîne, VOD) a réduit
progressivement l’espace dévolu à l’exploitation des oeuvres en salle : 1 an, 9 mois, puis 6 et désormais de 3 ou 4 mois. Cette réduction de la fenêtre d’exclusivité s’est doublée d’un renchérissement du coût de location des films. L’exclusivité accordée aux salles est donc de plus en plus courte, pour un taux de location de plus en plus élevé, contrairement à toute règle économique.
Au prix d’un très fort endettement, d’une amélioration de la qualité des salles et d’une politique tarifaire dynamique, le secteur de l’exploitation a permis à la fréquentation d’augmenter à nouveau à partir de 1992. Le rôle de la salle comme animateur de la vie de la cité et comme créateur de valeur pour l’ensemble de la filière a ainsi été maintenu et développé.
Aujourd’hui, alors que la nouvelle réduction de l’exclusivité des salles porte atteinte à une situation déjà très fragilisée, des mesures de rééquilibrage économique et commercial sont indispensables. La quasi stabilité de la fréquentation en 2009 masque ainsi de très importants problèmes économiques pour toutes les salles soit en terme d’exploitation, soit en terme d’amortissement.
Le réseau des salles de cinéma : un atout majeur pour le cinéma français.
- Un réseau inégalé en Europe: le parc de salles français est le premier d’Europe et le quatrième au monde - Le réseau de salles est le premier contributeur à la création cinématographique en recettes et collecte la part la plus importante du fond de soutien pour toute la filière.
- Les salles de cinéma offrent au film français une part de marché du double de celle de la vidéo
- Les exploitants ont investi près de 2 milliards d’euros en 20 ans (près de 2300 salles nouvelles ou profondément
rénovées, 164 multiplexes...). Le nombre de salariés du secteur a augmenté corrélativement pour atteindre désormais près
de 13 000 salariés. Cette impulsion essentielle donnée par les salles a été le facteur déclenchant de la relance de la
fréquentation à partir de 1992.
- Avec plus de 188 millions d’entrées en 2008, la fréquentation nationale est au niveau de 1984, année de naissance de
Canal +. Cette croissance des entrées, qui est corrélée étroitement à celle du nombre de salles actives, a profité en
premier lieu aux films français dont les entrées ont plus que doublé depuis 1992 (+112%), contre une augmentation de
23% pour les films américains et 62% pour le nombre total d’entrées.
Les investissements des salles de cinéma sont donc l’une des causes principales de la remontée de la fréquentation, au bénéfice principal des films français.