«La pluie tombe comme nous tombons amoureux : en déjouant les prévisions.» Martin Page, De la pluie.
L’amour est tombé sur Martin : Marie est entrée dans sa vie. Sa beauté étrange « se détache de l’environnement comme une goutte de sang glisse d’une blessure ». Flux fragile, blessant, émergence du sentiment amoureux… L’univers de Martin s’en trouve illuminé : son quotidien auprès d’un père excentrique et décalé du monde, cette vie où rien ne se construit, à l’image du terrain vague où il se réunit avec sa bande de copains, Les Inadaptés. Après la déclaration de Marie, Martin connaît l’instant de la réalité palpable de l’émotion, la panique des sens… Pétrifié, il n’ose pas un baiser. Après 60 minutes, Marie l’inconstante, se rétracte et parle d’amitié. L’amour ne s’explique pas. Comme ce livre de la Renaissance italienne, déniché dans la bibliothèque paternelle, dont on a péniblement déchiffré le titre et dont le contenu, faute de connaissances, reste énigmatique. Mais que l’on peut apprendre patiemment à déchiffrer.
Un roman de formation, destiné aux collégiens, où l’on retrouve la « patte » adulte de Martin Page (Comment je suis devenu stupide ; Une parfaite journée parfaite) : humour, dérision, univers poétique et décalé. Une belle écriture tout en finesse pour cette histoire de non-amour (et de vraie amitié) qui amène le héros à la conclusion que « l’amitié pour naître a besoin de circonstances exceptionnelles et de danger ».
Traité sur les miroirs pour faire apparaître les dragons / Martin Page / Ecole des loisirs (Médium)