par Lea Raso della Volta
Ses comédies sentimentales, l’ont rendu populaire, mais si Claude Pinoteau excelle dans ce genre, il n’en demeure pas moins un maître incontesté du film policier ou d’espionnage ; car dans la réalité le réalisateur a moins adopté la comédie pure que le genre policier. Le 18 et 19 novembre prochain, l’association Cannes-Cinéma invite l’artiste dont les plus grands films seront projetés ; à cette occasion le réalisateur dédicacera son ouvrage : Merci la vie.
C'est à Claude Pinoteau que Sophie Marceau doit ses débuts en 1981 dans "La Boum", suivie l'année suivante de "La Boum 2", puis en 1988 de "L'étudiante". Cette trilogie qui dépeint les tourments de l'adolescence, demeurera, c'est sûr dans la mémoire de bien des générations.
A partir de scenarii tout en finesse écrits par Danielle Thompson, Pinoteau donne une véritable épaisseur aux situations, y compris les plus tendues, qu'il rend plus légères, sans jamais verser dans la futilité ; comme dans les deux premiers films, où le couple de parents formé par Brigitte Fossey et Claude Brasseur, frôle la rupture, pour avoir succombé à la tentation de l'adultère.
Mais c'est évidemment la presque nonagénaire Denise Grey qui remporte tous les suffrages dans cette complicité entretenue avec Sophie Marceau, sa petite-fille dans La Boum.
Et puis, il y a la scène quasi mythique, du slow berçant l’amour naissant de Vic et Mathieu. Le film sortit le 17 décembre 1980 et Claude Pinoteau son réalisateur n’avait sans doute pas conscience en tournant son film qu’il allait mettre en émoi toute une génération....
Un Pinoteau peut en cacher… deux autres
Claude Pinoteau est tombé dans la marmite du cinéma un 25 mai 1925 en s’offrant le luxe de naître à proximité immédiate du célèbre studio de Boulogne-sur-Seine. Entre un père régisseur Lucien Pinoteau, qui a débuté comme groom chez Pathé en 1901 et son frère Jacques, réalisateur à qui l’on doit Le triporteur, Claude avait une voie toute tracée dans le 7 ème Art.
Il va pourtant devoir gravir un à un les échelons qui mènent à la création cinématographique, en travaillant comme assistant réalisateur pour quelques grands cinéastes comme Jean Cocteau, Max Ophüls, Jean-Pierre Melville, Philippe de Broca, Henri Verneuil ; des étapes franchies à la force du poignet, ce qui ne l’empêchera pas d’être snobé par les Cahiers du cinéma qui l’assimilent à l’un de ces artisans de génie qui occupaient les studios français.
En 1960, il signe son premier documentaire Manureva et douze ans plus tard son premier grand film : le silencieux, un excellent film d'espionnage inspiré du roman de Francis Rick. Pinoteau offre à son ami Lino Ventura l'un de ces rôles de taciturnes qu'il adore. On les retrouve ensemble dans deux autres films d'action : "L'Homme en colère" et "La Septième cible".
Les rapports père-fille qui n’ont jamais été vraiment explorés au cinéma lui donnent l’occasion de mettre en scène une fois encore son ami Lino Ventura dans ce rôle presque à contre-emploi. Il y incarne un professeur d'histoire-géographie, dont la fille, Isabelle Adjani prétend quitter le foyer familial. Ce sera "La gifle" un film qui préfigure la Boum, où Lino Ventura excelle dans le rôle de l'enseignant sachant séduire avec tendresse, quand il le faut.
Avec La Neige et le feu (1990), Claude Pinoteau se souvient de ses jeunes années pour filmer le parcours d'hommes et de femmes durant la guerre. En 1993, le réalisateur livre une sorte de conte de fées moderne dans Cache cash avant de s'intéresser aux Palmes de M. Schutz (1996), avec Isabelle Huppert et Charles Berling.
"Merci la vie" n’est pas le titre d’un dernier film, mais de son livre édité il y a quatre ans… Après une vie consacrée au cinéma ; ce livre parle de cette passion pour cet art qu'il honore de son talent.
Pendant deux jours, l’association Cannes-Cinéma rendra hommage à Claude Pinoteau, à travers la programmation de quatre de ses plus célèbres films, La Boum , La Gifle, Le Silencieux et La 7ème Cible. Le réalisateur qui sera présent à la médiathèque de Cannes partagera avec le public son « amour de la vie » ; un amour qui se confond avec celui du 7ème Art.
Œuvres de Claude Pinoteau: