J'ai toujours eu des difficultés à préparer les séances de correction pour qu'elles soient constructives. Etant donné que, depuis le retour des vacances, les résultats des évaluations s'enchaînent, je vous ai préparé un billet sur ce que je vois en classe durant ces séances.
Pour cela, je me suis inspiré d'un article sur les 7 causes de l'échec.
Je vais l'adapter avec un peu d'humour aux élèves qui ont à réaliser un devoir de type Bac
Comment échouer en Sciences Economiques et Sociales ?
1. les perfectionnistes : J'en connais qui pense encore que, s'il oublie un seul aspect du sujet (en général, un détail), leur devoir ne sera pas terrible (c'est l'hécatombe)...
Pour eux, tout ce qui n'est pas parfait est considéré comme un échec.
Ils sont à la recherche de longs développements, des théories savantes, du cours comme s'il en pleuvait ou des analyses de documents de haute voltige.
Ils sont perfectionnistes jusqu'au bout des ongles, mais le mieux est parfois l'ennemi du bien...
Leur attitude peut engendrer deux postures différentes (le tout ou rien ^^)
- soit l'élève se lance à corps perdu dans de frénétiques révisions. Encore une fois, je suis frappé de voir, chez certains, les efforts de mémorisation réalisés au mois de Juin lors des épreuves de Bac.
Le risque ? l'élève tombe souvent dans le hors-sujet (en voulant tout traiter), donc de récolter une très faible récompense des efforts fournis.
- soit l'élève est découragé devant l'ampleur de la tâche: jamais il ne pourra atteindre de tels sommets.
Donc, il fait semblant de travailler et de réfléchir (pour ne pas perdre la face), tout en n'étant pas dupe que ce qu'il fait est nul.
Le risque ? Peu d'implication dans la réflexion et le travail tout au long de l'année, peu d'inspiration dans le traitement du sujet, un étalage de généralités ni vraies ni fausses (du type: c'est la crise qui explique le chômage...), donc une note passable.
2. les pessimistes :
Plus noir qu'eux, il n'y a pas.
A la lecture du corrigé, ils se disent: je ne sais pas faire un plan, je ne comprends pas les documents, je ne sais pas quoi faire d'autre que répêter ce qui est dans le texte.... Alors à quoi bon... ??
Leur histoire est la chronique d'un échec annoncé: en général, au mois de juin et de septembre, ils se rendent compte des conséquences concrètes de cette posture.
En réalité, ils noircissent d'eux-même en oubliant qu'ils avaient des capacités et qu'ils ont obtenu des réussites (au moins partielles).
Au lieu de s'appuyer sur celles-ci, ils ruminent ("c'est la faute du prof qui ne m'aime pas, pis aussi de mes parents"). Ils ne prennent plus de risques (pourquoi réviser ? pourquoi acquérir une méthode d'analyse ?) car ils sont paralysés par l'échec.
3. Ceux qui exagèrent les obstacles :
Très souvent, on trouve les élèves qui pensent qu'on va leur poser des questions très difficiles, souvent sur des détails (comme par exemples la question à 1 000 000 € au jeu "qui veut gagner des millions^^)
Résultat: ils se perdent dans la confusion, ne voient pas les réponses évidentes et se noient dans un verre d'eau.
A la lecture du corrigé, ils se disent souvent: "mais pourquoi je n'ai pas mis cela, je le savais...."
Un des obstacles souvent énoncé par les élèves est l'élaboration d'un plan: beaucoup pense que c'est très complexe, qu'il faut être original... Alors qu'il s'agit souvent d'avoir acquis 4 ou 5 modèles de plans qu'il faut adapter à l'énoncé. Ils ne le font pas (A quoi ça sert d'analyser le sujet ?) et préfèrent donner leurs idées au fur et à mesure de leur pensée...
4. Ceux qui mettent des étiquettes a priori sur les faits, les personnes, les sujets
C’est confortable de tout catégoriser mais pas très efficace, c'est comme si on roulait avec des œillères.
Un petit florilège de catégorisation qui mènent à l'échec en SES:
- je lis rapidement le sujet, je vois le thème (l'investissement par exemple) et je déroule ce que j'ai appris. Ce qui provoque des hors-sujet et des déceptions.
- les patrons: les méchants / les salariés: les gentils ou Karl Marx est du côté des gentils, Les Néo-Classiques du côté des méchants....l'économie: j'y comprends rien, la sociologie: c'est cool ....la dissertation: trop complexe, la question de synthèse est plus facile...
- même en confrontant les élèves à des documents, ils sont persuadés de retrouver ce qu'il pense dans le tableau statistique (alors que ce n'est pas le cas). Je me souviens d'un élève qui était persuadé que les chômeurs se la coulaient douce. J'ai distribué un tableau statistique sur l'indeminisation des chômeurs qui allaient à l'encontre de son opinion. Sa réponse consistait sans aucune rigueur d'analyse à reprendre son opinion en négligeant les informations du document.
5. ne pas estimer correctement les prises de risque :
Il s'agit d'élèves qui n'ont pas compris qu'on peut prendre des risques calculés.
-Soit Ils adoptent alors une stratégie "casse-cou": ils ne font pas de brouillon ("C'est dans ma tête"), ils font confiance à "la tchatche" (à l'oral), ils commencent un sujet pour se rendre compte au bout d'un heure qu'il n'est pas à leur portée. J'ai vu des élèves ayant peu révisé qui prennent le sujet de bac exigeant le plus de maîtrise des mécanismes économiques ou sociologiques.
Il y a également ceux qui misent tout sur les dernières vacances ("Je ferais mes fiches au printemps car j'aurais tout mes cours").
-Soit ils freinent des "quatre fers": ne surtout pas prendre le risque de changer de méthode ou d'attitude, faire comme avant, on ne sait jamais, avec Mr F, cela ne marche pas, mais avec un autre correcteur...
Ils sont les adeptes du père Queuille "il est urgent d'attendre" ou du "après la pluie..."^^
Bon, alors ils reste encore 7 mois pour corriger tout cela et rappelez-vous le premier billet de cette année ^^