En janvier 2007, l’hebdomadaire Le Point avait déclenché une vive polémique en publiant les chiffres de l’enquête annuelle Signa, qui comptabilisait de façon exhaustive les actes de violence dans les établissements du second degré (collèges et lycées). À usage interne, elle avait été portée à la connaissance du Point grâce à une « fuite » du ministère de l’Éducation nationale.
Il ressortait de cette enquête que 82 000 actes de violence grave étaient commis chaque année dans les 7 800 collèges et lycées de France, soit plus de dix en moyenne par établissement et par an.
Ce chiffre élevé ayant inquiété l’opinion, le ministère de l’Éducation nationale a décidé de changer son fusil d’épaule. Pour ne plus être accusé de dissimuler ses statistiques, il les publie désormais chaque année. Mais les nouvelles données sont beaucoup moins parlantes que celles de Signa.
L’enquête qui a succédé à Signa, Sivis, obtenue à partir d’un échantillon représentatif de 1 000 établissements, ne donne plus de chiffres bruts, mais des pourcentages.
Tout au plus, dans la note d’information 08.34 publiée en décembre 2008, apprend-on ce qu’on savait déjà, à savoir que la violence touche principalement les collèges et les lycées professionnels, surtout s’ils sont situés en zone d’éducation prioritaire (ZEP), mais l’information est publique, accessible à chacun par un simple téléchargement. Les résultats sont les suivants :
En 2007-2008, les établissements publics du secondaire ont déclaré en moyenne 11,6 incidents graves pour 1 000 élèves, dont 4 en lycée d’enseignement général et technologique (LEGT), 13 en collège et 15 en lycée professionnel.
Ces chiffres ne vous parlent pas ? C’est normal. Au contraire de ceux dévoilés par Le Point en 2007, ils laissent à penser que la violence est un phénomène bénin, puisque ultra-minoritaire.
Quels sont les établissements concernés ? Impossible à savoir… Y a-t-il plus d’incidents d’une année à l’autre ? Mystère…
Or, comme l’avait révélé l’enquête Signa, la violence, si elle ne concerne heureusement pas tous les établissements de manière significative, est chronique dans certains collèges et lycées.
Le fait que l’Éducation nationale ait remplacé Signa par Sivis après une controverse portant sur la sécurité dans un certain nombre d’établissements laisse à penser qu’elle préfère « casser le thermomètre », plutôt que de permettre aux parents de savoir quels établissements sont à éviter.