L’anniversaire de la chute du Mur de Berlin occulte un autre anniversaire, celui de la création en 1949 des deux Républiques allemandes, la "fédérale" et la "démocratique". Pourtant, bien avant l’érection du Mur en 1961, les deux États vont très vite se situer au centre du conflit opposant les États-Unis et l’URSS. Fraichement élu à l’Académie des Sciences morales et politiques, Georges-Henri Soutou retrace pour nous l’histoire de ces "deux" Allemagne.
Georges-Henri Soutou (c) DR
Loin de toute simplification, l’histoire de la République fédérale d’Allemagne et celle de la République démocratique allemande révèle une complexité réelle. Auteur d’une monographie consacrée à la Guerre froide (La Guerre de cinquante ans, les relations Est-Ouest 1943-1990, Fayard, 2001), le professeur Soutou nous présente les origines de la fondation des deux États : des hésitations de Staline entre une politique défensive ou offensive, à la réserve française à l’égard de l’Allemagne, en passant par la prise de conscience tardive des Américains.
Cristallisée par l’affaire du blocus de Berlin en 1948, la question allemande va devenir un des principaux enjeux de la Guerre froide. Car de part et d’autre, les esprits restent attachés à l’idée d’une réunification sans pour autant faire des concessions. Sur ce dernier point, tant Konrad Adenauer en Allemagne que Robert Schumann en France apparaissent comme des visionnaires. La mort de Staline n’apaise aucunement le conflit qui trouve son point d’orgue à l’occasion de l’autre crise de Berlin suivie de la fameuse de crise de Cuba. A l’époque, un mur à Berlin est construit. Il faut attendre l’Ostpolitik de la fin des années 1960 et du début des années 70 pour qu’un réel tournant inscrive les prémices des événements de 1989 et 1990.
L’invité, le professeur Soutou
Né en 1943, agrégé d’Histoire, docteur d’Etat, Georges-Henri Soutou a été professeur d’Histoire contemporaine à l’Université de Paris-Sorbonne (Paris-IV) après avoir été professeur à l’Institut français de Bonn (RFA) en 1969-1971, assistant à l’Université de Paris-Sorbonne en 1971-1974, maître-assistant à l’Université d’Angers en 1974-1978, maître de conférences à l’Université de Paris-Sorbonne de 1978 à 1988.
Il est vice-président de la Commission de Publication des archives diplomatiques auprès du Ministère des Affaires étrangères et chargé de publier les Documents Diplomatiques Français pour la période 1944-1954.
Il a été élu le 8 décembre 2008 membre de l’Académie des Sciences morales et politiques, en section Histoire et Géographie, au fauteuil laissé vacant par le décès de Raymond Barre.
Il travaille sur les Relations internationales au XXe siècle, en particulier sur la Première guerre mondiale et les relations Est-Ouest après 1945. Il a publié notamment, outre de nombreux articles sur ces questions, L’Or et le Sang. Les buts de guerre économiques de la Première guerre mondiale, Fayard, 1989 ; L’Alliance incertaine. Les rapports politico-stratégiques franco-allemands, 1954-1996, Fayard, 1996 ; et La Guerre de Cinquante Ans. Les relations Est-Ouest 1943-1990, Paris, Fayard, 2001 ; L’Europe de 1815 à nos jours, PUF, 2007.