Dimanche minable, celui que j’ai vécu ce 8 novembre. Pas moyen d’aller pisser dans le jardin. La chose est assez frustrante pour que je le souligne, même si cela n’interpelle nul autre que moi. Les fleurs des quelques bouquets de schizostylis qui restent s’étaient recroquevillées, arborant une quasi position fœtale. Un psy quelconque pourrait évoquer à l’instant un tas de références inutiles. C’est à travers les vitres sales de mon séjour que je regardais un jour qui n’avait de nom que le jour. Avec ça, le café : une grande étendue d’eau, le filtre s’étant replié au moment de la fermeture de la cafetière. Toujours cette pluie incessante. Pour le 20ème anniversaire de la chute du mur de Berlin on pouvait espérer mieux que ce rideau d’ennui. Où étais-je à cette époque ? Telle est la question qu’on pose en ce moment à tout va. J’étais là, derrière ma vitre sale. Déjà ! Si ça continue de pleuvoir comme ça, je laisse tomber la bagnole et je fais les 8 km jusqu’à la piscine à la nage !
Les « bonnes » nouvelles sont assez rare en cette journée diluvienne pour que je ne fasse pas partager celle qui m’a aidée à tenir en ce dimanche sombre. La lecture de l’entrefilet parlant de la volonté de monsieur Fillon de présenter une droite unie dès le premier tour aux élections régionales du mois de mars, ma procuré une sorte de jubilation. J’ai cru déceler chez le premier ministre l’enthousiasme éprouvé par André Breton après son retour d’un séjour au Mexique. Surréaliste. Qu’on en juge : « l’UMP, le Nouveau centre, le MPF, l’Alliance centriste, les gaullistes, les libéraux, les progressistes, bref tous ceux, élus ou électeurs, qui se reconnaissent dans nos valeurs [...] doivent se serrer les coudes et conduire ensemble la bataille… » Je lui ai mis trois points, car si je l’avais laissé poursuivre, il aurait parlé du chat de la voisine. Cela aurait gâcher le sortilège de la chose. D’autant que la voisine ne partage pas cet enthousiasme. Et jusqu’à preuve du contraire, les animaux domestiques n’ont pas le droit de vote, sauf peut-être chez monsieur et madame Jean Tibéri. Dommage pour monsieur Fillon.
Pour une fois qu’on ne parle pas de de l’état moribond de la gauche et des gnons que les militants, toute tendances confondues, s’envoient à la figure… Comme ils l’affirment avec un filet d’amertume : « même si le PS n’est pas mort officiellement, les chances de le retrouver vivant sont bien minces. » Dans ce contexte, la seule chose de pertinente à faire c’est d’attendre gentiment dans notre coin l’effondrement (pour cause de surpoids) de la branche sur laquelle sont installés les adversaires. Assez improbable, mais on ne sait jamais… Regardez la grippe A. Toujours pas de nouvelles. Ou si peu…
Donc ! Ayant très fortement réduit sa dose de sédatifs, François Fillon semble vouloir retrouver un peu de la vigueur oubliée. En effet, il nous est apparu fort aise dans ses mocassins en peau de rat musqué à l’assemblée nationale. Ces signes avant-coureurs datent de la semaine dernière. Cette nouvelle disposition d’esprit s’est manifestée quand, sortant d’une longue léthargie, lors d’une joute verbale très médiatisée, concernant le bilan de Sarkozy à la mi-mandat, il s’en est pris à la pas très fringante gauche du pays : « la seule chose que le gouvernement n’ait pas réussi à faire c’est de mettre la gauche en mouvement. » Avouez que voir une ambulance tirant sur une autre est chose assez drôle et cela suggère qu’il n’y a pas qu’au cinéma qu’on invente de tels gags !
Tout le monde s’est accordé pour penser que l’arrêt brutal d’un traitement peut avoir des effets indésirables pouvant conduire l’individu sur les rives tumultueuses de l’excès et du tourment. A vouloir rattraper le temps perdu (quel gâchis !) monsieur Fillon oublie la date, l’heure et l’hémisphère dans lequel il évolue. Pour preuve, cette information glanée sur le net, dans laquelle on lit avec stupeur : « La semaine dernière, un confidentiel du Figaro a révélé que l’UMP avait perdu près de 40 000 adhérents depuis le début de l’année. Cette semaine, c’est le Point qui indique dans une brève que le mouvement des Jeunes de l’UMP n’est pas au mieux. Ses effectifs ont été quasiment divisés par trois en un an. »
Après un tel effort, il est entré en méditation. Besoin de récupération, massage musculaire et lecture. Aux dernières nouvelles, avec l’aide de l’ancien ministre et philosophe Luc Ferry, il tentait de déchiffrer cette maxime de William Blake qui l’a longtemps titillé : « C’est avec les pierres de la loi qu’on a bâti les prisons, et avec les briques de la religion, les bordels. »
Le mois de mars approche…