les comptes de SOS éducation et autres associations célèbres

Publié le 02 novembre 2009 par Keros

Les Comptes de SOS-Education

J’avais déjà relevé dans mes articles précédents le fait que beaucoup d’associations sans pour autant vouloir truquer leurs comptes, faisaient une présentation pour le moins flatteuse de leurs activités et sont tentées d’estomper le cout élevé du « fund raising ». C’est souvent le cas quand elles ne donnent pas avec précision le cout direct ou indirect de leurs levés de fonds.

L’importance des dépenses marketing  pour solliciter la générosité du public est très méconnue du public car ces dépenses sont souvent la  face “cachée” et un peu honteuse du charity business. J’ai par exemple été sollicité personnellement et à de nombreuses reprises  sur mon téléphone portable par un centre d’appel (que je  présume sans trop me tromper être situé dans une ville du Maghreb …) pour m’inciter à re-donner à l’assocation « Les petits frères des pauvres » qui est pourtant une association irréprochable dans ses objectifs. Cela ne l’empêche pas d’écrire dans son rapport annuel qu’elle consacre 15 % à la collecte des fonds et 15 % en « frais de gestion »  (dont communication ). A la lecture de leur rapport annuel 2007 , je constate en fait que ce ratio de 15 % est obtenu en divisant les frais de collecte avec l’ensemble des charges. Or si on prend un autre ratio plus objectif comme celui du rapport entre le cout de la collecte (5,5 millions) par rapport aux dons reçus strito sensus (14 millions) on obtient un ratio de 39 % ! Il est vrai que cette association reçoit des subventions et beaucoup de legs (21 millions en 2007 ) qui en toute logique se réalisent plusieurs années après la réception devant notaire des volontés testamentaires d’un donateur. Ces legs (qui peuvent être très importants !) sont en général plus le fruit d’un acte murement réfléchi que le don de 50 euros qui fait suite à une action de mailing ou de phoning. Il est donc inexact d’imputer ces ressources (afférentes à un exercice très antérieur aux actions de collecte)  au dernier exercice comptable. Même constat pour le « Secours Catholique » : si on recalcule le ratio à partir de ces éléments on trouve en fait 18 % (10.5 ME/58,6 ME) de cout de collecte de dons au lieu des 8.1 % annoncés.

« Frères des Hommes » eux font bien la différence entre les  « frais d’appel et traitement des dons » (237.018 euros) et « frais d’appel et de traitement des legs » (5.260 euros seulement !). Les dons ainsi générés se montent ainsi à 932.200 euros ( 25 % de cout ) et les legs 246.278 ( 2 %)

MSF par exemple nous informe que  le cout des frais de gestion et traitement des dons (qui n’est généralement pas le même poste comptable que les frais de collecte ) représentent  25 % des frais de collecte eux-mêmes …

Chez « handicap international -France» le ratio officiel est de 13.3 % mais se révèle être suite à ma “correction”  de 35.8 % ( 16.25 ME de couts de collecte pour 45.4 ME de dons en 2008)

 On est  loin des aumônes sollicitées « autrefois » de porte en porte par la congrégation de sœur Rosalie…ou bien, plus prés de nous, de l’absence totale par principe de toute sollicitation active des Missionnaires de la Charité (la congrégation  de Mère Teresa) !

SOS-éducation par exemple a publié en 2007 dans une  de ses lettres un petit encadré pour informer de la « destination » des fonds.  (pdf ci-joint lettre-aout-2007 ).Voici les grandes lignes qui étaient données :

  • Appel à la générosité : 129.111 (4.5 %)
  • Campagnes de mobilisation : 930.096 (32.6 %)
  • Campagnes de pression sur les élus 262.508 (9.2%)
  • Recherches et publications 383 470 (13,5%)
  • Frais de siège 22.174 (7.8 %)
  • soutien aux projets éducatifs 53.000 (1.8%)
  • Relations publiques  116.906 (4.1 %)

 Cela nous laisse un peu rêveur et surtout sur notre faim ! On peut s’interroger au vue des mailings reçus sur la différence entre les “Appels à la générosité” et les “campagnes de « mobilisation » ou « de pressions » qui sont par essence plus des campagnes de levée de fond qu’autre chose…

 C’est encore plus opaque dans le petit encart sur les comptes 2008 où il est dit que les frais de recherche de dons s’élèvent à 6.8% (189.283 euros) du total des dépenses . Les “missions sociales” représenteraient 82 % … ( ci joint Lettre aout 09 ) Enfin contrairement à ce qui est dit dans ce même bulletin, les comptes (les vrais..) ne sont pas (à la date du 2 nov 2009) “mis en ligne” sur le site du Journal officiel (http://www.journal-officiel.gouv.fr/association/) ! J’ai pu toutefois avoir accès à la Liasse « fiscale » et donc des comptes « plus détaillés » de l’association … Apres un examen attentif de la liasse fiscale de l’exercice 2006,  j’ai pu constater qu’une très grosse part des charges étaient en fait consacrée aux fameux mailings de « levée de fonds ». Jugez-vous même  car  le plus gros poste est constitué des frais en   relation directe ou indirecte avec la collecte : 1.540.000 euros (soit déjà plus de 71 % des charges d’exploitation !)  Voici un aperçu du détail du poste en question que j’ai reconstitué: 

Locations  fichiers

84 320 

Honoraires opérations

52 589 

Frais télémarketing

55 947 

Frais Marketing

120 174 

Documentation technique

3 955 

Honoraires

72 437 

Annonces et insertions

3 123 

Publicité

731 

Catalogues et imprimés

10 256 

Frais de routage

109 924 

Frais impressions

148 691 

Frais enveloppes

50 535 

Frais de duplication

30 949 

Frais de timbres

768 053 

frais de téléphone

2 965 

Frais internet

13 450 

Autres frais &  Prestations de  services

11 867

 total :

1.540.000 

 A cela il faut ajouter :

  • Loyers, charges et fournitures ; Matériel de bureau et informatique : 44.551 euros
  • Salaires et charges sociales : 360.413 euros
  • Taxes sur salaires 15.794 euros 

Il faut effectivement du personnel assez nombreux pour concevoir, administrer sur ordinateurs les fichiers, gérer les courriers reçus et l’encaissement des « petits chèques » . Une grande partie de ces 360.000 euros de charges est donc à notre sens encore imputable à la levée de fonds !

 Sur le reste des charges on ne trouve enfin que 20.000 euros de voyages et missions ..et  la somme  ridicule de 1.175 euros d’impôts sur les bénéfices (IS ) !

 On peut encore s’interroger  sur l’excédent considérable qui se retrouve sur les dotations pour provisions “pour litiges ” qui ne me semblent pas très justifiées compte tenu de ce qui est décrit dans les documents produits. Il est fortement question de mener des batailles « juridico administratives » (lesquelles ?) . A notre connaissance les procédures qui ont été menées sont des procès en diffamation intentés contre l’association « sauver les lettres » qui avait critiqué “sos-éducation”. Ces procédures ont été perdues par sos éducation  en 1er instance comme en Cour d’Appel ! (cf http://www.sauv.net/)

Il est important de noter enfin qu’à l’actif du bilan de SOS à la fin 2007, l’association était propriétaire de locaux d’une valeur de 446.800 euros et de 2.721.452 euros de liquidités et valeurs financières de placement en hausse de plus de 53 % par rapport à l’exercice précédent …

On peut imaginer ce que sera le bilan à la fin 2009 : on devrait se diriger sans trop de problèmes vers les 5 millions d’euros d’actif net (immobilier et valeurs de placement). D’ores et déjà, l’association a acheté récemment  des nouveaux locaux « plus grands» dans le quartier Montparnasse (120 bd raspail ) pour une valeur d’environ 1 millions d’euros...

Ce « trésor de guerre » qui, rappelons-le n’appartient pas aux fondateurs mais aux donateurs, doit maintenant être utilisé de façon plus positive que jusqu’à maintenant ! Il y a de quoi construire ou acheter plusieurs collèges entiers avec 5 millions d’euros !

J’appelle instamment les donateurs à effectuer un contrôle sur l’association et surtout à exercer un vrai choix sur l’affectation de ces fonds au cours d’une véritable Assemblée Générale qui reste souveraine en la matière. C’est leur droit et surtout leur devoir.