Cette année, ce n’est pas le 5 novembre qui devra faire date, mais plutôt le 9 du même mois : c’est en effet l’anniversaire des 20 ans de la chute du mur de Berlin. Pour ceux qui, comme moi, on vécu l’événement en direct et s’en rappellent encore, la date est plus que le symbole de la chute du bloc de l’Est : c’est surtout la démonstration de l’échec total et catastrophique d’une idéologie mortifère.
Et ce qui va être particulièrement intéressant ne sont pas les réactions prévisibles de la plupart des politiciens qui, la mine grave et la voix solennelle, vont tout simplement commémorer l’anniversaire comme ils sont payés pour le faire.
Non, ce qui va être croustillant, ce seront les mouvements de pagaie frénétiques des communistes invétérés et autres collectivistes de tous crins, qui comptent dans leurs rangs nos joyeux socialistes français dont l’aggiornamento politique reste toujours à faire…
Et là, je citerai l’article de Boris Johnson, le pétillant maire de Londres :
How ghastly and unworkable was state-controlled socialism, this human tragedy, moral disaster, cultural wasteland, complete environmental catastrophe and economic non-starter ! How will today’s socialists be celebrating the Fall of the Wall ?
Oui, en effet, comment les socialistes de tous bords vont-ils « fêter » cette chute ? Comment tous les collectivistes (assumés ou honteux) vont-ils encore faire passer la pilule de ce communisme qui a fait tant de morts et distribué avec tant de précision la misère pour tous et le stupre, la luxure et la corruption la plus totale pour quelques uns ?
Oh, je vois déjà les pauvres arguments éculés arriver avec leurs gros sabots. Ils seront de deux types :
- ce n’était pas vraiment du communisme, voyez-vous, c’était un magnifique élan qui fut brisé par de méchants dictateurs, ou (au choix ou en surplus) ce sont les vilains capitalistes qui ont refusé la coopération avec le prolétariat et qui l’ont forcé à la misère !
- tout ceci n’est que pur complot des capitalistes et il va de soi que la vie à l’Est était évidemment beaucoup plus intéressante que dépeint dans des documentaires propagandistes honteusement à charge. Quant aux témoignages, il semble évident que ce sont des gens faibles manipulés par l’Ouest décadent.
En substance, je ne pense pas me tromper avec ces arguments, qui sont ressortis maintenant à chaque fois qu’une remarque sensée est formulée à l’encontre d’une idéologie qui a buté quelques dizaines de millions de personnes, volontaires ou non dans la grande tentative de former de l’Homme Nouveau à coups de pompe dans les gencives.
Vous n’y croyez pas ? Pourtant, si si, ces arguments moisis sont effectivement encore utilisés de nos jours.
Maintenant que vingt années se sont écoulées, un petit bilan pourrait permettre de voir le chemin parcouru.
Et quel chemin !
Là encore, les nostalgiques de la période froide viendront se lamenter sur les dégâts causés par l’ultranéolibéralisme et le capitalisme mangeur d’enfants et d’ouvriers dans les pays de l’Est qui, pourtant, n’ont pas reconduit les communistes au pouvoir quand on a demandé, pour de vrai, son avis au peuple. Mais c’est normal : il est con, le peuple. Non ?
En vingt ans, des pays comme la Pologne, l’Estonie, la Lituanie, la Lettonie ou la Slovaquie ont montré toute l’horreur du capitalisme appliqué, à faibles ou fortes doses : des villes qui se couvrent de bâtiments neufs, des gens qui s’enrichissent, et toute l’abomination d’industries qui se développent, voire, horreur des horreurs, qui exportent des savoir-faire et des experts !
Pire : comme le capitalisme et la démocratie s’embarrassent de transparence, on a même pu commencer à mesurer les -zorribles- zécarts de richesse, faire de tristes statistiques sur le niveau de vie et la quantité de pauvres dans ces pays, alors qu’avant, du temps du communisme triomphant, comme tout le monde – à l’exception des apparatchiks – était dans égale une merde noire, au moins, il n’y avait pas d’écarts. Aaaah, nostalgie, nostalgie.
La réintégration de l’Allemagne de l’Est a été une expérience concrète, à l’échelle d’un pays entier, de ce que peut faire le capitalisme pour gommer en 20 ans les dégâts de 50 ans de communisme. Il existe bien quelques Allemands de l’Est qui, n’arrivant plus à profiter du système comme de l’ancien, se plaignent amèrement du changement. Mais la plupart de ceux qui l’ont vécu constatent, devant des magasins remplis du biens divers et dans l’assourdissant silence de leur ventre repus qu’effectivement, la seule force du communisme était d’assurer un faible nombre d’obèses dans la population.
Pour rappel, l’expérience devra être à nouveau tentée lorsque la Corée sera enfin réunifiée, un jour j’espère. À cette date, il existera encore d’heureux imbéciles communistes pour nous ressortir (devinez) … « ce n’était pas du vrai communisme » et « les capitalistes ont tout pris pour eux au Sud, c’était un véritable complot, bande de salauds, etc…« .
Et, ironie du sort qui se fout ouvertement de la gueule de ces humanistes en carton, tous ces arguments moisis seront publiés sur Internet, dont l’explosion et le fonctionnement sont entièrement assuré par de méchantes firmes capitalistes, à partir d’ordinateurs bon marché produits en masse grâce à une mondialisation galopante qui se rit des utopies ridicules des collectivistes.
Eh oui : le communiste, éternel aigri, vêtu de pied-en-cap, nourri, vacciné, blanchi par le capitalisme, s’en ira rouspétant que si si, le communisme, ça marche, mais simplement, il faut des Hommes d’Exception pour le mener à bien. Exceptions qui, sur les deux derniers siècles, n’ont jamais eu lieu et qui donnent, Chavez, Morales ou Kirchner aidant, un espoir très très mitigé pour les deux prochains.
Il reste cependant encore trop de murs à abattre, et, à la faveur d’une crise qui doit tellement à l’interventionnisme goulu d’une nouvelle classe de collectivistes, tant de murs sont en cours de construction qu’il est encore bien tôt pour se réjouir d’une quelconque victoire.
Il n’empêche qu’on ne peut que savourer le bonheur de cette réunification, et constater que la liberté des peuples aura permis, bien plus sûrement que tout autre paradigme bricolé dans des moments d’égarement, de leur fournir tous les jours un niveau de vie meilleur.