François Hollande ne veut plus de cette image de Flamby qui lui colle à la peau. Celle d’un homme affable et aux bons mots mais, enfermé dans des synthèses molles, incapable de trancher. Le François Hollande nouveau serait arrivé.
Comme tout présidentiable qui se respecte, la première pierre c’est la sortie d’un livre, écrit ou pas par l’intéressé. Le député de Corrèze a pris l’exercice au sérieux. Pas moins de 400 pages pour Droit d’inventaires (Seuil), un livre d’entretien écrit avec le journaliste Pierre Favier. La sortie d’un livre, c’est surtout l’occasion de faire la tournée des popotes et de faire parler de soi. Tv, radios, presse écrite, tout s’enchaîne. François Hollande est partout.
Du passé l’ancien Premier secrétaire ne fait pas table rase. A peine une légère autocritique lorsqu’il évoque les occasions ratées et part de responsabilité dans l’échec de 2007. Non, François Hollande préfère se lancer dans une grande opération de séduction.
Pour séduire, François Hollande n’a pas choisi la facilité en enfourchant le thème de la fiscalité. Le choix est fin car il s’agit bien d’une question clivante et le talon d’Achille de Nicolas Sarkozy. Le député de Corrèze mise sur la forte demande d’égalité des Français pour proposer une révolution fiscale.
Dans une tribune libre dans La Tribune, co-signée par Michel Sapin, François Hollande dévoile son angle d’attaque. Son constat est sévère. Il estime que le système fiscal est devenu inégalitaire, illisible et instable, et décourage la création de richesse.
Illisible, car nul ne sait qui paye l’impôt, instable car les exonérations de cotisations sociales ont changé douze fois en quinze ans de mode de calcul et enfin, ni favorable à l’emploi, ni à l’investissement, et pas davantage à l’environnement.
Le remède proposé est radical : supprimer toutes les déductions, tous les abattements, toutes les exonérations, toutes les niches fiscales pour faire qu’au premier euro, la règle d’imposition soit commune et, en contrepartie,taxer tous les revenus sans distinction d’origine, qu’ils proviennent du capital ou du travail, qu’ils soient tirés de l’activité ou des transferts.
Sur le papier, l’idée est séduisante : mettre en place une large assiette avec des taux modérés et progressifs permettrait de financer à la fois l’État, la Sécurité sociale et les collectivités locales.
A l’inverse de la droite, François Hollande mué en Monsieur Egalité, veut redonner à l’impôt ses lettres de noblesse quand il considère que “l’impôt n’est pas une punition ou l’expression de la frustration, de la rancune individuelle et de la jalousie sociale”.
François Hollande juge que la situation est grave: “Le pays s’enfonce dans la drogue de la dette et dans le poison de l’injustice” et en appelle à la vérité et à l’audace. Audace quand il demande que la dépense publique soit plus efficace et que les élus soient plus performants, plus économes dans la gestion de nos propres administrations, locales ou nationales.
Le Président du Conseil Général de Corrèze prend le risque de tenir un discours vérité quand il indique “qu’il y aura mécaniquement des hausses de prélèvements” et épingle Nicolas Sarkozy.“Le président déclare qu’il n’y aura pas d’augmentation d’impôts. C’est à la fois un mensonge et une illusion”. “Un mensonge puisque la seule maîtrise de la dépense publique, aussi sévère soit-elle, ne peut réduire le déficit public que d’un point de PIB par an (…) Il faudrait alors huit à dix ans pour le faire disparaître”.
“La vérité c’est qu’il y aura bien des augmentations de prélèvements sur tous les Français par la voie de la fiscalité indirecte, par le relèvement des cotisations sociales et par la progression de la fiscalité locale, c’est-à-dire par les impôts les plus injustes” déclare l’ancien premier secrétaire du PS.
Reste à savoir si les Français seront prêts à répondre à un discours à la Churchill. On raconte que du côté de la rue de Solférino, dans l’entourage de Martine Aubry, certaines bonnes âmes, sourire en coin, souhaitent “bon courage” à François Hollande pour se faire élire en annonçant des hausses d’impôt.
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