"Le Monde" : tristes tropiques

Publié le 08 novembre 2009 par Laurelen
Vu de la Réunion, par Romain Viale


"Sur l'île de la Réunion, la contestation était moindre que dans les Antilles pendant les grèves et mouvements sociaux du début de l'année. La mixité sociale est un peu plus une réalité à la Réunion qu'aux Antilles. Le processus d'intégration démocratique à l'ancien colonisateur s'est, je pense, beaucoup mieux passé que dans les autres territoires. Et malgré des inégalités encore trop courantes, il y a quand même un équilibre.

Cependant, rien n'a vraiment changé. Les collectivités sont au bord de la faillite. On accumule des retards dans la plupart des domaines de développement. Le chômage explose avec la crise (bien plus vite qu'en métropole : près de +3 % en un an d'après l'Insee), les prix ne baissent pas, etc.

Le discours du Président était certes encourageant, mais je crois que les électeurs ont appris à se méfier des promesses politiques. Je pense sincèrement que si ces mesures annoncées mais non chiffrées sont mal dimensionnées, on court droit vers un conflit ouvert, radical et de longue durée."

* Un problème de continuité territoriale, par Martin Maillot

"La continuité territoriale demeure un des principaux problèmes. En tant qu'étudiant en métropole et malgré les aides du conseil général, le prix du billet demeure cher. Je ne suis pas retourné à la Réunion depuis 2006, et je ne pourrais probablement pas y retourner avant 2011. C'est assez frustrant quand certaines destinations à l'étranger coûtent jusqu'à 50 % moins cher. Il est donc nécessaire d'agir afin de faciliter la circulation des personnes partout en France."

* Les frustrations de la Réunion, par patrick

"Il n'y a pas eu d'explosion sociale à la Réunion. Notre tradition assimilatrice vis à vis des nouveaux migrants (notamment de ces "mercenaires" venus de métropole) enterre les problèmes identitaires et les ressentiments. Nous vivons dans le département d'outre mer le plus peuplé sur un territoire étriqué dominé par les montagnes... notre identité est forte et n'est en rien diminué par le métissage. Mais à chaque fois que l'on parle des DOMS, on met en avant les Antilles. Ce déni de notre existence est un élément de plus dans le ressentiment d'une partie de la population. La métropole a exporté dans nos territoires son modèle de consommation financé par les aides sociales. Le résultat est catastrophique : le chômage et l'étalage de grandes fortunes cohabitent, transformant la situation sociale en véritable poudrière... A chaque rentrée des classes, ce sentiment d'injustice gagne la population qui voit débarquer toujours plus nombreux des fonctionnaires métropolitains. Il n'y a pas de racisme ou de discrimination anti-blanc, mais bien un désir caché de préférence régionale, à l'instar de la Corse..."

Bàn, rien de nouveau sous le soleil. Continuité territoriale, phagocytage antillais dans les médias métro et les discours officiels, chômage endémique... Et aucune réponse dans la grande mobilisation sarkozyenne. Tiens, on en vient à regretter Jego. Lui au moins avait l'air de s'intéresser vraiment à la question.

F.G.

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