Brochette-poussière

Par Deathpoe

Ce bistrot est décidément devenu celui des paumés, des refroidis qui se battent encore sans seulement savoir si ça en vaut encore la peine. Il y a la quadra alcoolique qui compte partir pour Los Angeles. Pour le moment, elle consulte les pages jaunes et devrait revoir sons sens de l'orientation dans le centre-ville de Metz. Il est à peine 16h et elle bafouille d'alcool et de d'incertitudes placardées sur son front.


Il y a le couple de vieillards qui viennent tous les jours à la même heure, du moins c'est ce que j'en ai conclu, sans doutes pas à tort.
Un homme est debout et regarde l'écran plasma, complètement hypnotisé, alors que le son est coupé.
Un autre, la moustache mal rafistolée ce matin, commande une autre pinte.

Tous alignés au bar, brochette de poussière saveur désespoir. L'hiver les rend encore plus frileux. Et puis une femme rentre. La cinquantaine, bien habillée, ses yeux parlent à sa place. Et, comme elle, chacun se demande pourquoi elle est entrée ici.
En l'occurrence, elle ne perd pas de temps à s'installer à une table. Elle commande un café qu'elle boit sitôt servi et demande où sont les toilettes.
Son éducation l'a poussée à rentrer dans un bar, y commander quelque chose, et ce juste pour soulager des besoins naturels. Effectivement, c'est plus cher que les toilettes publiques, mais le luxe d'un trône propre se paie.

La brochette se met à parler, pions en rang sous le commandement d'un soleil qui a battu en retraite.