It don't matter if you're black or white

Publié le 08 novembre 2009 par (dé)maquillages @demaquillages

« Ça n'a pas d'importance que vous soyez noir ou blanc ». Une petite citation extraite du célèbre Blak or White de feu Michael Jackson pour aborder un sujet qui, bien qu’il ne me concerne pas directement, me tient à cœur, à la fois pour l’illogisme de son origine et ses dégâts irréversibles.

Vous savez peut-être que la Ville de Paris s’apprête à lancer une campagne sur les dangers des crèmes blanchissantes dans les quartiers Château-Rouge et Château d'Eau. Des quartiers dans lesquels on trouve de très nombreux magasins de beauté afro, indispensables aux communautés noire et maghrébine car ils proposent des produits adaptés à leur peau et leurs cheveux (souvent introuvables ailleurs), mais qui recèlent parfois dans leurs arrière-boutiques des crèmes éclaircissantes interdites à la vente en France.
Ces crèmes, à base d’hydroquinone, de mercure ou de xhessal, peuvent provoquer des brûlures, de l'eczéma, des taches de d’hyperpigmentation ou de dépigmentation, des infections cutanées, des mycoses, de l’acné... Parfois de manière irréversible.
Je ne me permettrai pas de commenter les raisons qui poussent ces femmes à vouloir se blanchir la peau, tout comme je ne jugerai pas les caucasiennes qui abusent du soleil – tout aussi dangereux, à plus long terme.
Je veux juste vous faire part de cette réflexion : les blanches veulent devenir « black », les blacks veulent devenir blanches. Les femmes aux cheveux frisés préfèrent les baguettes et celles aux cheveux raides rêvent de belles boucles. Les maigrichonnes fantasment sur les hanches et les seins, les rondes rêvent de squelette saillant. Quelle absurdité ! Quel dommage que nous soyons toutes tellement influencées par des critères de beauté totalement relatifs
(et moi la première)!
A ce sujet, j'ai envie de partager avec vous une anecdote qui m’a vraiment marquée. Il y a quelques années, j’ai fait un voyage au Mali. J’étais logée chez l'habitant. Dans notre famille de Bamako, il y avait une superbe adolescente de 15 ans, Tanti : grande, ultra-fine et parfaitement musclée, une peau d’ébène magnifique. Un canon selon nos critères occidentaux. Et Tanti complexait : dans sa culture, on aime les femmes plus rondes, plus petites, plus blanches. Alors Tanti m’enviait, avec ma taille moyenne et mon teint d’endive… Je lui ai dit qu’en France, elle ferait beaucoup d’envieuses, que les hommes se retourneraient sur elle. L’œil de Tanti s’est éclairé un instant, puis, elle m’a répondu : « De toutes façons, je n’irai jamais vivre en Europe. Au Mali, je suis laide. J’envie ma sœur Awa qui elle, au moins, a le teint clair. Et je suis trop maigre. Personne ne voudra jamais de moi. »


Et je n’ai plus su quoi lui répondre…


+ d’infos

Guide sur les dangers de la dépigmentation