Interview : Hook and the Twin

Publié le 08 novembre 2009 par Kub3

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Ils n’ont encore jamais joué au-delà de leurs frontières mais deux de leurs titres font déjà le tour du web. Fondé en 2007, Hook and the Twin est un duo venu de Bristol. Adeptes des boucles, Tom Havelock et Marcus Efstratiou construisent couche par couche des chansons pyramides. Le résultat est convaincant : un rock électrisant rappelant aux oreilles les titres de groupes est-allemands tels que Can. Pour ceux qui ont l’intention de se pointer aux Transmusicales de Rennes en Décembre (mais aussi pour les autres), cet entretien est l’occasion de faire la rencontre de Tom, chanteur du groupe, avant de le voir sur scène.


On y croisera pêle-mêle Damo Suzuki, le cinéma de Fritz Lang, leur nouveau titre en préparation, un liquide blanc bizarroïde, David Bowie et une Wonder Woman diabolique :


Olivier : Peux-tu me présenter ton groupe en quelques mots ?

Tom : On s’appelle Hook and the Twin et on est deux : il y a moi, Tom, et Marcus le batteur. Maintenant on vit à Londres mais on vivait à Bristol quand on a commencé. En fait on se connait depuis pas mal d’années, depuis l’âge de dix ans. On a grandit en jouant dans différents groupes. Moi je chantais et jouais de la basse, et lui il jouait de la batterie. Puis on a décidé à un moment de se mettre ensemble et de monter ce groupe en jouant une musique beaucoup plus rythmique que ce qu’on avait l’habitude de faire auparavant.

Olivier : Quel genre de musique jouiez-vous avant ?

Tom : Plutôt de la musique psychédélique, un peu rurale. On vivait dans la cambrousse, donc la musique était beaucoup plus douce.

Olivier : Et comment décrivez-vous votre musique à présent ?

Tom : Rythmique. Le rythme est très important pour nous. Marcus joue de la batterie très fort, c’est sa manière naturelle de jouer, il aime bien donner ce rythme un peu poussif. Et moi j’aime bien sauter un peu partout sur scène en m’enregistrant avec des boucles en live. Ce qui peut être assez frénétique et énergique.

“On considère le Krautrock comme une influence plutôt que comme un modèle”

Olivier : Le mot qui revient le plus souvent pour vous décrire est “Krautrock“. Vous pensez rentrer dans cette catégorie ? Est-ce que des groupes comme Neu !, Can ou Faust font partie de vos influences ?

Tom : On a été à fond dans Can et Neu ! pendant un sacré bout de temps. J’avais l’habitude d’aller voir Damo Suzuki [membre de Can, NDLR] au cours de sa tournée extraordinaire quand il jouait un peu partout dans le monde. On adorait vraiment ces concerts. Quand on a fondé le groupe on écoutait beaucoup Neu !, Harmonia, Cluster, des choses de ce genre. Et avec les boucles qu’on enregistre sur scène et le fait qu’on doit les utiliser pour  produire suffisamment de son parce qu’il n’y a que nous deux, on s’est retrouvé au cours de nos premières répétitions au milieu de ce groove un peu kraut qui peut continuer pendant des heures et des heures. Et ça marche très bien pour nous. Donc je pense que la raison pour laquelle on s’est mis à jouer ce type de musique est en partie due à une histoire de timing par rapport à ce qu’on écoutait à l’époque mais aussi à ce qui nous convenait le mieux.

Olivier : Tu penses qu’il y a une tendance générale en ce moment, une sorte de retour vers le Krautrock ? Je pense à des groupes comme les Tortoise à Chicago, ou Fujiya and Miyagi ?

Tom : Ouais. Je pense que les gens parlent du Krautrock, et de Can en particulier, depuis un bon bout de temps. Comme Radiohead par exemple. Et dans de ce que beaucoup de groupes font aujourd’hui on retrouve le même type de rythme. C’est une sorte d’hommage je pense. Mais nous on considère ça comme une influence plutôt que comme un modèle.

Olivier : Et qu’est-ce que vous écoutez en ce moment ? Quels groupes vous plaisent en particulier ?

Tom : J’ai toujours écouté David Bowie, je l’adore. On aime aussi beaucoup un groupe qui s’appelle Post War Years, ils viennent de Londres. Dernièrement on a beaucoup écouté Harmonia, on continue d’y revenir régulièrement. Et il y a aussi Matthew Dear que Marcus aime beaucoup… bref un paquet de trucs en fait. Y en a assez là ?

Olivier : Oui [rires]. Donc vous avez choisi le nom de Hook and the Twin : qu’est-ce qu’il signifie et d’où vient-il ?

Tom : C’est le nom d’un tableau qu’on aime qu’a peint l’un de nos amis. C’est une peinture plutôt plutôt bizarre. Et on aime bien aussi le fait que ça sonne comme deux personnes, et qu’il y a dedans une sorte d’agitation impatiente.

Olivier : Vous avez votre propre studio ? J’ai entendu dire que vous en aviez un perdu au milieu de la forêt façon Blair Witch Project.

Tom : [Rires] Ouais mais c’était il y a quelques années. C’était une base aérienne de la Seconde Guerre Mondiale désaffectée, dans les bois. Un peu au milieu de nulle part en fait. Je pense que des hippies s’y étaient installés dans les années 60 et avaient emménagé dans ces maisons, qui devaient servir aux pilotes je suppose. Bref on connaissait quelqu’un qui lui-même connaissait quelqu’un qui avait installé une sorte d’atelier dans une d’entre-elles. Et nous on a fini dans l’hôpital de la base, c’était un endroit très chouette pour jouer. Mais tout ça c’est ce de l’histoire ancienne, on a du déménager.

Olivier : Vous avez aussi joué de la musique en live sur Metropolis, le film de Fritz Lang. Comment vous est venue cette idée et comment ça s’est passé ?

Tom : En fait c’était une commande d’Arnolfini, une gallerie de Bristol. Ils aimaient bien notre musique et ils ont pensé que son aspect Kraut, la rythmique automatique couplée de gros sons de synthé, ressemblait un peu à la musique de Giorgio Moroder et pourrait donc très bien fonctionner pour ce film [Moroder a lui-même réalisé une musique pour ce film, NDLR]. On a mis en place la bande son assez rapidement. C’est un film tellement rythmique que c’était plutôt facile de composer dessus.

Olivier : Vous n’avez pas improvisé ?

Tom : C’était à moitié improvisé. On avait un grille et on avait travaillé le plus gros en amont, mais certains passages étaient improvisés.

Olivier : Et vous allez refaire quelque chose de ce genre ?

Tom : J’aimerais bien. J’ai vraiment aimé le processus consistant à travailler pour un film, et celui-ci convenait particulièrement bien à notre musique. Je pense qu’on pourrait le faire plus souvent. Le premier objectif est de faire une tournée avec Metropolis, de rejouer un peu plus la bande-son, parce que c’était pas mal de boulot donc si on pouvait le refaire ça serait super. On est en contact avec quelques festivals de film à Londres.

Olivier : Parlons un peu de vos video clips : quelles sont leur histoire ? Parce qu’ils sont plutôt… surprenant non ? Race For The Bone par exemple : pourquoi avoir choisi de mettre en scène ce truc blanc appelé “oobleck” [mélange aux propriétés particulières fait de farine de maïs et d'eau, NDLR] ?

Tom : En fait le mec qui a réalisé le clip, William Hall, avait vu un film montrant des gens qui faisaient sauter du oobleck avec du son. Et ça ressemble à une animation : ça commence à se cabrer, danser et monter… et la chanson pour laquelle on a fait la vidéo, Race For The Bone, est assez répétitive. Donc on aimait bien l’idée d’avoir cette vidéo avec une idée simple : on avait ce oobleck qui dansait, puis on a ajouté quelques trucs et changé l’éclairage, mais globalement c’est juste des mouvements de oobleck qui se répètent tout au long du clip.

Olivier : Et en ce qui concerne la vidéo de Bang Bang Cherry ?

Tom : On s’est beaucoup moins impliqué dans celle-là. C’est Nasheed Faruqui qui s’en est occupé. Elle a découpé des morceaux de films bizarres qu’elle a trouvés sur Internet et qui sont tous des années années 60 (des films éducatifs et des trucs dans ce genre), et elle en a fait une histoire avec cette sorte de wonderwoman diabolique. C’est son interprétation de la chanson.

Olivier : Et est-ce qu’il y a un autre clip en route ?

Tom : On est en train de terminer une nouvelle chanson, qui on pense sera notre prochain single.

Olivier : Et comment s’appelle cette chanson ?

Tom : We Are So Light.

Olivier : Et vous savez quand elle sortira exactement ?

Tom : Aucune idée. On n’a pas encore fini de l’enregistrer mais on va essayer de la terminer au cours des prochaines semaines .

Olivier : Autrement quels sont vos projets ? Vous avez un premier album en préparation ?

Tom : Ouais on essaye d’enregistrer l’album autant qu’on peut à la maison ou dans des studios du coin. Et j’espère qu’on aura fini au début de l’année prochaine. On fait aussi pas mal de concerts, principalement à Londres mais on va bientôt venir jouer en France, aux Transmusicales de Rennes. On est aussi en discussion avec des gens au Japon pour peut-être faire un EP et aller là-bas pour jouer, ce qui serait vraiment marrant à faire. Et puisqu’on parlait de Metropolis, on aimerait bien mettre en place d’autres représentations au début de l’année prochaine.

Olivier : Tu as évoqué les Transmusicales de Rennes. C’est la première fois que vous jouez en France ?

Tom : Ouais, c’est même la première fois qu’on joue à l’étranger.

Olivier : Et dans quel état d’esprit vous êtes par rapport à ça ?

Tom : Impatients. Genre vraiment vraiment surexcités [rires]. Tu sais on a espéré pendant longtemps qu’on aurait la possibilité de le faire. Et ça a été une des meilleures nouvelles qu’on ait eu cette année.”

Le Myspace de Hook and the Twin