L’avantage d’être père de famille en ce 21ème siècle est de pouvoir compter sur les créateurs pour nous proposer de nombreux longs métrages d’animation tout au long de l’année. Le choix est vaste.
Quand j’étais gamin il y a avait le Disney annuel (ou presque), les émissions le mercredi après midi, les dessins animés style "Ulysse 31" ou "Il était une fois l’homme" qui passaient par tranche de 5 minutes chaque soir de la semaine plus l’intégrale le samedi.
A Noël le vénérable Pierre Tchernia nous proposait des bouts de Disney de 2 à 3 minutes. Plus grand j’ai eu le droit aux Tex Avery de Noël ou du nouvel an.
Aujourd’hui mon fils de 7 ans a le choix. En plus des œuvres qui parviennent jusqu’aux salles obscures comme dit précédemment, j’ai au moins 8 ou 9 chaînes sur le satellite qui diffusent des longs métrages et séries d’animation, des émissions destinées à la jeunesse au sens large (ces chaînes ciblent les enfants par tranche d’âge). Et je ne vous parle même pas des supports numériques. Là c’est carrément l’opulence.
Et s’il reste quelques minutes à combler, mon rejeton fait ses devoirs (nan je plaisante, je suis très rigoureux dans ce domaine).
Pendant ces vacances de la toussaint j’ai donc eu toute latitude pour nous concocter un programme d’enfer (madame travaillait hé hé hé)
Lundi dernier nous avons entamé notre petit périple cinématographique avec "Mission G" de Hoyt Yeatman.
Vous savez que ce n’est pas la première fois que nous avons le droit à des animaux parlants au cinéma. La réussite tient souvent à la manière de mettre des éléments en place et surtout à la façon de les réaliser.
"Mission G" se révèle intéressant. Le scénario est cousu de fil blanc mais cela n’empêche pas l’histoire d’intéresser son monde et d’être passionnante à plusieurs niveaux. Le rythme est soutenu. Pas de baisse de niveau à craindre de ce côté-là.
L'action est permanente et les péripéties nombreuses. De ce mouvement perpétuel destiné à nous en mettre plein les yeux naît un véritable suspense.
Les comédiens humains jouent leur partition avec suffisamment de professionnalisme pour se montrer convaincants. Mais les vraies stars du film sont les animaux. Qu’ils soient réels ou de synthèse la petite bande de cochons d’Inde se révèlent bien sympathique.
Les bébêtes sont drôles, dynamiques et réussissent à nous entraîner dans leur sillage. Rien de vulgaire à l’exception de deux trois blagues lourdingues.
Le point fort du film est indéniablement les effets spéciaux qui sont de premier ordre. La séquence d’ouverture ressemble selon moi à celle de "True Lies". Le ton est donné. Ces créatures prennent vie d’une manière remarquable.
L’animation numérique et les animatronics sont réalisés avec le plus grand soin. On en prend plein les mirettes tant le réalisme est au rendez vous.
Un excellent moment de cinéma. Un film pour toutes et tous. Une technique hors pair et un récit fédérateur. "Mission G" se regarde sans fausse pudeur.
Le mardi nous avons assisté à la projection du film "3 amis mènent l’enquête" des allemands Tony Loeser et Jesper Møller d’après une histoire de Helme Heine.
Là nous sommes plus dans le cadre d’un film pour les plus jeunes. Les dessins sont très épurés et pourtant très beaux. L’animation est fluide. Le film met en valeur les thèmes traditionnels de l’amitié, de la fraternité dans l’adversité.
Ces sujets sont traités avec beaucoup d’innocence et de conviction à la fois. Les personnages sont finement caractérisés.
Au départ je me disais que j’étais là simplement pour mon fils mais je me suis vraiment pris au jeu car ces "3 amis mènent l’enquête" est une œuvre pleine de poésie dans les images, de tendresse.
Le tout déborde de bons sentiments et de générosité mais ça n’a pas ce côté rébarbatif qu’ont parfois les longs métrages nord américains. La finesse est présente à chaque image.
A l’occasion : accordez une heure vingt minutes de votre temps à ces trois amis, ils en valent le coup.
Mais le clou du spectacle, la cerise sur le gâteau, la, pièce de choix est assurément "Tempêtes de boulettes géantes" de Phil Lord et Chris Miller d’après un livre de Judi Barrett illustré par Ron Barrett. Nous avons assisté à la projection de ce film samedi (nous aurions dû le voir mercredi, c’est pour cela que je l’inclus dans cette période de "vacances").
"Tempête de boulettes géantes" est l’une des très bonnes surprises de 2009 me concernant.
L’histoire est drôle, inventive, attendrissante. A aucun moment le spectateur ne s’ennuie. Ce long métrage ne ressemble à aucun autre tant il sort des sentiers battus. A chaque seconde il y a une bonne idée qui surgit, une image qui nous donne le vertige.
Le scénario est plein de finesse et de trouvailles. Le récit rebondit sans cesse comme une balle insaisissable. Nous sommes entraînés de bon cœur dans mille directions.
Certes les thématiques insufflées dans ce film d’animation sont universelles mais les deux co-metteurs en scène nous en mettent plein les mirettes avec des idées novatrices.
Constamment le mouvement est au rendez vous. L’animation est d’une fluidité incroyable. Quand la technique sert à ce point une œuvre, il n’y a qu’à s’incliner, à saluer chapeau bas.
Les couleurs sont riches, variées, éclatantes. La dernière demie heure est tout simplement géniale. Nous sommes aspirés par un tourbillon de teintes et de formes.
La bande son participe pleinement à ce régal pour les sens. "Tempête de boulettes géantes" fait aussi saliver les gourmets qui sommeillent en nous. On sort de la projection repu et le sourire aux lèvres.
Le film d’une manière subtile adresse un joli coup de griffes à cette société de consommation qui en veut toujours plus.
A voir absolument et à revoir. Un moment de grâce cinématographique plein de charme et d’humanité.