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L'étrange changement de M.Sarkozy

Publié le 08 novembre 2009 par Christophefaurie

Hier j’entends une discussion entre Daniel Cohen et Jean-Claude Casanova. Il y était question des réformes de N.Sarkozy. Elle semblait tellement bien confirmer mes thèses que j’ai cru qu’ils avaient lu ce blog. Effrayant.

N.Sarkozy n’a pas eu le courage de ses convictions. Au lieu de les annoncer clairement et de susciter un débat national. Il louvoie. Les mises en œuvre des réformes sont tortueuses, pas franches. Elles se font donc par miettes. Ce qui les rend inefficaces. Et ce notamment parce que ceux de qui en dépend le succès ont compris qu’ils pouvaient monnayer leur participation très cher. Ainsi, non seulement la réforme des taxis a été un flop, mais ils y ont gagné de nouveaux avantages.

Curieusement, ces réformes réalisent l’envers de ce qu’elles voulaient atteindre. Autre exemple, l’autonomie des universités :

  • Elle a fait de leurs présidents des despotes sans contre-pouvoirs. Ils sont supposés être l’arme d’une méritocratie dont ils sont un contre-exemple.
  • En termes de recherche et développement, la faiblesse de la France est son université, privée de moyens, pas ses entreprises dont l’investissement est comparable à celui de leurs concurrentes. Les réformes gouvernementales devaient redresser ce dysfonctionnement. Or, le gros des subventions (4,5md€) est parti en crédit impôt-recherche, chez les grandes entreprises, qui n’en avaient pas besoin ! L’Université est toujours aussi pauvre, et les grandes sociétés reçoivent une rente de situation…
  • De même on désirait redresser le déséquilibre université, grande école, en ouvrant aux premières l’accès au fonds de l’entreprise privée. Or ce sont les grandes écoles qui sont les mieux placées pour lever ces fonds, alors qu’elles n’ont que des équipes de recherche médiocres, au mieux.

Étrangement, M.Sarkozy croirait être un efficace réformateur. Peut-être pense-t-il même qu’il fait notre bien à notre insu, et qu’il va nous mettre devant le fait accompli d’une France entreprenante et compétitive, qui aime l’argent et ses entreprises, dont la fainéantise et l’administration ont disparu ?

Ce serait drôle, si cela ne menaçait pas de plomber définitivement le pays, alors que la part de la France dans les exportations mondiales ou européennes ne fait déjà que régresser.

Car les cadeaux (sans aucune contrepartie donc) que fait le gouvernement aux gens qu’il juge méritants (TVA des restaurateurs, « grand emprunt »… à quoi on peut ajouter probablement la taxe professionnelle et le crédit impôt recherche), ont une conséquence à long terme concrète, le déficit structurel. Aujourd’hui, le déficit de la France s’expliquerait pour 50md par la crise (manque à gagner), 15md pour le plan de relance, 100md de déficit structurel (récurrent).

En fait, la crise a servi d’excuse à l’augmentation de ce déficit structurel. Ce sera lui l’héritage du gouvernement. Un héritage qui, seul, signifie que nous sommes, de manière incompressible, au double du niveau requis pour rester dans la zone euro.

Compléments :

  • Ce billet est une illustration parfaite, et surprenante, de ce que mes livres disent sur la capacité au maintien du statu quo des organisations. C’est un exemple bien meilleur que tout ce que j’avais pu trouver en près de dix ans de recherche.
  • Les réformes de notre pays vues de l’intérieur, et quelques explications techniques sur ce qui s’y passe : Changement à la française.
  • Une fois que l'état sera perclus de dettes, nous n'aurons plus de choix, que que de le détruire. C'est peut-être le calcul de N.Sarkozy. Sur la crise utilisée pour nous mettre devant le fait accompli de la réforme ultralibérale, et d’un état uniquement bon à achever d’une balle dans la tête : M.Sarkozy et l'état, Attali m’a tué.
  • Sur la technique sournoise de la mise en œuvre du changement, en miettes : Taxe professionnelle.
  • La logique du déficit heureux : Sarkozy imite Bush ? Après nous le déluge. Et celle de l’évolution du monde (et accessoirement la mienne) Ce blog veut changer le monde.
  • Sur la réforme des universités : Présidence des universités, Dauphine à l’heure romaine, Changement et université.
  • Une fois de plus ce qui me frappe est que le libéralisme est sournois, il ne s’adresse jamais à notre raison, mais cherche à nous manipuler (Conservateur et bolchévisme, Irving Kristol)) : au fond, ne serait-il pas sûr de lui ? Saurait-il qu’il défend des intérêts catégoriels qui ne sont pas universels ? Croit-il qu’il y a des bons et de la canaille, nuisible ?

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