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Sanction administrative

Publié le 30 avril 2007 par Philostrate
Béni soit Canal de nous familiariser chaque semaine avec le jargon arbitral ! C'est vrai, avant, les rencontres de football télévisées manquaient de sérieux. Quand un joueur faisait une faute, le commentateur nous parlait de carton jaune ou de carton rouge. Lorsqu'un défenseur tentait un tacle à la carotide, le journaliste outré stigmatisait ce geste dangereux, risquant de blesser gravement l'attaquant adverse.    Grâce au consultant chargé par Canal de nous éclairer sur les us et coutumes du "corps arbitral" - le corps oui, mais où est la tête ? - ces âges farouches sont révolus. Lorsque l'arbitre porte sa main à la poche, c'est désormais  pour  "appliquer une sanction administrative" au contrevenant pris la main dans le sac ou les crampons sur les genoux de son opposant, c'est selon… Quand un défenseur se laisse emporter et qu'il "porte atteinte à l'intégrité physique de son adversaire", on sait maintenant que ce n'est pas joli, joli et que ça risque de barder pour son matricule. Finalement, c'est un peu comme lorsque vous allez à la sécurité sociale ou à la perception des impôts. Soudain, vous avez l'impression que la personne de l'autre côté du bureau ne parle pas la même langue que vous. Puis, vous réalisez qu'elle dit bien la même chose, mais en plus compliqué, manière comme une autre d'affirmer son autorité et ses compétences.    On imagine la tempête sous le crâne de l'arbitre de district suivant ses matches du week-end sur Canal. Quand vient son tour d'officier sur le terrain d'Argenton-sur-Oise ou de Trifouillis-sur-Sioule, quand la rencontre tourne à l'orage, que doit-il dire pour éviter la bataille rangée ? "Messieurs, il faut savoir raison garder. Si l'un de vous porte atteinte à l'intégrité physique de son adversaire, je serai contraint d'appliquer des sanctions administratives !" À l'arrivée, il risque fort de rentrer au vestiaire en courant, mais avec style, il faut bien le reconnaître…    Trêve de plaisanterie, à quoi sert le consultant arbitral sur Canal ? À donner l'impression aux journalistes, qui par mimétisme adoptent son jargonnage administratif, d'avoir soudain des lettres ? Peut-être. En réalité, il ne répond à aucune fonction, si ce n'est de remplir un espace laissé vide jusque-là. Car lorsque l'arbitre est bon, le consultant ne peut que chanter ses louanges, ce qui à la longue est agaçant. Et lorsqu'il est mauvais, que le quinzième ralenti ou le troisième angle de caméra prouve son erreur sur un pénalty ou une expulsion, c'est profondément injuste puisque l'homme de terrain ne dispose évidemment pas de tous ces outils qui, même à l'écran, ne suffisent pas toujours à trancher la question !  Mais il faut voir le bon côté des choses : la pratique permet au moins à d'anciens hommes en noir de faire des piges en oubliant parfois, qu'il n'y a pas si longtemps, c'était eux que l'on traitait de tous les noms d'oiseaux à la moindre hésitation. De l'art d'être du bon côté du manche en somme…

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