« La vie ici n'est pas la vie, c'est un gaspillage lugubre du temps »
J'ai pensé à elle souvent. J'ai mis ce livre de côté pour le découvrir à sa libération. Je ne pouvais pas lire cette lettre en sachant qu'elle était là-bas, avec tant d'autres, quelque part, en train d'attendre depuis bientôt 7 longues années.
Au fond de la jungle, Ingrid écrit à sa maman, sa Mamita adorée, qui lui parle tous les matins par le biais de la radio. Rapidement, elle lui dit être vaincue. Elle s'est battue durant ces six années de captivité, aujourd'hui elle pense que sa mort serait « un soulagement pour tout le monde ».
« Je sens que mes enfants mènent une vie en suspens en attendant que je sois libre, et ta souffrance quotidienne, celle de tout le monde, fait que la mort m'apparaît comme une option douce. »
Ingrid explique ses journées et raconte combien l'émission dominicale La voix des séquestrés lui est précieuse et essentielle.
« Je dédie ces lignes aux êtres qui sont mon oxygène, ma vie. A ceux qui me maintiennent la tête hors de l'eau, qui ne me laissent pas couler dans l'oubli, le néant et le désespoir. Ce que vous avez accompli pour nous fait toute la différence: nous nous sommes sentis des êtres humains. »
On pourrait presque croire lire la lettre d'une maman comme une autre lorsqu'elle insiste auprès de ses enfants pour qu'ils ne renoncent pas à leur Doctorat. Puis, elle raconte avec émotion la découverte de la voix de son fils, entendue à la radio, une voix qui ne ressemble en rien à celle du petit garçon qu'elle a dû laisser derrière elle.
Avec humilité et sincérité, elle remercie du fond de son être un nombre incroyable d'hommes et de femmes qui l'on directement ou indirectement soutenue. Elle fait part de ses rêves de changements pour la Colombie et parle de son lien avec la France. Tout au long de cette lecture, un terrible sentiment de fin nous envahit. Ingrid Betancourt fait ses adieux.
En guise d'épilogue, la réponse de ses enfants nous fait comprendre le joli pluriel du titre. On sent l'amour, la force, la peur, la colère et l'urgence.
« Dans cette jungle qui te retient, tout est loin, même le soleil. Tout fait mal, tout est inhumain. Pourtant, rien de plus vrai et de plus juste que les mots que tu as su trouver. Maman, tu nous a réveillés. Tes souffrances sont devenues les nôtres, ton désespoir est désormais notre urgence, ton amour et ton courage sont notre force. Aujourd'hui, je comprends ce que signifie être libre. Nous sommes tellement fiers de toi, maman. Toi qui souffres et te bats tous les jours dans l'humilité, toi qui trouves encore la force de refuser de jouer le jeux de tes ravisseurs, sois-en persuadée : tu nous grandis. Tu nous a tous grandis. On ne pourrait écrire plus belle lettre d'amour à ceux que l'on aime. Je me blottis contre la douceur de tes mots, et je me le répète : Tu es vivante ! Tu es vivante ! Mais je sens aussi se réveiller en moi une angoisse trop forte. Maintenant que je te sens si proche, j'ai peur de te perdre à nouveau. »
Aujourd'hui et c'était à prévoir, des déclarations, des livres, des rumeurs et ragots présentent Ingrid Betancourt sous un autre jour. Attention exclu ! L'icône n'est pas la sainte que les médias nous ont présentés et que nous avons voulu croire. Quel scoop ! Voilà une femme avec ses qualités et ses défauts qui s'est battue pour survivre dans les ténèbres. Quoi qu'elle ait fait, je ne suis pas juge et en lisant sa lettre, je ne peux que m'incliner devant une telle leçon d'humanité.
La polémique décrite objectivement par Le Point
J'ai longuement recherché un site et une action de soutien aux actuels otages des Farcs ainsi que leur nombre actuel mais je n'ai hélas rien trouvé. N'intéressent-ils plus personne depuis la libération d'Ingrid Betancourt ? Êtes-vous au courant ?
Par Theoma - Publié dans : Romans français - Communauté : Lecture sans frontièresEcrire un commentaire 3 - Voir le commentaire - Voir les 3 commentaires - Recommander Précédent : Destination vendredi en Norvège ! (6) Retour à l'accueil