Le Jeunet nouveau est arrivé. Ah tiens, on l’aurait presque zapper après Un Long Dimanche de Fiançailles (rappelez vous!). Jean-Pierre Jeunet, auteur de films autre qu’Amélie Poulain donc, n’est pas retourné aux USA mais est bien resté en France pour monter ce Micmacs à Tire-Larigot franco-parisien (mais financé par Warner) reprenant les tics et tacs de son réalisateur pour un film qui retourne à ses racines.
Dans l’ambiance actuelle du cinéma français, on a presque l’impression que la multiplication des zéros au budget équivaut avec une réduction drastique des idées. Bilan, pour ne citer personne, un cowboy solitaire et un héros de pellicule au placard. Le Petit Nicolas passe la classe supérieure, de justesse. Nous voici avec le retour du fils prodige, celui qui a épaté la galerie avec Amélie, et a un peu endormi son monde avec son weekend à la guerre. Revenu sur le devant de la scène avec pour acteur principal Jamel Dany Boon, nouvel étendard du cinéma français, Jean-Pierre devait réussir. Et pour le coup, pas de sans faute. On retrouve le réalisateur d’univers décalé et souriant, où les petites gens et les petits détails foisonnent dans un combat contre les méchants capitalistes. Tout ça sur un fond plutôt comique, formaté 20h50 mais dans un joli cadre.
Micmacs nous présente Bazil, une balle dans le crâne et rejoignant tout sourire une bande d’exclus vivant dans une casse, pour mener le combat contre la société d’armement responsable du matériel qui le tient dans une mort soudaine de chaque instant. Bizarrement, aussitôt cité, cette théorie est oubliée. On passe à l’action durant 1h45 où notre bande de joyeux drilles plutôt sympathique (Jean-Pierre Marielle, André Dussollier, Yolande Moreau, Julie Ferrier, Omar Sy, Nicolas Marié..) se démènent dans un plan à tiroirs pour faire tomber les pontes de méchantes sociétés. C’est gentil et drôle, pas compliqué pour un sou ; ça rassemble tout le monde. Il y a un peu d’Amélie dans tout ça, c’eqt mignon, mais surtout une volonté d’en revenir aux premiers films du cinéaste, type Delicatessen, sans la noirceur d’un Caro. Moins complexe, moins triturée, Micmacs se regarde comme un rien, sans ennui ni frayeurs. D’ailleurs on cherche le problème, le rebondissement, l’anxiété, mais rien de tout ça ici. Place au spectacle!
En résumé, un joli film sans prise de tête, qui séduira pour sa capacité à nous faire passer un bon moment, mais dont on ne retiendra pas grand chose si ce n’est quelques acteurs à bonnes têtes et de jolies images. Reste que Jeunet mériterait de prendre des risques et nous épater comme il a su déjà le faire. On attend.