L'Identité Nationale : une religion ?

Publié le 07 novembre 2009 par Yvesd

Moëz Karoui est un universitaire tunisien et un lecteur assidu de "Restons Correct !" qui vit principalement en France. Un pied à Paris l'autre à Tunis : ça donne une contribution éclairée et éclairante au débat sur l'Identité Nationale "à la française". Suffisamment pour que ce soit lui qui signe notre billet du jour, dépourvu pour une fois de (vraie) galette-saucisse... Merci Moëz.

Je suis né, semble-t-il Capsien, puis, je suis devenu Imazighen puis encore Cananéen. Les Grecs m'ont appelé « Phénicien ». J'étais un bon marin et j'aimais voyager, je me suis mis à créer de nouvelles villes : Carthage, Carthagène, Cadis ...
J'ai même découvert l'Amérique, mais personne n’a voulu me croire et un jour, j'ai voulu en découdre avec Rome, alors je les ai assiégés, avec mes éléphants.
Manque de pot, la CIA n'existait pas car, à une semaine près, ils capitulaient et le monde n'aurait pas été romain ! J'ai donc levé le siège et ils m'ont poursuivi. Ils avaient tellement la trouille que je recommence qu'ils ont détruit Carthage, ma capitale, et qu’ils ont versé du sel dessus, pour que plus rien ne repousse, et j'ai été converti à leur religion, alors que j'adorais Baal. Puis les Vandales sont arrivés, et m'ont converti à l'arianisme : une sorte de christianisme non polythéiste. Puis ce furent les Byzantins et rebelote avec mes potes les Romains. Puis les Arabes sont arrivés et m'ont converti à l'Islam. Ce ne fut pas simple : il a fallu trois expéditions pour venir à bout des Byzantins et de la Kahéna, ma prêtresse berbère dont on dit qu'elle était juive. ! Ainsi passérent des dynasties, toutes aussi puissantes les unes que les autres, Aghlabides, Fatimides, Zirides, Almohades, Hafsides, bref, j'adoptais la raison du plus fort, avais-je le choix ?
Puis les Ottomans sont arrivés sans rien imposer, même pas leur langue. Par chance, ils étaient musulmans et avaient d'autres chats à fouetter avec les Ibériques.
Alors que les Français qui sont arrivés quatre siècles après, ne se sont pas du tout gênés pour me l'imposer, leur langue !!! Ils auraient bien voulu me convertir à leur religion, mais ma résistance fut farouche et acharnée. En vérité j'en avais marre de ces conversions. Alors je partis au pays des « Francs ». On disait, qu'ils étaient respectueux des croyances de chacun.

Et voila que leur Président d’origine hongroise me demande d'effacer ma mémoire vieille de cinq mille ans pour me convertir à une nouvelle religion : l'Identité Nationale…