Soyons lucides : Sarkozy est pour l'instant plus qu'en mesure de l'emporter au second tour.
Ce serait une catastrophe.
Beaucoup de mails "anti-Sarko" circulent sur le net ces temps ci. Mais le plus souvent, ils oublient l'essentiel, à savoir le programme sur lequel se présente Sarkozy. Il faut donc le rappeler : si Sarkozy passe, le menu est établi.
1) Pour les ouvriers, les employés, c'est la fin du contrat de travail à durée indéterminée au profit d'un "contrat de travail unique" apparenté au C.N.E. C'est aussi la fin de la dure légale du travail .
2) Pour tous les travailleurs, à commencer par ceux des transports, c'est la remise en cause du droit de grève.
3) Pour les étudiants, c'est l'instauration de l'autonomie des universités, une privatisation rampante, avec son corollaire, la sélection
4) Pour les agents de la fonction publique, c'est 250 000 suppressions de postes en 5 ans (avec les conséquences qu'on imagine au niveau de l'enseignement public, où, là aussi, Sarkozy prône l'autonomie, c'est-à-dire le démantèlement).
5) Pour les travailleurs des entreprises publiques, c'est la fin des régimes spéciaux de retraite.
6) Pour tous, c'est un nouvel allongement de l'âge de la retraite, de la durée de cotisation.
7) En matière de libertés publiques, de nouvelles lois sont annoncées pour, encore, renforcer les pouvoirs de la police. On sait que Sarkozy se vante de pouvoir détecter les délinquants dès la crèche, les pédophiles avant même qu'ils naissent! Le glas sonnerait pour l'ordonnance de 1945 qui considère qu'on peut faire quelque chose d'autre pour les mineurs délinquants que les condamner à la délinquance avec alternance de passage en prison.
8) Concernant les immigrés, alors que Sarkozy s'est déjà illustré en faisant arrêter des enfants scolarisés dans leur école, dans leur classe, un nouveau ministère rappellerait l'époque de Vichy, celui de "l'identité nationale et de l'immigration".
Huit raisons, donc, qui ne relèvent ni du fantasme, ni de l'extrapolation, et lui devraient pousser l'immense majorité à renvoyer Sarkozy à sa mairie de Neuilly sur Seine.
Une dernière: si Sarkozy passe, les conditions politiques seront réunies pour voir le PS voler en éclats, et le PCF disparaître. Ce n'est pas par sympathie pour ces derniers qu'il faut s'y opposer, mais pour éviter l'américanisation de la scène politique française, la disparition, même ténue, de toute possibilité de formuler une alternative politique un tant soit peu sérieuse.
Alors, oui, en face du gourdin, il y a la gourde. Et cette dernière n'a rien eu de plus pressé que de chercher à s'allier avec l'UDF, c'est-à-dire avec ceux qui ont soutenu l'essentiel des "réformes" depuis 2002, ceux qui, au niveau des parlementaires, se sont presque tous ralliés à Sarkozy. Il y a son programme imbuvable, et le reste.
Mais il est évident que, sans se faire la moindre illusion sur Mme Royal, son élection serait due d'abord et avant tout au rejet de Sarkozy, et cela marquerait forcément les rapports politiques et sociaux dans ce pays. En un mot : rien ne serait réglé, mais l'air ne deviendrait pas irrespirable.
Alors, donnons nous de l'air, votons Royal pour conjurer la catastrophe imminente.