Le sujet de cette publie-là, je ne voulais pas l'aborder, enfin pas en détail au point d'en faire un article, parce que bon, ben y a rien à dire (en bien, je veux dire). Mais lorsque mes potes ont vu mes photos, celles que j'ai faites malgré-moi (enfin presque, z'allez-voir), qu'ils ont insisté pour que je les mette en ligne, alors je me suis dis que puisque j'ai une rubrique spéciale pour, genre "sans plus" la rubrique, alors pourquoi pas après tout. Du coup, ci-joint quelques photos prises sur le vif par moi-même du papàprague. Et pour info, Marie-Patch voulait m'en acheter l'exclusivité pour une somme particulièrement rondelette, de mes clichés, mais j'ai refusé pour les mettre gratuitement sur mon blog. C'est pas de la charité chrétienne ça?
Samedi 26 septembre, Benoît devait venir serer la paluche en cire du p'tit Jésus de Prague en l'église Ste Marie de la victoire, et lui apporter une petite couronne en or pour sa tête de chérubin-Barbie (sans dec, jouer à la poupée à son âge!). Et comme c'est à seulement quelques coups de pied au cul de chez moi, je me suis dit que je pourrais y mettre un oeil curieux, histoire de fixer la trogne papale sur la pellicule numérique (des fois que ça serve un jour aux générations futures). J'arrivai sur place 1/2h avant la venue du s'imper (mais hâble), et le délire dans la rue était déjà patent (mais presque): y grouillaient vendeurs d'amulettes sacrées et de saint-grigris, y foisonnaient distributeurs de livres cathos au prosélytisme sournois, y flânaient des badauds curieux juste venus voir (genre moi), et s'y trépignaient les vrais fanatiques opiniâtres, ceux qui avaient parcouru des distances indécentes à pied comme en véhicule pour voir Benoît en personne. Ah oui, et j'oublie le service d'ordre, plutôt gras en l'occasion, lui aussi était là. Et tandis que je m'en cherchai un coin pour moi, que je me baladai sur l'avenue (le coeur ouvert à l'inconnu), je remarquai un truc curieux: les vendeurs de bondieuseries semblaient majoritairement Ibériques ou Lusitaniens, les dispensateurs du "Jésus t'aime d'amour saint-cère" étaient majoritairement Germains (ils parlaient ainsi entres-eux) et les pèlerins fanatiques, z'allez pas le croire, mais ils étaient majoritairement Français (l'archétype de la famille Le Quesnoy, si ça vous parle). Dingue non? C'était soudainement le retour en Bohême de l'inquisition d'Espagne, des chevaliers teutoniques et des évêques sorbonniens, délire... Alors en attendant la vedette, j'essayais toujours de trouver une bonne place, et même pas la meilleure tout devant, la place (peine perdue), je me contentais d'une assez loin (j'avais mon zoom 300 mm sur l'épaule). Rien à faire, dès qu'un bout de rue permettait une moindre visibilité, un fanaticatho s'y foutait devant avec son chiard sur les épaules. Et ils levaient les mains pour photographier au dessus de la foule sans cadrer, avec des appareils pourraves de beaufs, genre la photo à jeter tellement tu ne vois rien. Le délire. Et le pape n'était même pas encore là (enfin je croyais, mais une fois mes photos sur mon ordi...). Alors au bout d'un moment, agacé et pas suffisamment intéressé, je fis demi-tour et m'en rentra maison, où m'attendait ma tendresse pour partir en week-end prolongé à Dresde.
Lundi 28, en fin de journée, on s'en passait vers 16h en la rue "Národní", et juste au croisement d'avec la rue "Voršilská" (la rue d'Ursule, ça ne s'invente pas). A nouveau un peuple pas possible: mais c'est bien sûr, la nonciature. Eh ouais, un pape c'est pas comme une Madona qui crèche au Mandarin, un pape ça en écrase à son ambassade, i.e. la nonciature, parce que c'est pas dans l'usage qu'il aille bâfrer ventru dans une auberge, boire sans soif dans une taverne, pour se terminer en jam au trombone dans une boîte de jazz à l'instar d'un certain président américain qui n'a jamais fait le sexe avec Monika. Et justement, avant de quitter notre République, Benoît était revenu à l'hôtel chercher son pyjam, sa brosse à dent, et remercier le nonce pour lui avoir passé l'aspirateur sous le lit pendant qu'il était à Rome (le Benoît). Alors on n'est pas resté, parce qu'à nouveau trop de quidams, pas assez de visibilité et quelques bières nous attendaient un peu plus loin. C'est au retour dans l'autre sens de la même rue d'au même endroit qu'on s'arrêta un peu plus longtemps, parce que l'auguste délégation de nombreux véhicules était toujours là, et que si l'ensoutané ne voulait pas s'en rater l'avion, il s'en devait quitter la ville fissa-fissa, pensais-je. Ma sagacité fut récompensée à peine quelques minutes plus tard, lorsque le lourd convoi se mit en branle aux sons des sirènes de police: ouin-ouin, ouin-ouin... Je mis mon appareil sur l'épaule, et tchac tchac tchac... à la cadence de 3 clichés seconde. "Di diou, s'il n'est pas sur une des photos, c'est qu'il n'est pas dans la caravane ce touareg-là" me disais-je. Le résultat? Ben vous pouvez voir sur cette publie. J'ai dû un peu traficoter la lumière, parce qu'un pape (même blanc) au travers des vitres noires teintées ça ne se voit pas trop, mais une fois éclaircies on le reconnaît bien quand même non?
Sinon lorsque Benoît est arrivé à Prague, il n'a pas pu s'empêcher de commencer par dire des conneries, que je vous ai trouvées en intégralité sur son blog. Je ne vais pas m'attarder dessus, mais j'aimerais préciser à sa benoîte béatitude (ou sainteté, chez plus comment qu'on dit en Protocole) quelques points qui ont du lui échapper dans l'histoire du pays et du monde.
Le pape: "Cela me rappelle que la culture tchèque est profondément pénétrée par le christianisme [...]"
Moi: "Ah ouais, mais c'est pas vraiment une volonté du peuple mon chéri, la pénétration chrétienne lui fut imposée par tes sbires et tes jésuites à l'aide des mêmes méthodes pratiquées plus tard par la chienlit con-muniste: à sec avec du sable comme on dit dans certains milieux que tu réprouves, genre viriles pas correctes les méthodes."
Le pape: "Même si toute la culture européenne a été profondément modelée par son héritage chrétien, ce fait est particulièrement vrai en cette terre tchèque [...]"
Moi: "C'est faux mon chéri, la culture tchèque a été profondément modelée par son héritage tout court. La République Tchèque est le pays le plus athée d'Europe, ce qui te fait peut-être de la peine, mais c'est ainsi. Et ne me dis pas que tu l'ignorais avant de venir?"
Le pape: "Tout au long de son histoire, ce territoire situé au coeur du continent européen, au carrefour du nord et du sud, de l’est et de l’ouest, a été un point de rencontre pour différents peuples, traditions et cultures. Sans aucun doute, cela a provoqué quelquefois des frictions [...]"
Moi: "Dis-donc mon cochon, les frictions n'étaient clairement pas le fait du point de rencontre des différents peuples, traditions et cultures dont tu parles, mais bien au contraire: elles étaient à l'origine de la richesse du pays. L'origine des frictions était toute autre, tiens, souviens-toi un peu. Qui refusait la cohabitation oecuménique sur les terres de Bohêmes? Qui poussaient les uns à mettre sur la gueule des autres? Qui jetait de l'huile dans le feu de la politique? Je ne me souviens pas de croisades juives envers les hussites? Je ne me souviens pas non plus d'une ligue protestante contre la Bohême? Je me souviens encore moins d'un quelconque interventionnisme musulman, bouddhiste, scientologique... dans les affaires du pays?"
Le pape: "Sans Dieu, l’homme ne sait où aller et ne parvient même pas à comprendre qui il est (Caritas in veritate, 78)."
Moi: "Alors là, j'ai envie de distribuer de la claque comme au palais Garnier. Je pourrais en écrire des pages sur ce sujet, mais je vais faire concis. Je refuse catégoriquement que la soumission religieuse et le fatalisme des faibles prennent le dessus sur la liberté humaine. C'est l'homme qui a inventé dieu, la loi, et le coup de pied au cul dans le but mesquin, mais précisément humain, d'asservir et d'esclavager son entourage pour son propre confort. Que ceux qui ne partagent pas cette opinion continuent à tolérer les élucubrations papales. Personnellement, je n'aurai pas assez d'une vie pour comprendre le monde, alors pas l'temps à perdre avec des conneries infantiles."
Le pape: "Monsieur le Président, je sais que vous voulez que soit accordé à la religion un rôle majeur dans les affaires du Pays."
Moi: "Non mon chéri, là, tu te fous la crosse dans l'oeil jusqu'à l'anus, le bout tordu en colimaçon avec. Ce que tu affirmes est faux, archi-faux, et je te le prouve. Sais-tu seulement que les accords entre la République Tchèque et ton ministère n'ont toujours pas été signés depuis moult années? Sais-tu que comme pour Lisbonne, Tatav a scotché son véto sur l'accord (que cette fois-ci je lui donne entièrement raison)? Sais-tu seulement pourquoi? Pour ceux qui lisent le Tchèque, la réponse se trouve là. Pour les autres, les principales raisons sont que Tatav n'aime pas le préambule qui amalgame l'histoire tchèque et catholique (et paf, tiens, cf. plus haut), il n'apprécie pas le droit de regard que s'adjuge l'église sur l'enseignement catholique dans les écoles tchèques, etc, etc... Alors Benoît, ne viens pas me raconter des salades, et surtout ne me dis pas que tu n'étais pas au courant. Tu ne lis pas les journaux? T'as personne pour t'informer ou quoi? C'est dingue d'être de mauvaise foi à ce point."
Le pape: "Le drapeau présidentiel qui flotte sur le Château de Prague proclame la devise Pravda Vítĕzí (la Vérité triomphe): je souhaite sincèrement que la lumière de la foi continue à guider cette nation [...]"
Moi: "Sans dec, t'as vraiment aucun scrupule Benoît, pas la moindre honte? La foi qui a guidé la nation il y a plusieurs siècles de cela n'était pas de ton église, et c'est justement pour faire capoter le triomphe de la vérité que tes prédécesseurs ont brulé, excommunier, et foutu le bordel dans l'Europe. Mensonge, concussion, intrigue et hypocrisie étaient de règle afin que la race des évêques catholiques puisse conserver ses énormes privilèges matériels accaparés par l'imposture et l'escroquerie durant des siècles auprès de la servile plèbe ignorante. Les choses ont peut-être (un peu) changé aujourd'hui, en tout cas pas grâce à ton ministère. Alors venir parler de foi et de vérité, sorry, mais ça sent le pied au cul jusqu'à la mise sur orbite cet' histoire-là"
Le pape: "Le véritable progrès de l’humanité est servi au mieux justement par cette alliance de la sagesse de la foi et de l’intuition de la raison."
Moi: "Eh ouais la servile plèbe ignorante ébahie devant la rhétorique sophistique. Alors soit la traduction est contestable, soit à nouveau tu nous prends pour des cons. Tu crois qu'on n'a pas lu Platon, qu'on n'a pas entendu parler de Socrate, Gorgias, Polos, Protagoras, Thrasymaque et des autres? La sagesse de la foi dont tu parles, c'est comme l'imbécilité de l'intelligence. Définitions. Sagesse: Connaissance du vrai et du bien, fondée sur la raison et sur l'expérience. Foi: Croyance aux dogmes de la religion. Dogme: Proposition théorique établie comme vérité indiscutable par l'autorité qui régit une certaine communauté. Pour faire simple: sagesse = connaissance, raison, expérience. Foi = croyance, théorie, argutie. Antinomique un brin non? Ensuite l'intuition de la raison. A nouveau, définitions. Intuition: action de deviner, pressentir, sentir, comprendre, connaître quelqu'un ou quelque chose d'emblée, sans parcourir les étapes de l'analyse, du raisonnement ou de la réflexion. Raison: Intelligence en tant que source de l'activité conceptuelle et visant à la connaissance discursive; faculté qui ordonne discursivement les faits et les notions, qui démontre, qui calcule. Pour faire simple: intuition = pressentiment, subjectif, inné. Raison = connaissance, logique, s'acquiert. Antinomique un brin aussi, non? Tu ne serais pas pape, Benoît, j'aurais tendance à considérer cette phrase comme une pointe d'humour, mais sachant que l'humour est à la fonction papale ce que la crotte de chien est à la brosse à dent, j'ai bien peur que tu ne lui souhaites pas un bel avenir, au véritable progrès de l’humanité."
Bien, j'en reste là parce que j'ai perdu suffisamment de temps avec ces couillonneries. Pour ceux qui voudraient plus de détails sur la visite pas pale, ci-joint les liens vers un site qui vous dit tout bien plus en détails: lecture 1 et lecture 2. Benoît, si jamais tu lis ma publie: "si dieu existait, il n'aurait jamais permis que les huîtres soient si chères à Prague".