Un profond malaise a saisi l'Amérique en découvrant le profil de l'officier Nidal Malik Hasan, responsable de la plus grande tuerie jamais perpétrée sur une base de l'armée américaine. Ce psychiatre militaire, musulman d'origine palestinienne né il y a trente-neuf ans en Virginie, a passé dix ans sous l'uniforme avant de tirer sur ses compagnons d'armes à Fort Hood (Texas) aux cris d' "Allah akbar !"
En attendant les réponses de l'officier meurtrier, soigné dans un hôpital civil, les détails fournis par ses proches indiquent qu'un conflit intérieur a pu miner sa personnalité, le poussant à trahir sa "famille militaire" au nom de sa foi. Appelé à être déployé prochainement en Irak, Hasan ne cachait pas son inquiétude et son opposition à cette guerre contre des musulmans. Des messages Internet signés du nom de Nidal Malik Hasan avaient d'ailleurs retenu l'attention des services de renseignement. L'auteur y expliquait que les islamistes auteurs d'attentats suicides devaient être comparés aux soldats occidentaux se jetant sur des bombes pour sauver leurs camarades... Des déclarations qui suscitent un débat sur la surprenante incapacité de la hiérarchie militaire à se pencher sur la radicalisation idéologique d'un officier en partance pour l'Irak.
Quand il habitait en Virginie, lieu d'une communauté musulmane connue pour abriter nombre de radicaux, Hasan pratiquait régulièrement sa foi. Curieusement, sur un formulaire lui permettant de trouver femme à travers la mosquée, il avait indiqué être de nationalité palestinienne plutôt qu'américaine.
Selon son cousin, Nader, et sa tante, Noël, il disait souffrir d'ostracisme depuis les attentats du 11 septembre 2001 et se querellait souvent avec d'autres soldats à propos des guerres d'Irak et d'Afghanistan. Selon la chaîne ABC, le psychiatre était surnommé "Camel Jockey", une insulte raciste, par certains de ses collègues. "Il avait embauché un avocat militaire pour tenter de résoudre le problème. Il était prêt à rembourser l'État pour pouvoir quitter l'armée, mais il était arrivé au bout de ses possibilités", a expliqué son cousin.
Si la thèse d'un acte isolé est privilégiée, la piste terroriste n'est pas exclue par l'enquête. Quelle qu'en soit l'issue, la tragédie de Fort Hood pose de manière abrupte la question du contrôle des musulmans enrôlés dans l'armée américaine et de leur recrutement. Elle remet aussi au cœur du débat ces troubles psychologiques qui agitent une armée soumise à la pression de missions à répétition tenues pour responsables de la forte progression des suicides (128 en 2008). Autant dire que la tuerie de Fort Hood ne va pas faciliter la tâche d'Obama au moment de se prononcer sur l'envoi de troupes en Afghanistan.
Source du texte : FIGARO.FR