" Pas de trève dans la lutte qui n'a pas d'âge " [ Michel Granier ] - L 'analyse du camarade Aloys :
France Télécom ... POURQUOI ?
Nous voilà rassurés ! Mme. Christine Lagarde, ministre des finances, vient de renouveler sa confiance (1er oct. 2009) à M. Lombard, P.D.G. de France Télécom, avec force compliments. Pensez donc ; ce beau monsieur a « limité » à 24 le nombre de suicides réussis en 18 mois dans son entreprise, jadis publique, contre 29 en 2002, et passé sous silence les 14 tentatives révélant les mêmes stress. Il a aussi découvert que le stress est un problème strictement personnel, comme chacun sait, donc pas le sien ou celui de son staff organisationnel.
On sait aussi, puisqu'ils nous le disent et le font croire :
- que les hommes de pouvoir, politique ou économique, ne peuvent pas avoir tort !
- que les salariés « ex-publics », déformés par le Service aux Citoyens, n'ont pas le sens de la concurrence et de la compétitivité.
- que le seul critère valable d'une entreprise s'évalue exclusivement en bénéfices financiers (non en vies, en plaisir de travailler ou en satisfaction des « clients »)
Alors d'où viennent ces cascades de suicides hier chez Renault, aujourd'hui à France Télécom, très prochainement au Pôle-Emploi, demain à La Poste... ? Permettez à un petit enseignant du Droit du Travail de risquer son analyse :
- 1°) La discrimination syndicale a déjà réduit à 2% la syndicalisation dans le privé sans que cela ne pose de problème à grand monde. Sa dénonciation est un peu molle des genoux ; et le « locataire de l'Elysée » en rit.
- 2°) On a réduit les moyens et la voilure d'action de l'Inspection du Travail.
- 3°) On a également réduit la Médecine du Travail (visites espacées à 2 ans et parfois par des infirmiers) ; on l'a même déformée jusqu'à ce que les Médecins du Travail des grosses structures soient des salariés de ces entreprises ; facile pour monter des dossiers délicats et accusateurs au besoin !
- 4°) On a facilité les modalités de licenciement dans le nouveau Code du Travail, retricoté en quelques mois par les seuls parlementaires sur ordre de l'Exécutif.
- 5°) Mondialisation et actionnariat ouvrent le marché à des délocalisations sauvages en toute légalité : le Traité de Gouvernance Européenne, rejeté par référendum citoyen et ré-imposé gouvernementalement par la fenêtre, invitant à ces concurrences débridées.
- 6°) Glissement à marche forcée et par étapes très étudiées des Services Publics en concurrence « privée » : c'est à dire glissement des responsabilités de l'Etat en bénéfices de Sociétés Privées Capitalistes. Ex. Renault, France Télécom, Air France, La Poste... jusqu'à l'hospitalier et l'Education qui en sont menacés ! Tous les pays qui sont passés par là (Grande Bretagne, Suède...) en mesurent les dégâts, en termes d'économie, de services et d'embauche !
- 7°) On taille des restrictions dramatiques de personnels partout ; déjà 70 000 à France Télécom, 40 000 à La Poste, quelques centaines de milliers à l'Education (je ne dispose pas encore des chiffres pour les services hospitaliers), etc...
- 8°) On pousse au « travailler plus » sans frein ni mesure. Les nouveaux managements enfilent et additionnent les cadences, les surveillances, les chronos, les évaluations à répétition des « personnes » individuellement (sans sens d'équipe !)...
- 9°) Constatant évidemment une explosion des accidents et maladies du travail (par ex. et illustration 1,5 mort par jour dû au travail en France), on ose inventer deux mesures qui défient toute imagination, toute humanité :
- On paie des médecins particuliers d'officines privées pour vérifier la légitimité d'arrêts décidés par des médecins « normaux ».
- On songe même (en cette mi-octobre 2009) à fiscaliser les indemnités des maladies et accidents du Travail, intouchables avec l'ancien Code !!!
Toutes ces mesures, décisions, lois et décrets passent à une telle vitesse qu'on les oublie vite au tourne-page du quotidien. Relevez-les et regardez-les en enfilade ; l'ensemble fait système. Un système qui fait peur. Tout ce qui est avancé là est parfaitement vérifiable.
Une science fondamentale du travail, l'Ergonomie, nous apprend (nous apprenait) le point d'équilibre permettant le maximum de rentabilité entre « L'homme » et « La machine », le dosage de la fatigue de l'homme à ne pas dépasser sans risque (pour l'homme et pour l'entreprise !) et de l'utilisation de l'outil. La rentabilité économique même de l'entreprise est au prix de cette sagesse professionnelle, apparemment oubliée.
Monsieur Lombard, P.D.G. de France Télécom, n'est sûrement pas un grand ergonome, mais il a très bien compris et utilisé le sens du vent capitaliste, « vent mauvais » qui souffle avant, pendant et, parions-le, après ce qu'on appelle la « crise ». Il aura bien mérité les compliments de la ministre, une augmentation, voire... des « bonus » !?
Tentant presque de nous le faire passer pour un virus contagieux tel H1N1, à quand un vaccin contre le stress des Esclaves du Travail ?
Aloys Carton - Gattières (06) - Octobre 2009
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