Pas facile d'être ministre du travail, d'être surnommé sous-commandant Darcos, de se battre pour la féminisation des cadres dans les grandes entreprises et de partager la tablée avec la turbulente secrétaire d'État aux sports, Rama Yade. Dans le collimateur de ses partenaires de fonction, aussi bien féminins que masculins, et plus du tout en odeur de sainteté auprès du petit guide suprême en personne, elle n'a rien à battre de l'opinion des uns et de l'autre. Une forte tête, cette fille d'enseignants dont le papa n'était autre que le bras droit et secrétaire particulier de Léopold Sédar Senghor. Pour le reste, une bonne carriériste. Le bon choix, au bon moment.
Rien que pour le plaisir de voir le dépit de certains, j'aimerais que sa superbe plastique quitte le perron gouvernemental, laissant le chef de l'état ruminer sa phrase favorite : « les ministres iront là où on leur dira d'aller. » Comment faire autrement quand on émarge à vingt mille euros net par mois et que l'on souhaite continuer l'aventure au-delà de 2012 ?
Une dirigeante UMP courageusement anonyme n'est pas la dernière à lui chercher des poux dans la coiffure. A propos d'une histoire de cuisine électorale, elle lâche (elle avait bu un coup de trop ou quoi ?) : « Rama Yade dans le Val-d'Oise fera bien plus couleur locale que dans les Hauts-de-Seine. » La chose est d'un fascisme scandaleux dans la bouche d'une responsable politique. Apparemment la lionne de la Téranga aurait tendance à indisposer les femmes de son parti. Jalousie ? Il n'empêche que ces sorties d'un type nouveau au sein de l'équipe dirigeante (après les déclarations d'Hortefeux sur les « auvergnats ») ont poussé la lionne à sortir un coup de patte magistral qui a fait son buzz dans les médias : « je refuse ce parachutage ethnique ».
Il faut savoir que le gouvernement auquel appartient la lionne ne fait rien pour calmer l'impétueuse secrétaire d'État. Ce serait plutôt le contraire. Voici que sans la consulter, le gouvernement décide de se passer de son jugement et vote un amendement afin de faire casquer les sportifs de haut niveau en leur sucrant l'exonération des charges dont ils bénéficiaient jusqu'à présent, ce qui en termes comptables rapporte à l'état 138 millions d'euros. Par ces temps de crise que nous traversons il n'y a pas de petits bénéfices. A nouveau, Rama n'est pas contente (qui le serait à sa place ? Fillon ?) et s'arrange pour que tout le monde en profite. Les médias se saisissent de l'affaire et la très opulente et habituellement jouasse Roselyne-de-la-grippe-A, gonfle les joues, riboule des yeux et passe un savon à la pétroleuse, sous prétexte qu'elle aurait outrepasser ses devoirs. Rien à cirer ! Elle est dans son droit ! C'est du coup pour coup ! Rama est butée et aime nager à contre-courant. Même le très tranquille cireur de pompes Eric Woerth sort de sa réserve et estime qu'elle joue ses concerts en live pour l'opinion publique et que tout ça relève du clientélisme politique. Toujours rien à battre, Rama Yade !
Alors qu'une période d'accalmie semblait s'être installée, voici que Nana la murène (Nadine Morano dans le civil), celle pour qui Guy Carlier bandouille, monte au créneau faire couler son fiel. Après s'en être prise à un sénégalais sur un marché à propos d'identité nationale, voilà qu'elle s'en prend à sa sénégalaise de voisine, lui indiquant la bonne direction : « Quand on n'est pas d'accord avec la politique menée par le gouvernement, c'est simple : ou on ferme sa gueule, ou on démissionne. » Elle est ainsi la murène ! Même les fachos en sont muets ! Enfin des gens qui les comprennent à la tête du pays.