En 2009, Patrick Vieira tient des propos valables en 2004. Le symbole d’une carrière anachronique. Une simple question de timing.
27 Aout 1994, Bordeaux s’est débarassé de Roland Courbis, à sa place un prénom ne fera pas long feu. Toni tiendra jusqu’en mars, mais ce soir là les coups de boutoirs de Gilles Hampartzoumian rentré à la 80ème vont avoir une première fois raison de la patience du public girondin. Comme un seul homme il hurle Courbis Courbis, ce n’est que la sixième journée, Zidane, Liza et Duga sont sur le terrain. Parmi les gueulards, un professionnel, postier autoritaire au visage de Janus, calvitie masquée, remarque sur le terrain qu’un jeune joueur court « comme un dératé ». La médecine est un art, il a bien une rate, c’est Patrick Vieira.
Milan assez
Un an plus tard c’est au Milan AC qu’il tient à exercer le sien. Entre temps, il a bien sûr marqué contre son camp, c’était en mai à Nantes. Il a 20 ans, l’immaturité suffisante pour ne pas savoir qu’il faut au moins en avoir 21 et deux années de haut-niveau pour pouvoir commencer à se la raconter. Vieira a tout de même pour lui l’excuse de ne pas encore connaître Aliadière, à la différence de Gourcuff 10 ans plus tard.
En 1 ans et 4 matchs, il trouve quand même le moyen de prendre part à la légendaire branlée de Lescure et de retrouver Zidane, Liza et Duga sauf que cette fois Tholot n’est plus à Martigues. Hasard ou coïncidence, il tient subitement à rejoindre l’Angleterre mais pas celle de Chamakh.
Arsenal à l’époque ne vaut pas grand chose mais suffisamment pour ne pas aligner Grimandi. Cette fois c’est la bonne heure pour devenir le meilleur milieu relayeur du monde. Pour que Toulalan, Diarra, Diaby ou Flamini comprennent bien, c’est un milieu qui défend aussi bien qu’il attaque, qui sait tacler, faire des passes à ses attaquants et marquer à l’occasion. Et bien sûr, qui ne rate jamais un grand match. Le problème, c’est qu’il reste trop longtemps dans le petit club londonien et qu’après l’heure c’est plus l’heure.
Juve à mines
En 2005, le crépuscule approche, le réveil sonne enfin. Demandé partout, il a la bonne idée de se rendre en Italie, tant qu’à faire chez les plus forts, la Juve. Le problème est que ce n’est plus le cas depuis au moins 2 ans et ça ne le sera plus avant longtemps. Le temps d’arriver à son meilleur niveau contre le Togo en 2006, sa carrière se termine en finale sur blessure, un tout petit peu trop tôt pour soulever le trophée. A la rentrée, il part pour Milan, pour une fois c’est le bon moment, sauf que c’est l’Inter.
Inter né
Ce n’est ni trop tôt, ni trop tard, fallait juste pas y aller. Mais finalement il s’accorde bien avec son nouveau club, puisque les deux ne sont pas au niveau dans un championnat qui ne le sera plus lui aussi. Vieira est toujours fort mais il est blessé évidemment pour sa dernière année ouvrable. Puis la date de péremption est atteinte. Il revient à 33 ans, trop tard bien-sûr. Finalement, Pat n’a qu’à moitié tort quand il dit qu’il reste le meilleur. Mais il est aussi le plus mauvais puisqu’il n’y en a pas d’autres. L’arrogance aussi a son espace temps.
Patrick est heureusement champion du monde et champion d’Europe mais était-il titulaire ? Trop tôt sans doute. Il l’était en 2006, trop tard peut-être.