Touhami MOUALEK : La déchirure - Algérie de mon père France de mon enfance

Publié le 06 novembre 2009 par Mtouhami

La Déchirure - Algérie de mon père, France de mon enfance est de nouveau disponible chez l'éditeur EDILIVRE

http://www.edilivre.com/doc/16035
Touhami MOUALEK
 : Quelques réponses aux questions les plus posées par les lectrices et les lecteurs de mon livre intitulé : La Déchirure, Algérie de mon père, France de mon enfance.

Pourquoi  LA DECHIRURE ?

Beaucoup de lecteurs m’ont posé cette question. Il est bien sûr toujours difficile de donner une explication probante sur le choix de tel ou tel titre que l’on attribuerait à un livre, un film, une pièce de théâtre, etc. Il s’agit, tout simplement, d’un titre lié à mon exil et aux souffrances ressenties. Parce que j’étais trop jeune pour pouvoir assumer ce déracinement, et assez âgé pour m’être déjà fabriqué beaucoup de souvenirs d’enfance indélébiles, vécus en Algérie. La déchirure est là, comme une cicatrice, toujours présente. Sans doute ne guérirais-je jamais de ce déchirement que provoque l’éloignement de sa terre natale. Mais « la déchirure » aussi parce que l’on ne grandit jamais sans blessure, sans coups portés parfois par ses propres amis.

Est-ce une autobiographie ?

Ai-je vécu une histoire semblable ? Sincèrement, non. Cela aurait pu l’être, mais ce n’est pas mon histoire personnelle. Ce que j’ai imaginé est assez simple. J’appartiens à deux cultures. Elles sont en moi ; je n’y peux rien, c’est comme ça. Je vis une grande souffrance continuelle, liée à leurs dures oppositions. Deux courants, parfois contraires, me font croire et douter, rire et pleurer, haïr et aimer.
J’ai voulu exprimer ces deux violents courants qui m’habitent et font ma personnalité, certes rendue plus riche, mais aussi plus complexe. J’ai donc donné une âme à ces deux courants. L’un est incarné par un homme, l’autre par une femme. Les incompréhensions, les douleurs, les trésors et les beautés des deux cultures auxquelles j’appartiens malgré moi, surgissent à travers les deux personnages du roman. Les émotions, les déchirements, les passions vécus par les deux héros traduisent les peines, les malaises, les terribles angoisses et tout ce que je puis ressentir intérieurement.
Un choix entre ces deux civilisations m’est interdit puisque j’ai besoin des deux à la fois pour vivre. Dans mon livre, les deux héros souffrent. Ils auraient eu tout pour être heureux, et pourtant ils sont malheureux. La vie est ainsi faite. Comme dans l’histoire de mon roman, je n’ai jamais pu allier ces deux « moi » qui hantent ma vie et la rendent si belle, si cruelle. Faut-il toujours souffrir pour être heureux ? Je serais tenté de répondre oui, par la force des choses…

Etre un artiste, c’est quoi ?

Tous les êtres humains sont des artistes, à leur manière. Mais je crois que l’on aime les artistes pour une raison évidente. En tout cas, c’est ma manière d’aimer et d’admirer les artistes, quels qu’ils soient. Oui, je pense que les artistes ont cette faculté de nous exorciser de toutes nos souffrances par leurs talents respectifs. Pourquoi ? Simplement, parce qu’ils prennent à leur compte les souffrances de la terre, nous aidant ainsi à mieux supporter nos très lourds fardeaux. C’est pour cette raison que les artistes souffrent terriblement, ne le montrant jamais. La vie leur a donné de précieux dons, mais c’est au prix fort qu’ils s’en acquittent. Un artiste nous donne du bonheur parce qu’il prend en échange tous nos malheurs. C’est ça, être un artiste ! Un artiste pour lequel j’ai énormément de respect et d’admiration : J.-J Goldman, parce qu’il a su rester modeste malgré toute sa gloire. Ces textes sont simples, mais ils font mouche à chaque fois. Coluche également m’aura profondément marqué. Un autre m’inspire aussi le respect : De Palmas ; d’ailleurs son dernier album ne s’appelle-t-il pas : un homme sans racines ? Tout comme moi, voilà trois hommes déracinés ; notre point commun.

Les politiques, les intellectuels, que m’inspirent-ils ?

Des hommes politiques qui croient, dur comme fer, à leurs convictions, sincèrement, je n’en connais pas beaucoup. Et comment peut-on faire de la politique sans avoir des convictions fortes et ancrées en soi ? Quant aux intellectuels, bizarrement, on ne les entend pas. Ils sont passifs, en dehors des débats actuels. Quand on sait, par exemple, que ce sont les intellectuels qui ont été les principaux acteurs de la révolution française, on peut facilement affirmer que les hommes capables d’orienter, d’inspirer les consciences et d’ouvrir de nouvelles voies vers un meilleur avenir, nous font cruellement défaut. Finalement, les intellectuels et les hommes politiques actuels sont à l’image de notre temps : très maussades !

Que représente l’écriture ?

Sans l’écriture, il n’y aurait pas de mémoire, pas de science, pas de civilisation. Elle est, et a été, la clé de toutes les grandes civilisations précédentes. L’instruction et l’accession au savoir passent par elle. Sans l’écriture, l’intelligence n’aurait pas pu se développer, mûrir au fil du temps. Cependant, je me suis toujours posé une question philosophique. En effet, l’accès au savoir rend-il pour autant un homme heureux ; le bonheur passe-t-il obligatoirement par le savoir, qu’il soit scientifique ou culturel ? Je n’ai pas de réponse. Peut-être faudrait-il un peu de science et un peu de spirituel. L’écriture est ma thérapie, le moyen d’exprimer mes idées, mes passions, mes colères et mes révoltes. Sans elle, je n’aurais pas été moi.

L’Algérie ?

J’ai de solides souvenirs avec l’Algérie. Je souhaiterais mieux connaître l’histoire de ce pays de mes ancêtres. J’y suis né, je ne l’oublie pas. C’est le pays de mon père, celui de ma mère. J’ai la chance de pouvoir aller dans ce merveilleux pays quand j’en ai envie, sans aucune contrainte. Je suis donc désolé pour les pieds-noirs et les juifs séfarades de France qui peuvent, eux, rencontrer des difficultés, de tous ordres, à retourner en Algérie. Pour ma part, je les considère comme des Algériens. En tout cas, ils font partie de la mémoire de l’Algérie. Sans doute faudra-t-il un jour ou l’autre tourner la page. On ne peut indéfiniment vivre avec la haine et la rancœur. Ah, cette terrible guerre d’Algérie ! Pourquoi ne l’a-t-on pas évitée ?

La France ?


Mon pays d’adoption. J’y ai fait ma vie, vécu mes premières amours, connu mes réussites et mes échecs. J’y ai bâti une famille. La France est un pays fascinant, riche d’une histoire empreinte d’une culture incomparable, inestimable. La France sera toujours la France ! Je crois fort en ce pays, en ces habitants. Je n’ai qu’un rêve : que l’Algérie et la France renouent et retrouvent des liens de coopération privilégiés très vite. Comme Lara Fabian : J’y crois encore !
Le destin, la religion et Dieu reviennent souvent

Je crois au destin. Chacun connait le fatalisme oriental. A ceux qui n’y croient pas, qu’ils n’oublient jamais que la naissance et la mort sont des destinées communes aux hommes. La religion ? C’est le bien et le mal. Les deux voies qui résument toute civilisation digne de ce nom. Que celui qui peut dissocier le bien et le mal de sa conscience le fasse, mais il risquerait de basculer dans la folie. Dieu ? C’est l’Eternel. On peut croire ou mécroire en Lui. Mon intime conviction m’indique, d’une manière sûre et certaine, qu’Il existe. C’est ce que les athées appellent avoir la foi. Mais au fait, et eux, quelle est leur foi ? Ce doit être terriblement accablant de penser qu’il n’y aurait plus rien après la mort, que l’on ne reverrait plus les êtres chers disparus, ceux-là mêmes avec lesquels nous aurions partagé nos repas, nos joies et nos peines, nos rires et nos pleurs, nos rêves et nos espoirs, nos doutes et nos certitudes.

L’intégrisme religieux ?

A ma grande déception, celles et ceux qui auraient interprété mon roman comme celui d’un intégriste religieux me rendraient plutôt triste et malheureux. Si être intégriste, c’est vivre sa vie spirituelle en accord avec ses convictions, ses idées, ses rêves et ses passions, dans la tolérance, la fraternité, l’ouverture d’esprit aux autres, et le partage de toutes ses richesses matérielles et spirituelles, alors oui je suis un intégriste. Mais si être intégriste, c’est de refuser la modernité, l’évolution des sciences sociales, humaines et politiques, l’ouverture de l’esprit aux autres cultures et civilisations, et n’accepter que l’obscurantisme comme vecteur de conscience, alors je suis à un milliard d’années lumière de l’intégrisme religieux.

Ce que je pense des couples mixtes ?

Question très difficile, à laquelle personne ne peut être formel. Mais comme je suis honnête, je vais donner mon humble avis. Tout d’abord, les sentiments sont évidemment les éléments principaux de toute union. L’amour ne se commande pas ; et c’est tant mieux ainsi. Ensuite, aimer une personne et vouloir faire sa vie avec doit être un acte mûrement réfléchi. Une fois les sentiments exaltés, il restera le côté pratique, l’aspect plus approfondi, plus discerné des choses.

La réalité environnante devra être prise en compte et analysée. Une union mixte doit absolument obtenir l’aval de la part des deux familles, quitte à recourir à des compromis dans l’objectif d’anticiper sur les éventuels et probables conflits familiaux qui nuiraient gravement au couple. Chaque famille aura le réflexe, c’est humain, de ramener à ses valeurs religieuses ou philosophiques son fils ou sa fille. La barrière essentielle, au-delà de la culture propre à chaque partie, sera, il ne faut pas s’en cacher, la différence de religion, voire de civilisation. La solution idéale serait de tenter de vivre selon la culture et le mode de vie français, puisqu’il pourrait y avoir là un consensus.

Inévitablement, il y aura le problème crucial des enfants. Là encore, il ne faudra pas oublier que ceux-ci seront tiraillés entre deux cultures, deux religions. Ils pourront en souffrir plus tard, à l’âge de l’adolescence ; l’âge où l’on se pose beaucoup de questions, sans pour autant trouver de réponses. Faire un choix leur sera difficile, voire impossible. D’ailleurs, comment peut-on choisir entre son père et sa mère ? Un dilemme insurmontable. Leur problème majeur sera de tenter de se trouver une propre identité à partir de deux identités reçues en héritage. Autre menace récurrente : il ne faudra pas oublier qu’au fil du temps les sentiments s’amenuiseront et laisseront place aux dures réalités de la vie. Même un couple parfaitement soudé aura des périodes de crise grave à surmonter.

Cependant, lorsqu’il s’agit d’affaire de cœur, je pense sincèrement que l’expérience mérite d’être vécue, que le jeu en vaut largement la chandelle. Voilà, je n’ai aucun conseil à donner, aucun remède miracle. L’intelligence humaine peut, à mon avis, permettre une telle union pourvu qu’aucun des deux ne cherche à prendre l’ascendant sur l’autre. Tout le problème sera là. Je souhaite bonne chance à tous les couples qui sont dans cette situation et leur dis que l’amour est plus fort que tout, pourvu que l’on ne cherche pas à tricher avec lui. Et qui ne rêve pas du grand amour ?

Qui suis-je ?

Un homme. Plutôt discret et réservé, si j’en crois mon entourage. Sait-on vraiment qui on est ? Si j’ai répondu à des questions parfois indiscrètes, ou livré quelques moments clés de ma vie, c’est simplement par honnêteté vis-à-vis des lectrices et lecteurs qui m’ont fait l’immense plaisir de lire mon roman. Et puis, « qui suis-je ? » est une question qui relève plutôt de l’existentialisme. Et mon existence est mon existence ; finalement, j’y tiens trop !


 
Le racisme et l’intolérance ?

Avant toute chose, n’oublions pas que nous sommes des êtres humains. Ensuite, nous avons effectivement une filiation, une appartenance ethnique, une culture, une histoire et une religion (que l’on pratique ou pas). On peut rester fidèle à sa mémoire tout en s’ouvrant aux autres êtres, aux autres cœurs. Je crois profondément aux échanges, aux rapprochements des hommes, des civilisations et des cultures. Je pense que c’est au contact d’autrui que les humains évoluent, s’enrichissent, s’épanouissent et se découvrent eux-mêmes. Il n’y a aucun doute dans mon esprit, les personnes racistes, intolérantes, doivent être malheureuses, mal dans leur peau, et ayant peur de l’autre, de la différence, donc de l’étranger. Car la sensibilité, tout comme l’âme humaine, n’a pas de race ni de frontière. Et qu’est un homme, si ce n’est une sensibilité et une âme ?

Regardons notre univers, il est la preuve vivante de la diversité. Pourrions-nous visiter un jardin et s’interdire de voir certaines fleurs, certaines plantes ? Ce doit être une gymnastique de l’esprit très difficile. On peut aimer des fleurs plus que d’autres, en effet notre sensibilité et nos goûts demeurent intrinsèques, mais on les admire toutes avec la même curiosité, la même envie, puisqu’à nos yeux elles sont toutes belles. Je crois que le racisme est un frein, une bride à tout épanouissement personnel, comme une souffrance que l’on refoulerait au tréfonds de soi-même.

Si l’on cultive et développe sa propre morale et ses comportements spécifiques à travers l’éducation et l’instruction que l’on reçoit ou dont on hérite, en revanche, l’ouverture aux autres reste une démarche tout à fait personnelle et ô combien enrichissante sur un plan humain. Alors, pourquoi s’en priver ? Aller vers l’autre, c’est aller vers d’autres vies, d’autres trésors.

La banlieue ?

J’ai moi-même vécu et grandi en banlieue. J’en suis fier et je le revendique, contrairement à beaucoup. J’ai lu dernièrement que M. Enrico MACIAS, que je salue au passage, aurait dit, après les émeutes des banlieues, courant novembre 2005 : « J’ai habité les banlieues et si je n’avais pas réussi, j’y serais encore. » Ces propos m’ont outré. Autrement dit, et si j’ai tout compris, ceux qui sont restés ou demeurent encore dans les banlieues sont des gens qui auraient échoué. Je trouve cela plutôt insultant. Des millions de personnes vivent en banlieue. A moins qu’Enrico MACIAS ait été maladroit dans ses propos. Ce que j’ose croire.

Mais revenons aux banlieues. Après la seconde guerre mondiale, il fallait construire des logements, car il y avait une forte pénurie. N’oublions pas l’hiver 1954 et un certain Abbé Pierre. Des logements furent donc construits en masse. On ne se souciait pas trop de l’allure, de l’esthétisme, de l’art architectural, du cadre de vie et des problèmes éventuels de promiscuité que cela pouvait engendrer. Non, on construisait des tours industrielles, comme on aurait fabriqué des boites de sardines, de conserves. A tel point que les gens les plus aisés ont fini par partir d’eux-mêmes, au bout de quelque temps, probablement par anticipation de ce qu’allaient devenir ces tours infernales. La sélection par l’argent opérant, il n’y eut ainsi que les ménages aux revenus très modestes qui restèrent dans ces maudites HLM. La majorité des locataires était constituée de travailleurs immigrés. A l’époque, la France avait besoin de bras pour faire tourner ses usines et ses chantiers. Et puis, les années passèrent. Des enfants nés dans ces cités devinrent adultes. Marquées par le béton et la grisaille, ces générations ne tarderont pas à se révolter, se rebeller contre une société qu’elles estimaient, à mon avis à juste titre, responsable de leur mal vivre. Le rap en est une illustration. 

Aujourd’hui, le mal a atteint son paroxysme. Les dernières émeutes urbaines l’ont démontré. Des jeunes de banlieue, qui doivent souvent étudier dans des conditions assez difficiles, savent à l’avance qu’ils auront plus de problèmes que les autres à trouver un emploi, même en accomplissant des études supérieures, du fait de leurs origines, d’une part, et parce qu’ils habitent des zones géographiques réputées très difficiles, d’autre part. Comment dans ces conditions pourraient-ils croire en l’avenir, en leurs chances ?

Mais je suis d’un tempérament optimiste. Je dis à l’Etat de faire encore un effort pour offrir à ces jeunes un environnement social leur permettant d’étudier plus sereinement. Les jeunes de banlieue se sont souvent soulevés contre l’insécurité dont ils sont les premières victimes. Je dis aussi aux entreprises qu’elles doivent tenir compte d’un raisonnement simple. En effet, des jeunes de banlieue qui arrivent par leur courage, leur volonté, leur ténacité, leur intelligence, à accomplir des études supérieures est la preuve qu’ils sont les égaux (sinon meilleurs) de ceux qui auraient la chance d’évoluer dans des milieux plus aisés, passant par des lycées de référence (du style Henri IV), et fréquenteraient ensuite les plus grandes écoles françaises. Et si les futurs prix Nobels étaient issus des banlieues ? Ce n’est pas impossible. Moi, j'y crois fermement. L’intelligence mûrit sans cesse. 

Un moyen assez fiable de responsabiliser les citoyens consisterait, me semble-t-il, de faire en sorte que ceux-ci aient un patrimoine privé à gérer. Désolé pour mes amis communistes. On sait que les personnes sont plus attentives, plus soigneuses, plus entreprenantes, lorsqu’il s’agit de leurs biens privés. Le logement étant un droit fondamental, je pense que l’Etat devrait renforcer, par des mesures plus audacieuses, l’accession à la propriété. Cela relancerait le secteur de la construction et du logement. Et puis lorsqu’on travaille pour payer sa maison ou son appartement, cela donne du courage. Même en banlieue, un pavillon reste un pavillon.

Les effets des injustices sur les humains  ?

Les vents vont-ils tourner ? Oui, certainement. On ne peut tromper indéfiniment les gens. A force de puiser son eau dans une même fontaine, celle-ci finit par se tarir un jour ou l’autre. Alors, gare aux périodes arides. Les rois bien-pensants d’aujourd’hui, recrutés dans des offices hédonistes à l’excès et inféodés à une extrême idéologie conceptuelle et à sens unique, seront les rois maudits de demain.

Les faiseurs d’une philo déviante, galvaudée, ignorent que l’ouverture des portes se fait à l’aide d’une clef, jamais avec un pied-de-biche ou une massue. Enfoncez les fenêtres que vous voulez, le sang qui coule à un prix, c’est celui des larmes. Et des larmes qui coulent le long d’une joue et tombent par terre, sont comparables à des eaux de pluie qui s’écrasent au sol et s’enfoncent dans la terre pour produire la germination qui, elle-même, fendra la terre, parce que c’est écrit. De ces larmes de douleur, des cris s’ensuivront, si puissants, que vos tympans en seront déchirés. Vous n’aurez plus de recours que celui de vouloir étouffer ces cris par vos propres cris. Et vous comprendrez, dans ces moments de folie, les douleurs des maux semés et engendrés par vos nuisances et vos méfaits.

Celui qui doute qu’il y ait, un jour, une justice est un aveugle sourd et muet au temps : il voit des yeux et entend des oreilles, mais son cœur reste fermé aux vérités intemporelles. 

L’humanisme ?


Page 134 et 135 du roman : La Déchirure, Algérie de mon père, France de mon enfance

 

Extrait :  
Rêvez-moi d’un monde en couleurs,
où tous les hommes s’affranchiront
de la haine, du mépris et de la peur.  
 

Tant de vies qui supplient, d’hommes qui prient.
Des enfants gisent dans la boue,
leur mère, humiliée, à genoux.  

Rêvez-moi d’un monde nouveau,
où richesse et pouvoir
ne seront plus des idéaux.

Les loups sont enragés,
le monde vacille, la terre gémit.
Les requins sont obstinés,
partout, l’argent roi avilit. 
 

Rêvez-moi d’un monde de pitié,
où la noblesse serait notoriété,
la colombe, l’effigie de la fraternité. 
 

Rêvez-moi d’un monde d’amitié,
telles les vagues bleues de l’esprit,
tels les prés verts du paradis.  
 

Mais ce monde est ainsi.
Ce que ma main t’a donné,
par le jour naissant,
sur une balance sera soupesé. 
 

Prends ma main et partons
 vers ce monde d’espoir,
où le blanc et le noir
 se confondront dans un miroir.  
 

A Hélène, mon amie de toujours, 

   Nabil   

http://www.edilivre.com/doc/16035

Touhami Moualek

« Mes amis me confortent dans mes positions, mes ennemis me confortent dans mes convictions. »  Touhami MOUALEK.