Cette fois c’est parti. Après la mise en bouche cérémoniale et coup de poing de la veille, jeudi marquait l’entrée en matière avec les premiers films de la sélection officielle du FFCF, quatrième du nom. Deux des trois films présentés ce jour sous passés sous mes rétines attentives, avec un effet très différent de l’un à l’autre.
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Après un premier quart d’heure confus qui laisse craindre que le jeune cinéaste se soit emballé un peu vite, les personnages prennent forme et révèlent la vraie qualité du film : l’effet de miroir entre les deux protagonistes. Le cinéaste s’attache à deux hommes qui sont chacun un reflet légèrement déformé de la même personne. Le ton prédominant aurait pu être celui de la comédie, tant la confrontation sur un plateau de cinéma entre une star imbue et un gangster calme et menaçant aurait pu donner lieu à des gags à foison.
Jang Hoon a l’intelligence de plaquer au portrait croisé des deux hommes un fil dramatique bien nourri au fil du récit. Par bien des aspects, l’acteur ressemble plus à un gangster que le vrai, et inversement. Des deux, c’est le hors-la-loi qui très vite se montre le personnage le plus intéressant. Un homme charismatique, tiraillé entre celui qu’il est conditionné à être, un petit boss mafieux, et celui qu’il aurait aspiré à devenir, un joueur, un acteur, un protecteur.
Pour autant le réalisateur n’idéalise jamais le Kang-pae. Au contraire, il semble s’attacher à démythifier la figure du gangster, en le faisant vivre dans un appartement certes confortable mais pas tape-à-l’œil, à l’intérieur duquel on le voit faire sa lessive et étendre son linge comme un individu lambda. De même l’acteur n’est pas une star admirable, mais un type facilement minable qui ne voit sa petite amie que tard dans sa voiture, en cachette, pour tirer son coup, et qui se prend des œufs au visage et galère pour trouver des partenaires à l’écran.
Il ne s’agit pas pour autant d’un tour de force, le récit étant parfois trop facilement découpé entre les deux personnages et la mise en scène manquant parfois d’impact. Mais Rough Cut est un bon film, plus ambitieux que le pitch pourrait le laisser deviner. D’autant qu’il est drôle et bien interprété. Une belle entrée en matière dans la sélection officielle.
Le film suivant, c’est une autre histoire. Their Last Love Affair est présent au Festival dans
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Their Last Love Affair est un méli mélo très étrange, bien souvent indigeste. Cela commence comme une comédie romantique : un professeur de poésie marié rencontre une jeune journaliste, coup de foudre, chambre d’hôtel, liaison. Puis très vite, à peine dix minutes plus tard, c’est l’hystérie, la légèreté cède la place au drame, les amoureux crient et se déchirent. L’intrigue s’évade alors avec les personnages, vers une maison sur la plage à Pusan, où les amants s’installent quelques semaines en secret.
Dans cette partie, le film offre quelques bons moments. Il y règne parfois une atmosphère qui en ferait presque un pendant coréen à Woody Allen, avec des scènes de couple souvent burlesques bercées par une petite musique jazzy. Mais n’est pas Woody Allen qui veut, et finalement là ne semble pas être l’intention de Lee Myeong-Se. Si quelques séquences délirantes parviennent à séduire, elles sont noyées dans un incessant va-et-vient de « je t’aime moi non plus » à répétition, hystérique, interminable, irritant.
Pire, le film, qui date de 1996, s’épanche de tous côtés sur le plan visuel, ne parvenant à aucune cohérence, tentant tout et rien, des ralentis trop appuyés à la scène filmée en plongée, en passant par un brusque noir et blanc assez laid… le tout accompagné d’une musique souvent sirupeuse. Espérons que les deux autres films de l’hommage au cinéaste soient de meilleure facture…