Pour soigner son image J. Louis BORLOO peut monter à 2883m d’altitude !

Publié le 06 novembre 2009 par Bil

Beaucoup parle… mais peu pratique le développement durable. Nos voisins Suisse ont réalisés ce hôtel refuge qui ouvrira ses portes aux publics au printemps prochain. Il mériterait l’attention de notre Ministre. Situé au dessus de ZERMATT dans le secteur du Mont Rose cette réalisation est exemplaire. Il s’agit d’offrir aux amateurs de randonnées gite et couvert dans des conditions de confort et d’autonomie optimisées à cette altitude. Je vois d’ici les grimpeurs traditionnels révoltés à l’idée de trouver à cette altitude un accueil 3 étoiles. Mais la montagne c’est aussi un espace de loisir, de découverte qu’il importe de faire apprécier le jour…et aussi la nuit à une clientèle toujours plus nombreuse. Naturellement je fais partie de ceux qui gouttent à l’inconfort d’un dortoir rustique où les ronflements se mêlent intimement aux odeurs de pieds ampoulés après une longue marche….Cependant cette réalisation me semble participer au développement de la pratique de la randonnée. Attention, ne confondez surtout pas randonnée et alpinisme…ce refuge est le point de rupture de ces deux activités distinctes. Il semblerait qu’Éric WOERTH et Martin HIRSCH pratique l’alpinisme…et que J. Louis BORLOO soit plus enclin à la randonnée (au Groenland)….

L’emploi d’énergies renouvelables, du photovoltaïque est aujourd’hui un grand classique qu’il est bon de savoir conjuguer au présent et au futur. Stocker l'excédent d'énergie dans des batteries pour garantir un approvisionnement constant en électricité, par temps couvert ou pendant la nuit, est plus délicat. De même que la réutilisation de l’eau qui, dans ce cas, permet d’approvisionner le refuge sans forte dépendance aux rigueurs des hivers. Ainsi, par retraitement les ressources seront préservées dans le fonctionnement du site, ce qui minimise l’impact environnemental. A ces altitudes assurer l'hygiène dans le respect de la nature est un grand progrès. La protection des eaux, sans parler de l'élimination des déchets n'est pas une mince affaire. La conception garantit un processus d’exploitation durable dans son ensemble, bravo !

J’émets cependant deux regrets.

  1. La réalisation à eu un impact négatif (quoique ponctuel) sur la faune et la flore pendant une longue période. Elle n’a, en effet, été possible que grâce aux 3000 (trois mille) héliportages successifs du matériel et des équipes. Si elles facilitent le travail, ces rotations d’hélicoptères ont perturbées sensiblement le biotope.
  2. Ce projet n’a pu voir le jour qu’en raison d’apports financiers ruineux (6.5 Millions de Francs Suisse) supportés par diverses entreprises européennes (principalement du bâtiment et de la promotion) ainsi qu’avec la participation de l’école polytechnique de Zurich pour la conception (voir le projet détaillé ici).

Sur ce dernier point –et c’est là le problème majeur faiblement apprécié par ceux qui nous gouverne- le développement durable est coûteux. L’on peut envisager toutes solutions techniques novatrices ; mais la réalisation passe par des surcoûts considérables qu’aides et subventions d’état ne peuvent compenser.

Dans l’habitat conventionnel la valeur des travaux (auquel s’ajoute le prix du foncier) menace fortement les capacités financières des acquéreurs. Vouloir y ajouter la charge d’innovations techniques éloigne un peu plus la clientèle du primo accédant forcé à renoncer au neuf pour « investir » dans une masure à bricoler.

Si vous souhaitez faire la découverte du site ce n’est pas très difficile. Attendez la fonte des neiges et prévoyez un départ de ZERMATT en petit train jusqu’à ROTENBODEN puis une randonnée de 2h1/2 vers ce refuge (balisage permanent). Attention, il s’agit du point de départ (pour les alpinistes) vers une série de 12 sommets exceptionnels dont  la Pointe Dufour 4634m