Usine ourlant de laideur grise un champ de blé
si honteuse dans sa logique
de dresser là ses murs de briques
qu’on la prendrait pour un grand vaisseau naufragé.
Sa cheminée trop haute et qui semble vétuste
distille une fumée d’hiver
que le vent aussitôt conquiert
pour tracer dans le ciel un fin chemin d’arbustes.
Le lierre et les orties cernent les alentours
et la mousse attendrit ses tuiles
en leur donnant un air fertile
de jachère attendant l’époque des labours.
Mais dans l’été qui dort son haleine est trop forte
pour les papillons audacieux
et les blés ont pris l’air soucieux
des arbres quand ils voient tomber leurs feuilles mortes.
(Pierre Béarn)