Un peu avant le début du XXe siècle la carrière du peintre Pierre Auguste Renoir (1841 – 1919) connaît un tournant. Il s’éloigne du mouvement impressionniste et veux faire « la peinture de son temps » en conciliant l’apport de l’impressionnisme avec l’amour de la tradition il se consacre ainsi aux portraits, aux nus à la peinture décorative et à la sculpture. Il connaît alors le succès puis l’aisance financière, en 1892 l’Etat lui achète « les jeunes filles au piano », à partir de 1905 le prix de ses œuvres grimpe et en 1913 Guillaume Apollinaire le salue comme « le plus grand peintre vivant ». L’exposition du Grand Palais rassemble une centaine d’œuvres de cette période et met en perspective leur influence sur Picasso, Bonnard ou Matisse.
On découvre tout d’abord les modèles que Renoir choisit de préférence dans son entourage proche, ses enfants dont le cinéaste Jean
Renoir (1894 – 1979), les domestiques au service de la famille et en particulier Gabrielle Renard, nourrice de Jean, qui pose pour deux cents tableaux. Les modèles servent pour des
scènes intimes et familiales, des jeunes filles au piano ou cousant, Gabrielle jouant avec le petit Jean.
« Le nu me paraît être la forme indispensable de l’art » disait Renoir et une grande partie de l’exposition décline ce thème. Ce sont souvent des nus peints en atelier mais représentés dans des décors de plein air comme cette baigneuse aux cheveux longs qui sort de l’eau pour venir s’essuyer près d’un rocher. A la fin de sa vie ils s’élargissent jusqu’à occuper la toile entière comme ces baigneuses du musée d’Orsay. Petite anecdote, en regardant le tableau j’entendais les commentaires ironiques de nos contemporains sur leurs formes plantureuses (les « gras double » disait on, eh oui les canons de la beauté ont bien changé !).
En 1908 Renoir s’installe à Cagnes sur mer, près de Nice, pour y soigner ses crises de polyarthrite. Séduit par le paysage il peint des paysages méditerranéens et crée une sorte de terre antique idéalisée où il représente des scènes mythologiques telles que le jugement de Pâris.
Autre facette méconnue de l’artiste, ses talents de peintre décoratif. De riches particuliers lui confient la décoration de murs où achètent des panneaux comme ces danseuses de style espagnol. Plus étonnante est la section consacrée à Renoir sculpteur. Il visitait souvent les salles « des antiques » du Louvre comme on le disait à l’époque et était en relation avec les grands artistes de son époque tels que Maillol ou Rodin. Ce n’est qu’à la fin de sa vie qu’il se lance dans cet art, handicapé par sa polyarthrite il est assisté par le sculpteur catalan Richard Guino. Là encore ce sont les thèmes mythologiques qui prédominent, des Vénus ou le jugement de Pâris.
Une fois n’est pas coutume je termine par un « coup de gueule ».
Quand donc les concepteurs tiendront-ils compte de la foule qui vient aux expositions ? Exemple de défaut flagrant, le grand texte explicatif placé juste à l’entrée qui crée un effet « bouchon » garanti. Autre défaut récurrent les cartels microscopiques placés sous les tableaux, pour lire une explication il faut se plier en deux à cinq centimètres du tableau, ont-ils pensé que vingt personnes veulent lire la même chose ? Pourquoi ne pas faire comme au centre Pompidou où, pour l’exposition Kandinsky, un scénographe intelligent avait pensé à de grands textes au dessus des tableaux. Pour finir la salle où sont exposées les photos prises chez Renoir au format original de quelques centimètres carrés : très pratique quand plusieurs centaines de personnes se bousculent pour essayer de voir ces épreuves microscopiques.
« Renoir au XXe siècle » au Grand Palais jusqu’au 4 janvier 2010.