Le constructeur européen «surpris» par l'annulation du contrat devra rembourser les avances faites, soit 2,9 milliards de rands (250 millions d'euros).
C'est un revers pour Airbus. Jeudi, le gouvernement sud-africain a annoncé l'annulation d'un contrat signé en 2005 pour l'achat de 8 A400M, le futur avion de transport de troupes et de matériels développé par l'avionneur européen. Cela, en raison des retards à répétition - trois ans de retard au bas mot - ainsi que des surcoûts du programme pour lequel Airbus a déjà provisionné 2,4 milliards d'euros. Le coût initial de chaque appareil d'environ 110 millions d'euros ne cesse de grimper, comme en témoigne Themba Maseko, porte-parole du gouvernement sud-africain. Il a précisé que la facture est passée de 1,5 milliard d'euros (17 milliards de rands), prix du contrat initial, à 3,5 milliards aujourd'hui. L'Afrique du sud dénonce son contrat car Airbus n'a pas respecté ses engagements en matière de calendrier de livraisons et de coûts. Le constructeur devra rembourser les avances faites, soit 2,9 milliards de rands (250 millions d'euros).
Il s'agit donc d'une mauvaise nouvelle pour Airbus même si la défection de l'Afrique du sud doit être relativisée. Les 8 appareils annulés doivent être mis en regard des 184 A400M commandés par 7 pays européens dont la France et l'Allemagne ainsi que la Malaisie. En marge d'une conférence de presse à Toulouse, Tom Williamns directeur des programmes d'Airbus a fait part de sa «surprise complète». De son côté, le ministère de la Défense a indiqué que le programme de l'A400M «existait» dans sa seule «dimension européenne».
Les négociations entre Airbus et ses clients se poursuivent depuis juillet dernier afin de remettre à plat le contrat signé en mai 2003 qui s'est avéré irréaliste, que ce soit en termes de délais de livraisons que de coûts. Au menu des discussions : un allongement possible du calendrier de livraisons, une éventuelle réduction du nombre d'appareils produits, un allégement des pénalités dues aux clients, une réévaluation de la valeur du contrat... Pour Airbus qui a fait de son entrée dans l'aéronautique militaire un axe majeur de son développement, l'enjeu est de taille. S'il a réussi son entrée sur le marché des ravitailleurs en adaptant un avion de ligne déjà existant, l'A330, il joue sa crédibilité avec l'A400M, un avion de transport révolutionnaire doté du plus gros turbopropulseur du monde presqu'aussi rapide qu'un jet. Une technologie que les industriels européens du métier - autour de Safran - ont réappris car elle avait été perdu en Europe. La difficulté à mettre au point ce moteur et en particulier ses logiciels explique en partie les retards.
Désormais, le programme semble enfin prêt à être relancé et le moteur au point. Airbus promet un premier vol d'essai de l'A400M d'ici à la fin de l'année, certains avancent la fenêtre de fin novembre. Alors s'ouvrira une période d'essais en tout genre de 21 mois avant la première livraison et une carrière qui devrait durer un demi-siècle y compris à l'exportation.
Source du texte : FIGARO.FR