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Théâtre : Traversée de Paris

Publié le 05 novembre 2009 par Singlecitadine

Ce week end j’ai eu la chance d’aller admirer Francis Huster aux Bouffes Parisiens. J’étais déjà consciente du talent de l’acteur mais samedi soir j’ai découvert un artiste de cœur, un grand homme, tout simplement.

Traversée de Paris

Affiche de la pièce

TRAVERSEE DE PARIS est la reprise d’un texte de Marcel Aymé, personnage longtemps controversé, qualifié tour à tour de résistant ou collaborateur. En effet, ni antisémite ni collaborateur, il s’est toujours élevé contre les excès d’où qu’ils viennent.  Étranger à la droite et déçue par la gauche, l’auteur se forge une attitude critique envers tous les partis et décide de publier pour publier, peu importe la tendance du journal. Humaniste avant tout, Marcel Aymé voulait un peu d’honnêteté dans la vie publique et payera cher (encore aujourd’hui) son indépendance d’esprit.

Avant sa reprise cinématographique, certes sympathique mais burlesque, ce texte était avant tout une dénonciation des catégorisations durant l’occupation. Un texte dur et fort visant à commenter l’intégrité humaine et les atrocités morales de la guerre.

L’apparition de l’étoile jaune souleva la colère des français. Sous l’occupation, Marcel Aymé écrit, à ses risques et périls, un article d’une violence inouïe contre les responsables de ces mesures ignobles et humiliantes. Cet article sera évidemment censuré. Cependant les typos de l’imprimerie en tirèrent de nombreuses épreuves qu’ils distribuèrent dans tout Paris.

L’histoire est très connue et populaire :

« Deux compères entreprennent nuitamment la traversée de Paris afin de livrer un cochon découpé dans des valises.

Toutefois, si le premier, Martin, est un gars honnête et courageux, le second, Grandgil, se révèle vite antipathique : il extorque de l’argent à Jambier, le propriétaire du cochon, traite les tenanciers d’un bar de ” salauds de pauvres ” et assomme un agent de police.

Lorsque Martin découvre que Grandgil est un peintre aisé qui n’est là que pour s’amuser, il entre en fureur et, au cours de la bagarre qui s’ensuit, le poignarde avec son couteau. Plus tard, il se livre à la police avec un sentiment de justice accomplie. »

La version que nous livre Francis Huster est d’autant plus émouvante, que l’homme s’y implique corps et âme. L’acteur lui même, prend 30 min d’introduction pour nous parler de ses convictions, de son amour pour le texte et de ses choix en matière d’interprétation et de scénographie.  Seul durant tout le spectacle, avec pour seul espace scénique le couloir séparant le premier rang d’une scène dont le rideau ne se lève jamais. Francis Huster joue avec la proximité du public, la sincérité et surtout avec ses multiples facettes d’acteurs, qui lui permettent d’interpréter seul tous les personnages.

Une réelle performance artistique dont l’intensité n’a d’égale que la beauté même si parfois on se perd un peu entre les personnages.

PS: petit conseil si vous craignez la grippe A évitez le premier rang. Francis Huster a beau être un acteur superbe, sa verbe ne vous met pas à l’abri de postillons.

Tagged: 1944, Bouffes parisiens, collaboration, Deuxième guerre mondiale, Francis Huster, Marcel Aymé, monologue, occupation, pièce, théâtre, Traversée de Paris

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